Le maître zen (zenji) Eihei Dôgen
Le Shôbôgenzô,
le "Trésor de
l'Oeil du Vrai Dharma" et autres textes.
Quatrième partie
Toutes ces traductions sont basées sur la version
Nishijima-Cross du Gendaigoyaku
Shoubougenzou ou Shôbôgenzô en japonais
moderne, en 13 volumes, de maître Nishijima.
[73] Sanjushichi-Bon-Bodai-Bunpô
Les trente-sept méthodes auxiliaires de la Bodhi
Sanjushichi a le sens de «trente-sept». Bon veut dire
«sortes». Bodai représente le mot sanscrit bodhi,
qui veut dire «vérité». Bunpô signifie
«méthodes auxiliaires». Sanjushichibon Bodai
Bunpô veut donc dire «les trente-sept sortes de
méthodes auxiliaires [pour atteindre] la
vérité».
En général, les études bouddhiques se divisent
entre Bouddhisme Hinayana et Bouddhisme Mahâyana. Et les
trente-sept méthodes sont dites, en général,
appartenir au Bouddhisme Hinayana, parce qu’il en est
discuté dans l’Abhidharma-mahâvibhasa-çastra,
qui est un texte fondamental de ce dernier. Au Japon, et en particulier
chez les maîtres mahayanistes, il était très rare
que les moines bouddhistes discutent de ces enseignements. Mais
maître Dôgen avait ses propres vues du mahâyana et du
Hinayana. Selon lui, il n’existe qu’un seul Bouddhisme,
qu’enseignait le Bouddha Gautama. Aussi, quoiqu’il y ait
des distinctions entre le Mahâyana et le Hinayana, celles-ci sont
dûes aux différentes époques pendant lesquelles
deux sortes de Bouddhismes ont été enseignés.
C’est pourquoi maître Dôgen n’aime pas faire de
discriminations entre ces deux courants du Bouddhisme. Dans ce
chapitre, maître Dôgen explique les trente-sept
méthodes comme pratique bouddhique qui n’est pas
divisée entre le Hinayana et le Mahâyana, et qui est
fondée sur la pratique de Zazen.
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[74] Temborin
Faire tourner la roue du Dharma
Ten signifie «tourner»; hô a le sens de
«Dharma», ou les enseignements du Bouddha, et rin signifie
«roue», ou çakra en sanscrit.
Dans l’Inde ancienne, çakra était une roue avec des
rayons pointus, utilisée en tant qu’arme.
L’enseignement du Bouddha a été assimilé au
fait de faire tourner un çakra, c’est pourquoi temborin,
ou faire tourner la roue du Dharma, veut dire «enseignement du
Bouddha». Dans ce chapitre, maître Dôgen explique le
sens véritable de l’enseignement bouddhique. Avant son
explication, il cite les paroles de nombreux maîtres sur ce qui
se produit lorsque quelqu’un réalise la
vérité et revient à l’origine. Maître
Dôgen fait cela pour illustrer la valeur des écritures
bouddhiques écrites en Chine. Certains prétendent que
seules les écritures écrites en Inde peuvent être
appelées «écritures bouddhiques», et que les
écritures chinoises ne peuvent prétendre à ce
titre. Mais maître Dôgen a des vues plus larges :
selon lui, les sûtras cités par de vrais Maîtres
bouddhistes sont des écritures bouddhiques véritables,
même s’ils ont été produit hors de
l’Inde. Ils deviennent de véritables écritures
bouddhiques parce que ces maîtres véritables les citent.
Sur ces bases, maître Dôgen insiste sur le fait que
l’enseignement du Bouddhisme peut être fait partout tout le
temps. C’est pourquoi il explique, dans ce chapitre, la
validité universelle de l’enseignement bouddhique. En
même temps, il insiste que de prêcher le véritable
Bouddhisme, c’est passer sa vie dans un temple et pratiquer Zazen
dans une salle de Zazen.
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[75] Jisho Zanmai
Le samadhi comme auto-expérience.
Ji est réflexif, sho veut dire expérimenter, et zanmai
signifie «samadhi», ou «état
équilibré». C’est pourquoi jisho zanmai
exprime le samadhi, comme état d’auto-expérience.
Dans ce chapitre, maître Dôgen explique le sens de jisho
zanmai, ou «samadhi, comme auto-expérience». En
même temps, il critique la mauvaise compréhension de
maître Dai-e Soko et de ses disciples. Ces derniers comprenaient
que jisho zanmai signifie obtenir le soi-disant éveil, et ils
faisaient porter leurs efforts pour obtenir ce soi-disant éveil
au plan intellectuel. Maître Dôgen n’était pas
d’accord avec eux, et c’est pourquoi, dans ce chapitre, il
critique fortement maître Dai-e Soko afin de montrer le sens
véritable de jisho zanmai.
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[76] Dai Shugyô
Grande pratique
Dai veut dire grand, et shugyô veut dire «pratique».
Aussi dai shugyô a-t-il le sens de «grande pratique».
Il y a une histoire célèbre à propos de
maître Hyakujo Ekai et d’un renard sauvage; elle concerne
la relation entre la pratique bouddhique et la loi des causes et des
conséquences. Cette relation est expliquée de deux
façons , chacune totalement en désaccord avec
l’autre. L’une dit qu’un homme de grande pratique
«ne tombe pas dans la loi des causes et des
conséquences»; en d’autres mots, il nie
l’influence des causes et des conséquences sur une
personne qui a une grande pratique. L’autre explication dit,
«ne manquez pas de clarté à propos des causes et
des conséquences»; en d’autres termes, elle affirme
l’influence des causes et des conséquences sur
quelqu’un qui a une grande pratique. Mais maître
Dôgen considère que la différence entre les deux
explications n’est qu’une histoire de pensée
intellectuelle, et non pas la situation réelle. Il explique
qu’une personne de grande pratique transcende autant la
négation que l’affirmation de la loi des causes et des
conséquences, en agissant dans le monde réel.
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[77] Koku
L’espace
Ko a le sens de «vacant» ou de «vide», et ku
signifie «air», «espace». Ainsi, koku veut dire
«espace». L’espace et le temps sont des concepts
très importants en philosophie depuis les temps les plus
anciens, et même dans l’Inde de l’Antiquité,
les gens discutaient fréquemment du problème de
l’espace et du temps. Et cette tradition a influencé le
Bouddhisme, jusqu’à faire de ce problème de
l’espace-temps un aspect important du Bouddhisme. Dans ce
chapitre, maître Dôgen discute de l’espace. Il
commence par citer une discussion entre maître Shakkyo Ezo et
maître Seido Chizo. Puis il donne sa propre explication, en
citant un poème de maître Tendô Nyojô, une
discussion entre maître Baso Do-itsu et un moine nommé
Seizan Ryo, ainsi que les paroles de maître Vasumitra.
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[78] Hatsu-U
Les Patra
Hatsu représente le sanscrit patra, et u signifie bol ou bols.
En Inde, les moines bouddhistes mangeaient leurs repas dans un grand
bol appelé un patra. Et le mot patra a été traduit
par hatsu-u en Chine. Hatsu-u désigne donc les bols à
nourriture utilisés en Chine. dans ce chapitre, maître
Dôgen explique l’importance du patra, qui est
traditionnellement vénéré très hautement,
en tant que symbole de la vie bouddhique.
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[79] Ango
La retraite
An signifie «tranquille» et go veut dire
«résider». Ango, c’est la retraite
d’été de quatre-vingts-dix jours. En Inde, la
saison des pluies dure pendant environ trois mois de
l’été. Les bouddhistes de l’Inde ancienne
profitaient de cette époque pour pratiquer Zazen
intensément, et on appelait cette période varsika, en
sanscrit. La tradition fut importée en Chine, et c’est
ainsi que maître Dôgen en fit l’expérience
pendant les trois mois de l’été, lorsqu’il
alla en Chine, et il sentit qu’il en allait de sa mission de
l’introduire qu Japon. C’est pourquoi il écrivit ce
chapitre.
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[80] Tashintsu
Le pouvoir de connaître les pensées des autres
Ta veut dire «autres», shin signifie «esprit»,
et tsu (abbréviation de jinzu) a le sens de «pouvoir
magique». Tashintsu signifie donc «le pouvoir magique de
connaître l’esprit des autres». Dans certaines
théories bouddhiques, on dit qu’il est possible que les
pratiquants du Bouddhisme puissent gagner le pouvoir magique de lire
dans l’esprit des autres. En rapport avec ceci, il y a une
célèbre histoire de questions et réponses entre
maître Nanyo Echu et un moine indien nommé Daini Sanzo. Et
cinq maîtres bouddhistes fameux ont discuté le sens de
cette histoire. Mais maître Dôgen n’est pas satisfait
des explications de ces cinq maîtres célèbres.
C’est pourquoi, dans ce chapitre, il critique les vues des cinq
maîtres et explique son propre point de vue, dans la
foulée.
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[81] Ô Saku Sendaba
Le roi demande son saindhava!
Ô veut dire «roi», saku a le sens de
«chercher», «requérir», et sendaba est
la translittération phonétique du sanscrit saindhava.
Saindhava veut dire «produits de la vallée de
l’Indus».
Dans le Mahâ-parinirvâna-sûtra, il y a une histoire
qui exprime les multiples sens des mots et
l’ambiguïté de la réalité.
Lorsqu’un roi a besoin de laver ses mains et demande le
saindhava, son serviteur apporte de l’eau. Lorsqu’il mange
un repas et qu’il demande le saindhava, son serviteur lui apporte
le sel. Lorsqu’il veut boire de l’eau et qu’il
demande le saindhava, le serviteur lui apporte une tasse. Et lorsque le
roi veut sortir et qu’il demande son saindhava, le serviteur lui
amène un cheval. Les moines de l’ancienne Chine
utilisaient souvent cette histoire pour illustrer les multiples sens
des mots et l’ambiguïté de la réalité.
Aussi maître Dôgen explique-t-il le sens du «roi qui
demande son saindhava» sur la base de ses propres pensées.
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[82] Ji-Kuin-Mon
Phrases à afficher dans la cuisine
Ji, c’est montrer, kuin, c’est les cuisines d’un
temple, et mon a le sens de «phrases». Ji-kuin-mon veut
donc dire «Phrases à montrer, à afficher dans les
cuisines».
Ce chapitre n’était pas inclus dans le
Shôbôgenzô, à l’origine, mais lorsque
maître Hangyo Kozen a publié l’édition en 95
chapitres, en 1690, il l’a inclus en même temps que le
Bendôwa et le Ju-un-dô-shiki. Maître Dôgen
estimait très hautement la valeur de la cuisine dans la vie
d’un temple bouddhiste. Il écrivit un livre appelé
le Tenzo-kyôkun ou «Instructions pour le cuisinier».
La raison pour laquelle maître Dôgen a écrit ce
livre, et celle pour laquelle il vénérait le travail des
cuisines dans un temple bouddhiste, c’est son expérience
en Chine. Juste après être arrivé en Chine, il a
rencontré un vieux moine qui était fier
d’être le cuisinier de son temple, et qui lui a
expliqué la valeur de la cuisine en tant que pratique
bouddhique-même. Plus tard, maître Dôgen rencontra un
autre vieux moine qui travaillait très diligemment à
faire sécher des algues pour le repas des moines, et il
s’est rendu compte de l’importance pour un moine bouddhiste
de préparer les repas pour les autres pratiquants d’un
temple. Maître Dôgen expprime donc cette même
idée dans ce chapitre.
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[83] Shukke
Quitter la vie de famille
C’était la coutume, dans l’Inde ancienne, pour ceux
qui voulaient chercher la vérité, de quitter leur
famille, et cette coutume fut maintenue dans la communauté
bouddhique. Premier de tous, on dit du Bouddha Gautama qu’il
avait quitté la vie de famille et avait commencé sa vie
de moine lorsqu’il avait 29 ans. Donc, dans la communauté
bouddhique, on vénère hautement l’abandon de la vie
de famille afin de rechercher la vérité. Ce chapitre
explique la coutume.
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[84] Sanji-No-Go
Le karma en trois temps
San signifie trois, ji veut dire temps, et go a le sens de
«conduite». Dans ce cas-ci, sanji veut dire trois sortes de
décalages temporels, et go signifie autant le comportement que
ses effets. Comme on sait, la croyance dans les causes et les
conséquences est une théorie très importante de la
philosophie bouddhique. C’est pourquoi maître Dôgen a
écrit un chapitre du Shôbôgenzô
intitulé Shinjin-inga, ou «Croyance profonde dans les
causes et les conséquences». Il insiste que toutes choses
et phénomènes dans l’Univers sont gouvernés
par cette loi des causes et des conséquences, parfaitement et
sans aucune exception. Selon cette théorie, nous devrions nier
l’existence d’un quelconque événement
non-déterminé. Mais dans os vies quotidiennes, il semble
souvent que de tels accidents se produisent. Aussi, si le Bouddhisme
insiste sur le fait que cette loi des causes et des conséquences
est totalement parfaite, il lui faut expliquer l’apparente
existence de nombreux accidents. Le Bouddhisme explique ces accidents
par la théorie selon laquelle il y a trois sortes de
décalages temporels entre notre comportement et l’effet de
ce comportement. Après avoir agi, l’effet se manifeste
parfois immédiatement, parfois ce n’est qu’avec un
petit décalage de temps, et parfois cet effet ne se manifeste
qu’après un décalage de temps très long.
Dans ces deux derniers cas, on doute généralement du fait
que cette loi gouverne le monde. Mais si nous reconnaissons les trois
types de décalage entre le comportement et ses effets, nous
pouvons affirmer l’existence de la loi des causes et des effets
dans tous les cas, ssans exception. Maître Dôgen explique
ce problème dans le chapitre suivant.
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[85] Shime
Quatre chevaux.
Shi signifie «quatre» et me veut dire
«chevaux», shime veut donc dire «quatre
chevaux». Dans une écriture bouddhique très
ancienne appelée Samyukta gama, on peut trouver une histoire au
sujet de quatre types de chevaux : ceux qui connaissent
l’intention du cavalier à la vue du fouet, ceux qui
connaissent l’intention du cavalier au moment où le fouet
touche leur crin, ceux qui la connaissent lorsque le fouet touche leur
chair, et ceux qui la connaissent lorsque le fouet touche leurs os. Ces
différences entre ces quatre types de chevaux sont
utilisées comme métaphore des différences entre
les élèves bouddhistes dans leur capacité
intuitionnelle à étudier le Bouddhisme. Le Bouddhisme
n’est pas toujours étudié par l’intellect,
mais parfois par l’intuition. C’est pourquoi il est
très important pour les bouddhistes d’avoir la
capacité intuitive de réaliser les enseignements de leur
maître. Maître Dôgen explique donc le sens de shime,
ou des quatre sortes de chevaux, dans ce chapitre.
[86] Shukke-Kudoku
Le mérite de quitter la vie de famille.
Shutsu veut dire «sortir de», ou «transcender».
Ke veut dire «maison» ou «vie de famille, et kudoku
signifie «mérite». Shukke kudoku signifie donc le
mérite de transcender la vie de famille;
Nous, êtres humains, sommes généralement
éduqués dans des familles, de sorte qu’on peut dire
que l’influence qu’a sur nous notre famille est
incroyablement forte. Le but de l’étude du Bouddhisme,
c’est d’atteindre à la vérité. De
sorte que si nous voulons y arriver, il nous est nécessaire de
transcender la vie de famille, car, lorsque nous sommes habitués
à la vie de famille, nous en sommes parfois influencés et
ne pouvons plus faire le partage de ce qui est la vérité.
Donc, le mérite de quitter la vie de famille est très
respecté dans le Bouddhisme, et maître Dôgen
explique les bénéfices de cet abandon, suivant la
tradition bouddhique.
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[87] Kuyo-Shobutsu
Servir des offrandes aux bouddhas
Ku-yo signifie «faire des offrandes», et shobutsu signifie
«bouddhas» ce qui fait que Kuyo-shobutsu signifie
«faire des offrandes aux bouddhas».
C’est une tradition bouddhique que les croyants bouddhistes
servent des offrandes aux bouddhas. Les bouddhas sont des gens qui ont
atteint à la vérité, il est donc très
naturel que les croyants bouddhistes leur fassent des offrandes. Mais
ceux qui ont un point de vue spirituel pourraient dire qu’il
n’est pas nécessaire de faire des offrandes
matérielles, un déférence purement spirituelle
étant suffisante. Cependant, le Bouddhisme n’est pas une
religion spirituelle, mais une religion de la réalité. Le
Bouddhisme vénère le comportement. Aussi estime-t-il la
valeur d’une offrande réelle, et reconnaît-il la
sincère attitude de foi présente dans une telle offrande.
Ces offrandes ont de la valeur ne fut-ce que parce qu’elles sont
comportement bouddhique.
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[88] Kie-Sambô
Prendre refuge dans les Trois Trésors.
Ki-e signifie «dévotion à» ou «prendre
refuge dans» et sambô veut dire les Trois
Trésors» : Bouddha, Dharma, Sangha. Le Bouddha est
Siddhartha Gautama et d’autres qui ont atteint le même
état que lui. Le Dharma veut dire la réalité. Le
Sangha signifie la communauté bouddhique des moines, des nonnes
et des laïcs. Les Trois Trésors sont la suprême
valeur dans le Bouddhisme et maître Dôgen souligne
l’importance de se vouer aux Trois Trésors, car la
dévotion aux Trois Trésors est le commencement et la fin
du Bouddhisme.
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[89] Shinjin-Inga
Foi profonde dans les causes et les conséquences.
Shin veut dire profond, et shin (ici prononcé jin) signifie foi.
In veut dire cause, et ka (ici prononcé ga) a le sens de
conséquence. Shinjin-inga est donc la foi profonde dans les
causes et les conséquences.
Il est évident que la théorie bouddhique inclut la foi
dans les causes et les conséquences. Mais de nombreux soi-disant
mahayanistes disent que cette théorie appartient au Bouddhisme
Hinayana, et que le Mahayana peut transcender la foi dans les causes et
les conséquences. Cette idée, cependant, est fausse.
Maître Dôgen insistait pour dire que, pour comprendre le
Bouddhisme, il est très important de croire en la loi des causes
et des conséquences, c’est pourquoi il a souligné
cette importance dans ce chapitre. Il y a, dans le Bouddhisme chinois,
une histoire très célèbre à propos
d’un prêtre bouddhiste qui était tombé dans
la vie d’un renard sauvage parce qu’il avait nié
cette loi, mais qui fut sauvé par les paroles de maître
Hyakujo Ekai. De nombreux étudiants du Bouddhisme se sont
mépris sur cette histoire en croyant à un exemple qui
enseigne la transcendance des causes et des conséquences. Mais
maître Dôgen explique le sens de l’histoire et
explique la foi profonde dans les causes et les conséquences,
dans la théorie bouddhique.
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[90] Shizen-Biku
Le bhiksu dans le quatrième Dhyana
Shi veut dire quatre. Zen représente le mot sanscrit dhyana, qui
signifie Zazen, ou l’état en Zazen. Biku représente
le mot sanscrit bhiksu, qui ceut dire un moine bouddhiste. Shizen-biku,
ou le bhiksu qui a atteint le quatrième état en Zazen,
était un moine qui s’était mépris sur son
propre état, en croyant qu’il était un arhat, le
quatrième et dernier stade d’un pratiquant du Bouddhisme.
A sa mort, ce moine vit une image qui n’est normalement vue que
par quelqu’un qui a atteint le quatrième état en
Zazen, aussi crut-il s’être fait tromper par le Bouddha
Gautama. Et, à cause de cette idée fausse, il tomba en
enfer. Maître Dôgen cite cette histoire en tant
qu’exemple d’une mauvaise approche du Bouddhisme. De plus,
il insiste fortement dans ce chapitre sur le fait que c’est une
sérieuse erreur pour les étudiants du Bouddhisme que de
croire que les enseignements du Bouddhisme, du Confucianisme et du
Taoïsme sont les mêmes.
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[91] Yui-Butsu-Yo-Butsu
Seuls les Bouddhas, ensemble avec les Bouddhas.
Yui veut dire «seulement», butsu veut dire
«bouddha» ou «bouddhas» et yo signifie
«et» ou «ensemble avec». en conséquence,
Yui-butsu-yo-butsu signifie «seuls les Bouddhas, ensemble avec
les Bouddhas». Yui-butsu-yo-butsu sont des paroles très
connues du sûtra du Lotus. La phrase du sûtra du Lotus qui
comprend ces mots yui-butsu-yo-butsu, est «seuls les Bouddhas,
ensemble avec les Bouddhas sont directement en mesure de
réaliser que tous les dharmas sont forme
véritable». Dans ce chapitre, maître Dôgen
explique ce que sont les bouddhas.
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[92] Shoji
Vie et mort
Sho signifie «vie» et ji veut dire «mort»,
shoji veut donc dire «vie et mort». Nous avons les mots
«vie» et «mort», mais maître Dôgen
ne nous recommande pas de comprendre intellectuellement ce que sont
notre vie et notre mort. Il trouvait la valeur dans notre vrai vie
quotidienne elle-même. Ainsi, dans ce chapitre, maître
Dôgen explique vie-et-mort comme le véritable état
momentané de notre vie quotidienne dans lequel vie et mort sont
combinés.
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[93] Dôshin
La volonté de vérité
Dô, qui veut dire «voie» ou
«vérité», est une traduction du mot sanscrit
bodhi, et shin signifie «esprit» ou
«volonté». Dôshin représente donc le
sanscrit bodhicitta. Dans ce chapitre, maître Dôgen
prêche la volonté pour la vérité, la
dévotion aux Trois Trésors, la fabrication d’images
du Bouddha, et la pratique de Zazen. Les enseignements de ce chapitre
sont plutôt concrets et directs, ce qui fait que certains savants
bouddhistes ont pu supposer que ce chapitre ait pu être
prêché aux laïcs, hommes et femmes.
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[94] Jukai
Recevoir les préceptes.
Ju veut dire «recevoir», et kai signifie les
«préceptes bouddhiques», ainsi jukai signifie
«recevoir les préceptes». La tradition bouddhique
veut que les gens qui veulent entrer dans les ordres bouddhiques
reçoivent les préceptes. On peut donc dire que de
recevoir les préceptes bouddhiques est une
cérémonie d’entrée dans les ordres
bouddhiques, ou pour devenir bouddhiste. Maître Dôgen
estimait hautement la valeur de recevoir les préceptes.
C’est pourquoi il explique dans ce chapitre la valeur de recevoir
les préceptes, et fait valoir un exemple de
cérémonie de réception des préceptes.
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[95] Hachi-Dainingaku
Les huit vérités d’un grand être humain
Hachi signifie huit. Dainin parle d’un grand être humain,
c’est-à-dire un bouddha. Et kaku, ici prononcé
gaku, veut dire une réflexion intuitive, ou
vérité. Les huit vérités d’un grand
être humain ont été prêchées dans le
Yuikyo-gyô et cet enseignement fut le dernier du Bouddha Gautama,
donné juste avant sa mort. Maître Dôgen
prêchait aussi ces chapitres lorsqu’il a senti que sa mort
n’était plus éloignée, et il n’a rien
prêché de plus après ce chapitre. Celui-ci est donc
devenu le dernier chapitre de l’édition en 95 chapitres du
Shôbôgenzô.
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[Appendice n°1] Butsu-Kôjo-No-Ji
Le problème de l’état ascendant de bouddha
Les mots butsu-kôjo-no-ji décrivent le fait que même
après avoir obtenu la vérité, les maîtres
bouddhistes continuent leur vie quotidienne comme s’ils
n’avaient pas du tout obtenu l’éveil. Si on compare
ce chapitre qui provient du «Shôbôgenzô
secret» en 28 chapitres à celui de l’édition
en 95 chapitres, on leur trouve de nombreuses différences. Celui
de l’édition en 95 chapitres est constitué de
nombreuses histoires de maîtres chinois en rapport avec
butsu-kôjo-no-ji. Ce chapitre-ci contient une explication
philosophique plutôt longue debutsu-kôjo-no-ji et à
peine une couple d’histoires. Il peut donc être utile de
lire ce chapitre extrait de l’édition en 28 chapitres,
afin d’obtenir une connaissance plus exacte sur
butsu-kôjo-no-ji, ou «le problème de
l’état ascendant de bouddha».
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[Appendice n° 2] Ippyakuhachi-Hômyômon
Cent-huit portes de l’éveil du dharma
Ippyaku-hachi veut dire cent-huit. Hô veut dire Dharma,
c’est-à-dire les enseignements du Bouddha ou
l’Univers. Myô a le sens de clarté ou
d’illumination. Mon veut dire porte, c’est-à-dire un
moyen pour quelque chose, ou un aspect partiel de quelque chose. Ainsi,
ippyakuhachi-hômyô-mon veut dire «les cent-huit
portes de l’éveil du Dharma». En compilant ce
chapitre, maître Dôgen cite deux paragraphes du sûtra
Butsu-hongyô-jikkyô, qui est une biographie du Bouddha
Gautama. Ce chapitre est le 11° de l’édition en 12
chapitres du Shôbôgenzô, mais ne se trouve ni dans
l’édition en 95 chapitres, ni dans celle en 75 chapitres.
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