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© Nanabozho (le Grand Lapin)

Le sûtra du diamant, (T235.8.748c-752c), traduit en chinois par Kumarajiva (T235), traduit en anglais par Charles Patton, version 1,3, [révision du 5 février 1998], traduit de l'anglais au français é abrégé par MP

Vajracchedika Prajna Paramita

Sûtra du Diamant (Digeste)

 

(1) Ainsi l'ai-je entendu. Une fois le Bouddha était au Jetavana d'Anathapindika, près de Shravasti.

(2) A cette époque, le vénérable Subhuti faisait partie de cette grande assemblée. Il se leva et, joignant les paumes des mains, il s'inclina devant le Bouddha.
«Elle est extraordinaire, Honoré du Monde, l'habile bienveillance de l'Ainsi-Venu pour les bodhisattvas et son habile confiance en eux. Honoré du Monde, à quoi ceux et celles qui aspirent à la bodhi suprêmement inégalée doivent-ils se tenir? Comment devraient-ils régler leurs pensées?»

(3) Le Bouddha dit à Subhuti :
«Les bodhisattva-mahasattvas devraient ainsi régler leurs pensées : "là où il y a toutes sortes d'êtres --- qu'il s'agisse de créatures formées dans une matrice ou écloses d'un oeuf; qu'elles soient nées dans l'eau ou proviennent d'une transformation; qu'elles possèdent ou pas une forme; qu'elles possèdent la pensée ou pas; qu'elles ne soient ni dépourvues ni pourvues de pensées --- je ferai en sorte qu'elles entrent toutes dans le nirvâna non-résiduel, les libérant ainsi. En libérant ainsi les innombrables êtres sans limites, en réalité, il n'y a pas d'êtres qui atteignent cette libération".
Quelle en est la raison? Subhuti, si un bodhisattva croit qu'il y a un égo individuel, une existence séparée, une âme ou une personne, dans ce cas il n'est pas un bodhisattva.»

(4) «De surcroît, Subhuti, un bodhisattva dans le Dharma ne devrait s'attarder nulle part lorsqu'il agit avec compassion. C'est-à-dire ne pas s'attarder dans les formes de la compassion ; ni s'attarder dans le son, l'odeur, le goût, la sensation ou l'idée de la compassion.
Subhuti, c'est sans s'attarder à de telles apparences qu'un bodhisattva devrait ainsi faire preuve de compassion. Pourquoi cela? Si un bodhisattva ne s'attarde pas aux apparences de la compassion, sa sainte vertu est incalculable.»
« Dis-moi, Subhuti. Peux-tu mesurer le ciel de l'orient?
--- Non, Honoré du Monde.
--- Peux-tu mesurer tout l'espace qui se trouve au sud, à l'ouest, au nord, les quatre directions entre zénith et nadir?
--- Non, Honoré du Monde.
--- Subhuti, la sainte vertu d'un bodhisattva qui ne s'attarde pas aux apparences de la compassion est de cet ordre. Subhuti, les bodhisattvas devraient ne s'en tenir qu'à cette instruction».

(5) «Subhuti, qu'en penses-tu? Est-il possible de décrire l'Ainsi-Venu? Peut-il être reconnu par les caractéristiques corporelles?
--- Non, Honoré du Monde; il n'est pas possible d'obtenir la vision de l'Ainsi-Venu par le moyen des signes corporels. Quelle en est la raison? L'Ainsi-Venu a expliqué que les signes corporels ne sont pas des signes corporels [de l'Ainsi-Venu]».
Alors, le Bouddha dit :
«Subhuti, les signes possédés par les mortels sont tous vides et illusoires. Si l'on voit que ces signes ne sont pas des signes [de l'Ainsi-Venu], alors on peut voir l'Ainsi-Venu».

(6) Subhuti demanda au Bouddha:  «Honoré du Monde, ne peut-on se demander s'il y aura-t-il toujours des êtres en qui surgira une foi authentique à entendre les mots de cet enseignement?»
Le Bouddha répondit à Subhuti : «Ne dis pas ça. Dans les derniers cinq-cents ans [de l'ère du Dharma] après la mort de l'Ainsi-Venu, ceux et celles qui maintiendront ces préceptes et cultiveront la sainteté pourront, grâce à ces passages, donner naissance à l'esprit fidèle, parce qu'ils sont sincères. Il faut savoir que ces gens n'auront pas été avec un bouddha, ni deux, ni trois, quatre ou cinq bouddhas lorsqu'ils planteront leurs bonnes racines. Ils auront accompli cette plantation avec d'incommensurables dizaines de millions de bouddhas. En entendant ces passages, ne fut-ce qu'en une seule récitation, il donneront naissance à une foi pure. Subhuti, l'Ainsi-Venu sait et voit pleinement ceci dans tout être qui atteint ainsi une aussi incommensurable vertu. Et pourquoi? Parce que ces êtres ne retomberont pas dans les obstructions, la perception d'un égo individuel, celle d'une existence séparée, celle d'une âme, ni celle d'une personne. Ils seront libres de la perception des dharmas tout autant que de celle des non-dharmas. Pourquoi cela? Si les esprits de ces êtres devaient appréhender les apparences, assumer l'apparence des dharmas, assumer l'apparence des non-dharmas, ceci créerait l'attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à une âme, et à une personne. C'est pourquoi on ne devrait pas percevoir les dharmas et les non-dharmas. C'est ce que veut dire l'Ainsi-Venu lorsqu'il déclare, "O moines! Sachez que mon Dharma ainsi exposé est comme un radeau de bambou. Le Dharma honoré doit être abandonné, et bien plus encore ce qui n'est pas le Dharma"».

(7) «Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi-Venu a-t-il atteint l'Illumination Parfaite qui Transcende les Comparaisons? Dispense-t-il un enseignement du Dharma?»
Subhuti répondit : «Ainsi que je comprend l'enseignement précis du Bouddha, il n'existe aucun Dharma précis qu'on appelle "l'Illumination Parfaite qui Transcende les Comparaisons". De plus, il n'y a aucun Dharma précis que puisse exposer l'Ainsi-Venu. Pourquoi cela? De tous les dharmas exposés par l'Ainsi-Venu, aucun ne peut être perçu ni exprimé, puisqu'il n'existe ni dharmas ni non-dharmas. Pourquoi est-ce le cas? Tous les Sages, par le moyen du Dharma inconditionnel, opèrent des discriminations»

(9) «Subhuti, qu'en penses-tu? Celui-qui-entre-dans-le-courant (srota-apanna) peut-il produire cette pensée "J'ai mérité la récompense de celui-qui-entre-dans-le-courant"?» Subhuti répondit : «Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? "Celui-qui-entre-dans-le-courant" est le nom de celui qui entre dans le courant [de la vie sainte], qui n'entre nulle part : il n'entre pas dans les formes, ni dans les sons, ni les odeurs, les goûts, les sensations ni les idées. Celui-là est appelé "Celui-qui-entre-dans-le-courant"
--- Subhuti, qu'en penses-tu? Celui-qui-ne-doit-renaître-qu'une-fois (sakrdagama) peut-il produire cette pensée --- "J'ai mérité la récompense de celui-qui-ne-doit-renaître-qu'une-fois"?» Subhuti répondit : «Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc ? "Celui-qui-ne-doit-renaître-qu'une-fois" est le nom pour une arrivée de plus [dans ce monde mortel], et en réalité, il n'y a pas d'arrivée future. Celui-là est appelé "Celui-qui-ne-doit-renaître-qu'une-fois"»
--- Subhuti, qu'en penses-tu? Celui-qui-ne-doit-pas-revenir (anagamin) peut-il produire cette pensée --- "J'ai mérité la récompense de celui-qui-ne-doit-pas-revenir"?» Subhuti répondit : «Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? "Celui-qui-ne-doit-pas-revenir" est le nom pour celui qui ne doit pas renaître, et il n'y a en réalité aucune non-renaissance. C'est pourquoi on l'appelle "Celui-qui-ne-doit-pas-revenir"»
--- Subhuti, qu'en penses-tu? Un arhat peut-il produire cette pensée --- "J'ai atteint l'éveil de l'arhat"?» Subhuti répondit : «Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? En réalité, il n'existe pas de dharma appelé "arhat". Honoré du Monde, si un arhat devait produire cette pensée --- "J'ai atteint l'éveil de l'arhat", ce serait alors à cause de l'attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à une âme, à une personne. Le Bouddha a déclaré que j'avais atteint, sans discussion, un samadhi qui est parmi les meilleurs. C'est le meilleur parce que j'ai renoncé au désir d'être un arhat. Je ne formule pas la pensée --- "J'ai renoncé au désir d'être un arhat". Honoré du Monde, si, de moi-même, je formulais la pensée --- "J'ai atteint l'Eveil de l'arhat" --- l'Honoré du Monde n'aurait pas dit de Subhuti qu'il est cet heureux pratiquant forestier, parce qu'en réalité, Subhuti ne pratique nulle part. Et c'est pourquoi on l'appelle "Subhuti, l'heureux pratiquant forestier".»

(10) Le Bouddha dit : «Subhuti, qu'en penses-tu? Dans le passé, quand l'Ainsi-Venu se trouvait avec le bouddha Dipankara, le Pleinement Illuminé, a-t-Il appris quelque doctrine de lui?
--- Non, Honoré du Monde. Quand l'Ainsi-Venu se trouvait avec le bouddha Dipankara, il n'y avait en réalité aucune doctrine à apprendre.
--- Subhuti, qu'en penses-tu? Les bodhisattvas sont-ils l'ornement des terres du bouddha?

---Non, Honoré du Monde. Pourquoi cela? L'ornement des terres du bouddha est un non-ornement. On l'appelle "un ornement".
--- C'est pour ça, Subhuti, que les bodhisattva-mahasattvas devraient vraiment expérimenter l'esprit pur. Un tel esprit ne discrimine pas et ne porte pas de jugement sur les formes, sur les sons, les odeurs, les saveurs, les sensations ou les idées. Un bodhisattva doit développer un esprit qui ne forme aucun attachement ou aversion pour quoi que ce soit.»

(13) Alors Subhuti demanda : «Honoré du Monde, par quel nom ce Discours devra-t-il être connu? Comment devrons-nous le recevoir et le conserver?»
Le Bouddha répondit : «Ce Discours devra être connu comme Vâjracchedikâ Prajña Pâramitâ --- Le Coupe-vitres en Diamant de la Sagesse transcendentale --- C'est avec les mots de ce titre que vous devriez le recevoir et le conserver. Pourquoi donc? Subhuti, le Bouddha dit que c'est la perfection de la sagesse, de sorte que ce n'est pas la perfection de la sagesse».
«Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi-Venu dispense un enseignement du Dharma, n'est-ce pas?»
Subhuti répondit au Bouddha : «Honoré du Monde, l'Ainsi-Venu ne dispense aucun enseignement.
--- Subhuti, qu'en penses-tu? Les atomes des trois-mille mondes sont nombreux, n'est-ce pas?»
Subhuti réplica : «Incroyablement nombreux, Honoré du Monde».
«Subhuti, l'Ainsi-Venu a dit que les atomes ne sont pas des atomes. Ils sont appelés "atomes". L'Ainsi-Venu a expliqué que les mondes ne sont pas des mondes. Ils sont appelés "mondes". Subhuti, qu'en penses-tu? Peut on voir l'Ainsi-Venu par le moyen des trente-deux signes?
--- Non, Honoré du Monde. On ne peut pas obtenir la vision de l'Ainsi-Venu par le moyen des trente-deux signes. Pourquoi donc? L'Ainsi-Venu a expliqué que les trente-deux signes ne sont pourtant pas des signes. Ils sont appelés les "trente-deux-signes".»

(14) A ce moment, en entendant prononcer ce sûtra, Subhuti obtint tout soudain une profonde compréhension de sa signification. Alors, en essuyant ses larmes, il s'adressa au Bouddha en disant: «Honoré du Monde, ayant ainsi entendu ce sûtra canonique, et l'ayant sincèrement compris, le recevoir et le conserver ne présente plus aucune difficulté. S'il doit venir au monde dans les derniers cinq-cents ans [de l'ère du Dharma] des êtres qui entendent ce sûtra avec foi et compréhension, qui le reçoivent et le préservent, quel remarquable accomplissement que sera cette liberté! Pourquoi cela? Ces personnes seront libres de l'idée d'un égo individuel, d'une existence séparée, d'une âme, et d'une personne. Pourquoi donc? Parce que l'idée d'un égo individuel, d'une existence séparée, d'une âme, et d'une personne est ce non-signe. Pourquoi? Parce que laissant là toutes les apparences, on les appelle des bouddhas.»
Le Bouddha dit à Subhuti : «Oui, oui! S'il y a encore une personne qui entend ce sûtra et n'est ni étonnée, ni alarmée ou effrayée; il faut savoir que cette personne deviendrait très extraordinaire. Pourquoi donc? Subhuti, l'Ainsi-Venu a expliqué que la première perfection n'est pourtant pas la première perfection. On l'appelle la première perfection. Subhuti, la perfection de la persévérance (kshanti), comme l'a dit l'Ainsi-Venu, n'est pas la perfection de la persévérance. Pourquoi donc? Subhuti, lorsque dans le passé mon corps a été coupé en morceaux par le roi Kalinga, j'étais à l'époque libre d'attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Pourquoi cela? S'il y avait eu à cette époque un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme, la colère et l'indignation seraient montées en moi. Subhuti, les bodhisattvas doivent quitter tous les signes lorsqu'ils entreprennent l'Illumination Parfaite qui Transcende les Comparaisons. Ils ne doivent pas s'attacher aux formes, aux sons, aus odeurs, aux saveurs, aux sensations, ou aux idées, ils ne doivent s'attacher à rien lorsqu'ils forment cette pensée. S'ils devaient avoir un attachement dans cette pensée, alors il deviendrait un non-attachement. C'est pourquoi le Bouddha a dit que les pensées du bodhisattva ne doivent pas s'attacher aux formes de l'aumône. Subhuti, c'est en faisant en sorte de sauver tous les êtres sensibles que les bodhisattvas doivent faire l'aumône. L'Ainsi-Venu a dit que tous les signes sont donc le non-signe. De plus, il a dit que tous les êtres sensibles ne sont donc pas des êtres sensibles. Subhuti, les discours de l'Ainsi-Venu sont véridiques, vrais, et donc ni faux ni contradictoires. Subhuti, le Dharma que l'Ainsi-Venu a atteint n'est ni vrai ni faux. Subhuti, si les pensées d'un bodhisattva s'attachent aux dharmas lorsqu'il fait l'aumône, ce serait comme une personne qui entrerait dans l'obscurité, et serait ainsi incapable de rien voir. Si les pensées d'un bodhisattva ne s'attachent pas aux dharmas lorsqu'il pratique l'aumône, ce serait comme une personne qui, grâce à la luminosité du soleil, verrait toutes les différentes formes. Subhuti, s'il devait se produire dans le monde que de bons fils et de bonnes filles soient en mesure de recevoir, retenir, lire et réciter ce qu'il y a dans ce sûtra, alors ils deviendront des Ainsi-Venus. Par la sagesse transcendante du Bouddha qui voit et connaît pleinement ces gens, je puis dire que tous obtiendront la réalisation complète de ce mérite incommensurable.

(15) «Subhuti, si on trouve de la satisfaction dans les dharmas inférieurs, il s'agit d'un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Dans ce cas, il ne saurait y avoir d'accord avec le fait de recevoir, retenir, réciter ou expliquer ce sûtra à quelqu'un d'autre. Subhuti, où que ça se trouve, en quelqu'endroit que ce soit, s'il s'y trouve ce sûtra, chacun de tous les mondes, que ce soit celui des dieux, des humains ou des titans, devrait faire des offrandes pour son soutien. Il faut qu'on sache que cet endroit est alors un sanctuaire. Tous devraient le vénérer en en faisant le tour dans le sens des aiguilles d'une montre, en y jetant des fleurs et en y brûlant de l'encens.

(17) A ce moment, Subhuti dit au Bouddha : «Honoré du Monde, comment doivent se comporter ceux et celles qui entreprennent la bodhi suprêmement inégalée, comment doivent-ils régler leurs pensées?»
Le Bouddha dit à Subhuti : «Les bons fils et les bonnes filles qui entreprennent la bodhi suprêmement inégalée formeront la pensée, "je vais libérer tous les êtres sensibles. Les ayant libérés, il n'y aura pas d'êtres sensibles qui auront été libérés". Pourquoi? Subhuti, si un bodhisattva avait un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme, alors il ne serait pas un bodhisattva. Pourquoi ça? Subhuti, en vrai, il n'existe pas de bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, qu'en penses-tu? Lorsque l'Ainsi-Venu se trouvait avec le Bouddha Dipankara, il avait atteint la bodhi suprêmement inégalée, n'est-ce pas?
--- Non, Honoré du Monde. Tel que j'ai compris ce veut expressément dire le Bouddha, quand le Bouddha se trouvait avec le bouddha Dipankara, il n'avait en rien atteint la bodhi suprêmement inégalée.»
Le Bouddha réplica : «Oui, oui ! Subhuti, en vrai, il n'existe pas de dharma qu'aurait atteint l'Ainsi-Venu dans la bodhi suprêmement inégalée. Sinon, le bouddha Dipankara ne m'aurait pas confié la prédiction "Toi, dans une vie à venir, tu apparaîtras en tant que bouddha nommé Shakyamuni". C'est parce qu'en réalité, il n'existe pas de dharma dans l'obtention de la bodhi suprêmement inégalée. Pourquoi cela? Pour quelqu'un qui est un Ainsi-Venu, tous les dharmas se valent. Subhuti, la bodhi suprêmement inégalée atteinte par l'Ainsi-Venu est une [voie] médiane, sans vérité ni fausseté. C'est pour ça que l'Ainsi-Venu dit de tous les dharmas qu'ils sont tous le Dharma du Bouddha. Subhuti, ce qu'on appelle "tous les dharmas", n'est donc en rien tous les dharmas. C'est pour ça qu'on l'appelle "tous les dharmas". Subhuti, prend par exemple cette personne dont le corps est ancien et grand».
Subhuti répondit : «Honoré du Monde, l'Ainsi-Venu a dit que la personne dont le corps est ancien et grand, n'a pourtant pas un grand corps. On l'appelle simplement "un grand corps".
--- Subhuti, un bodhisattva est aussi tel. Si quelqu'un devait former les mots "Je vais libérer tous les innombrables êtres" alors, on ne pourrait pas l'appeler un bodhisattva. Pourquoi donc? Subhuti, en réalité, il n'existe pas de dharma dont le nom serait "bodhisattva". C'est pour ça que le Bouddha a dit que chacun des dharmas est sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme. Subhuti, si un bodhisattva devait dire "Je vais orner la terre du Bouddha"; alors ce ne serait pas quelqu'un qu'on pourrait appeller un bodhisattva. Pourquoi ça? Parce que l'Ainsi-Venu a dit que l'ornement de la terre du Bouddha, est un non-ornement, on l'appelle "ornement". Subhuti, si un bodhisattva pénètre et traverse le Dharma sans égoïsme, l'Ainsi-Venu a dit qu'on pouvait vraiment l'appeller un bodhisattva.».

(18) «Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi-Venu possède-t-il l'oeil de chair, l'oeil divin, l'oeil de sagesse, l'oeil du Dharma, l'oeil du Bouddha?
--- Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi-Venu les possède».
«Subhuti, qu'en penses-tu? Prends les sables du Gange. Subhuti, qu'en penses-tu? Comme il y a de sable dans un seul Gange, suppose qu'il y ait des fleuves Gange en nombre égal à celui de ces sables, si on avait des terres de Bouddha en nombre égal à celui des sables de tous ces fleuves, ces terres seraient nombreuses, n'est ce pas?
--- Incroyablement nombreuses, Honoré du Monde.»
Le Bouddha dit à Subhuti : «Dans ces terres se trouvent des êtres sensibles avec diverses sortes d'esprits, que l'Ainsi-Venu connaît parfaitement. Pourquoi donc? L'Ainsi-Venu a dit que les esprits ne sont pas des esprits et sont de ce fait appellés "esprits". Subhuti, il est impossible de retenir l'esprit passé, impossible de tenir l'esprit présent, et impossible de saisir l'esprit futur car en aucune de ses activités l'esprit n'a-t-il de substance ou d'existence.»

(19) «Subhuti, qu'en penses-tu? Suppose que quelqu'un remplisse trois-mille mondes avec les sept trésors pour en faire l'aumône. Cette personne, avec cette cause et ces conditions, obtiendrait de nombreuses bénédictions, n'est-ce pas?
--- Oui, Honoré du Monde? Cette personne, avec cette cause et ces condition, obtiendrait d'incroyablement nombreuses bénédictions
--- Subhuti, si cet acte béni avait été réel, l'Ainsi-Venu n'aurait pas dit que cette personne obtiendrait de nombreuses bénédictions. Puisque l'acte béni n'est pas, l'Ainsi-Venu dit donc que la personne en obtiendrait de nombreuses bénédictions».

(20) «Subhuti, qu'en penses-tu? Peut-on reconnaître le Bouddha par la forme parfaite de son corps?
--- Non, Honoré du Monde. On ne doit pas reconnaître l'Ainsi-Venu par la forme parfaite de son corps. ou par les signes parfaits? Pourquoi ça? L'Ainsi-Venu a dit que la forme parfaite de son corps. ou les signes qui sont parfaits ne le sont pas. On les appelle ainsi.»

(21) «Subhuti, ne dis pas que l'Ainsi-Venu forme cette pensée : «J'obtiendrai une explication du Dharma. Ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Si quelqu'un dit que l'Ainsi-Venu possède une explication du Dharma, alors elle aura diffamé le Bouddha, parce qu'elle est incapable de comprendre les raisons de mon discours. Subhuti, le Dharma oral n'a pas de Dharma qu'on puisse exprimer. On l'appelle Dharma oral.»
Alors, le Vénérable Subhuti dit au Bouddha : «Honoré du Monde, ne peut-on se demander s'il y aura-t-il toujours dans les générations à venir des êtres sensibles en qui surgira une foi authentique à entendre les mots de cet enseignement?»
Le Bouddha répondit à Subhuti : «Ce ne sont pas là des êtres sensibles, sans qu'on puisse dire qu'ils ne sont pas des êtres sensibles. Pourquoi donc? Subhuti, les êtres sensibles qui sont êtres sensibles, a dit l'Ainsi-Venu, ne sont pas des êtres sensibles. On les appelle seulement "êtres sensibles".»

(22) Subhuti dit au Bouddha : «Honoré du Monde, est-ce parce que rien n'est atteint nulle part que le Bouddha a atteint la bodhi suprêmement inégalée ?»
Le Bouddha répondit : «Oui, oui ! Subhuti, dans ma bodhi suprêmement inégalée, il n'y a vraiment pas le moindre Dharma qu'on puisse obtenir. C'est ça qu'on appelle la bodhi suprêmement inégalée».

(23) «Qui plus est, Subhuti, le Dharma est égal, n'ayant ni haut ni bas. C'est ce qu'on appelle la bodhi suprêmement inégalée. C'est grâce au fait d'être sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme, et par la mise en oeuvre de tous les bons dharmas qu'on atteint la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, ce qu'on dit être de bons dharmas, l'Ainsi-Venu a expliqué qu'ils étaient des non-dharmas. Ils sont appellés "bons dharmas"».

(25) «Subhuti, qu'en penses-tu? Dirais-tu que l'Ainsi-Venu forme la pensée, "Je sauverai les êtres sensibles"? Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? En vrai, il n'y a pas d'êtres sensibles que puisse sauver l'Ainsi-Venu. S'il y en avait, alors l'Ainsi-Venu aurait un égo individuel, une personne, une existence séparée, et une âme. Subhuti, l'Ainsi-Venu a expliqué qu'un égo individuel n'est pas un égo individuel. Les hommes mortels considèrent leurs personnes comme étant un égo individuel. Subhuti, l'Ainsi-Venu a expliqué que les hommes mortels ne sont pas des hommes mortels. On les appelle "hommes mortels"».

(26) «Subhuti, qu'en penses-tu? Peut-on examiner l'Ainsi-Venu au moyen des trente-deux signes?» Subhuti répondit : «Honoré du Monde, l'Ainsi-Venu, si je comprend bien ce que veut dire le Bouddha, ne doit pas être examiné au moyen des trente-deux signes.» A ce moment, l'Honoré du Monde proclama ce gatha, disant :
«Si par la forme on regarde l'Ainsi-Venu «Ou que par le son de sa voix on le cherche «On suit une voie corrompue «Et l'on ne peut reconnaître l'Ainsi-Venu».

(27) «Subhuti, suppose que tu devais former la pensée "Entreprendre la bodhi suprêmement inégalée, c'est le Dharma oral du nihilisme". Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Parce qu'on ne peut pas prétendre qu'entreprendre la bodhi suprêmement inégalée soit le Dharma d'une conception nihiliste. [

(28) «Subhuti, suppose qu'un bodhisattva remplissait autant de mondes qu'il y a de grains de sable dans le Gange avec les sept trésors, et les accumulait pour en faire l'aumône. Suppose encore qu'il se trouve quelqu'un qui sache que tout dharma est sans égo et qui en atteigne la complète persévérance. Ce bodhisattva surpasserait l'obtention des mérites du premier. Subhuti, la raison en est que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits».
Subhuti s'adressa au Bouddha, en disant : «Honoré du Monde, comment se fait-il que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits?»
«Subhuti, on ne doit pas s'attacher avec avidité à la composition des bienfaits des bodhisattvas. C'est pourquoi ils sont dits "ne pas recevoir de bienfaits" ».

(29) «Subhuti, s'il se trouvait quelqu'un pour dire que l'Ainsi-Venu va, vient, s'assied ou s'étend ; cette personne ne comprendrait pas ce que je veux expressément dire. Pourquoi donc? L'Ainsi-Venu n'a pas d'endroit d'où venir, et n'a pas non plus d'endroit où aller. C'est pourquoi il est appelé un Ainsi-Venu.»

(30) «Subhuti, suppose que de bonnes personnes devaient moudre les trois-mille mondes en grains de poussière. Qu'en penses-tu? Ces grains seraient nombreux, n'est-ce pas?
--- Incroyablement nombreux, Honoré du Monde. Et pourquoi? Si ces myriades de grains existaient réellement, le Bouddha ne parlerait pas de myriades de grains de poussière. Pourquoi cela? le Bouddha a dit que ces grains ne sont pas des grains de poussière. On les appelle grains de poussière. Honoré du Monde, l'Ainsi-Venu a dit que les trois mille mondes ne sont donc pas composés de mondes, on les appelle "mondes". Pourquoi donc? Si ces mondes existaient réellement, alors ils apparaîtraient comme un seul conglomérat. L'Ainsi-Venu a déclaré que l'apparence d'un seul conglomérat n'est pas l'apparence d'un seul conglomérat. Ça s'appelle "un seul conglomérat".»
--- Subhuti, l'apparence d'un seul conglomérat n'est donc pas exprimable. Seuls les hommes ordinaires s'attachent avidement aux agissements de leurs propres personnes.»

(31) «Subhuti, suppose que quelqu'un dise que le Bouddha a parlé du point de vue de l'égo, du point de vue de la personne, du point de vue des existences séparées, ou du point de vue de l'âme. Subhuti, qu'en penses-tu? Cette personne comprend-elle ce que je veux expressément dire?
--- Non, Honoré du Monde. Cette personne ne comprendrait pas ce que l'Ainsi-Venu veut expressément dire. Pourquoi donc? L'Honoré du monde a dit que la perception d'un égo individuel, d'une personne, d'une existence séparée, et d'une âme ne sont donc pas la perception d'un égo individuel, d'une personne, d'une existence séparée, et d'une âme.
--- Subhuti, dans la bodhi suprêmement inégalée, tous les dharmas devraient ainsi être connus, conçus et en conséquence fidèlement compris comme les apparences non-nées des dharmas. Subhuti, l'Ainsi-Venu a dit que les mots "apparences des dharmas" ne sont donc pas les apparences des dharmas. On les appelle "apparences des dharmas".»

(32) «Subhuti, suppose que quelqu'un remplisse d'innombrables asankhyas de mondes avec les sept trésors et les accumule pour en faire l'aumône. Et suppose que de bonnes personnes entreprennent la bodhéité, ne retenant de ce sûtra que quatre lignes, en en recevant, retenant, lisant et récitant et donnant aux autres des explications détaillées. Leurs mérites dépasseraient ceux de l'autre. Comment pourraient-ils donner aux autres des explications détaillées? Sans s'attacher aux apparences de l'absolu, sans agitation. Pourquoi cela?
«Tous les dharmas existants et conditionnés «Sont des rêves, des illusions, des bulles, des ombres; «Comme la rosée et aussi comme l'éclair, «Ainsi doit-on les considérer.»
Quand le Bouddha eût fini de prononcer ce sûtra, le Vénérable Subhuti, les bhiksus, bhiksunis, upasakas, et upasikas, et tous, dans les mondes des dieux, des humains et des titans qui avaient entendu les enseignements du Bouddha furent grandement exaltés. Sincèrement, ils reçurent et transmirent la pratique du sûtra de Perfection de Sagesse du Diamant [Coupant].

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