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© Nanabozho (Gichi Wabush)


LE GRAND SUTRA DU COEUR DE LA SAGESSE TRANSCENDANTE

Présenté par Brad Warner

Le grand sûtra du Coeur de la Sagesse transcendante est le texte le plus important du Bouddhisme zen. Tout ce que vous devez savoir sur le Bouddhisme est contenu dans cet unique texte compact. Je présente la version traduite par Kobun Chino, vu que ce fut la première que j'aie jamais entendu. Dès l'abord, j'ai su que c'était juste avant même d'avoir la moindre idée de ce que ça voulait dire. Je présente le texte complet d'abord, avec les explications de certains des termes utilisés ensuite.

 

Avalokiteshvara Bodhisattva

Par la pratique profonde de la Prajñâ Pâramitâ

Comprit que les cinq skandhas sont vides

Et fut sauvé de toute souffrance et toute détresse

 

Sâriputra, la forme n'est pas différente de la vacuité;

La vacuité n'est pas différente de la forme.

Ce qui est forme est vacuité;

Ce qui est vacuité est forme.

Et il en va de même des sensations, des perceptions, des volitions et des consciences.

 

Sâriputra, tous les Dharmas ont ce caractère de la vacuité;

Ils n'apparaissent ni ne disparaissent,

Ne sont ni souillés ni purs,

Ne croissent ni ne décroissent.

 

C'est pourquoi, dans la vacuité, ni forme,

Ni sensations, perceptions, impulsions, consciences;

Ni yeux, ni oreilles, ni nez, ni langue, ni corps, ni esprit;

Ni couleur, ni son, ni odeur, ni goût, ni toucher, ni objet de la pensée;

Pas de domaine de la vision et coetera, jusqu'à pas de domaine de la pensée-conscience;

Pas d'ignorance et pas non plus d'extinction de l'ignorance, jusqu'à la vieillesse et la mort et pas non plus d'extinction de la vieillesse et de la mort

Ni souffrance, ni origine, ni cessation, ni voie;

Pas de connaissance et pas non plus de réalisation.

N'ayant rien à réaliser

Le Bodhisattva dépend de la Prajñâ Pâramitâ

Et son mental n'est pas un obstacle.

Sans obstacle, aucune peur n'existe;

Loin de toute conception pervertie, il demeure dans le Nirvâna.

 

Dans les trois mondes, tous les Bouddhas dépendent de la Prajñâ Pâramitâ

Et atteignent l'Anuttara-samyaksambodhi.

 

Sachez donc que la Prajñâ Pâramitâ

Est le grand mantra transcendant,

Le grand mantra lumineux,

Le mantra insurpassable,

Le mantra suprême,

Capable de soulager toute souffrance

Authentique et non pas faux.

Proclamez donc le mantra de la Prajñâ Pâramitâ,

Proclamez le mantra qui dit:

Gate, gate, paragate, parasamgate! Bodhi! Svaha!

 

EXPLICATIONS

Avalokiteshvara Bodhisattva: Le Bodhisattva de la Compassion, également appelé Kuan Yin en chinois et Kanon en japonais. Avalokiteshvara était à l'origine perçu comme masculin, mais ses représentations devinrent de plus en plus féminines jusqu'à ce que les Chinois et Japonais contemporains en arrivent à presque toujours dépeindre Kuan Yin/Kanon comme une femme. Un Bodhisattva est un être qui remet à plus tard l'obtention de la pleine bouddhéité afin de sauver tous les êtres sensibles. Avalokiteshvara est l'un des personnages principaux du sûtra long dont cette section est dérivée. C'est elle("elle" parce que c'est une peinture japonaise) en haut de cette page.

Prajñâ Pâramitâ: Prajñâ est la sagesse intuitive qui n'a rien à voir avec la connaissance. On peut développer une telle sagesse par la pratique de Zazen. Pâramitâ est ajouté pour l'emphase, la prajñâ la plus élevée.

Sâriputra: C'est un autre personnage du sûtra long, un disciple de Gautama. Notre héros, le Bouddha Gautama (qui est mort longtemps avant que ceci ait été composé, mais ne vous en faites pas trop pour ça), s'adresse à lui.

Cinq Skandhas: Les bouddhistes n'acceptent pas l'existence d'une âme. En lieu et place, ils disent qu'un être humain est composé de cinq skandhas, le mot skandha signifiant littéralement "tas." Ces cinq sont rupa (forme), vedanta (sensations), samjñâna (perceptions), samskara (impulsions ou performance) et vijñâna (conscience).

Le mot samskara est difficile à comprendre même dans le sanscrit d'origine. Quoique Kobun Chino se serve ici du mot "impulsions", Gudo Nishijima préfère se servir du mot "performance." Son raisonnement est que les cinq aggrégats doivent être entendus en termes des quatre philosophies mises en valeur par Dôgen dans le Shôbôgenzô. Ces quatre sont le matérialisme, l'idéalisme, l'action et la réalité au moment présent. Dans cette lumière, on peut voir rupa ou la forme comme représentant la matière objective, et vijñâna ou concscience comme représentant l'esprit subjectif. Les trois autres sont en rapport avec le fonctionnement humain. Vedana es la perception physique ou sensation et samjñâna est la considération humaine ou la perception mentale. Samskara représenterait alors l'action concrète autant que les impulsions pour accomplir l'action.

Vacuité: Ceci est le mot le plus mécompris de toute la philosophie bouddhiste. Le sanscrit d'origine est Sunyata qui signifie tel-que-c'est-ité, l'état des choses comme elles sont sans être colorées par nos vues et conceptions. Ce n'est pas un concept nihiliste du vide.

Souffrance, Origine, Cessation, Voie: Ceci représente les Quatre Nobles Vérités mises en relief par le Bouddha Gautama dans ses premiers sermons après avoir atteint l'Illumination (oh comme je déteste ce mot). La compréhension habituelle est que la première vérité est que toute vie est souffrance. Le Bouddha Gautama se servait en fait du mot "dukkha" un mot pâli dont le sens est "expérience insatisfaisante." La seconde est que ce qui est à l'origine de la souffrance, c'est le désir. Le mot que le Bouddha Gautama utilisait était en fait trsna qui signifie "soif." La troisième Vérité est que la cessation du désir mène à la cessation de la souffrance. La quatrième est le Noble Octuple Sentier qui mène à la cessation du désir.

L'interprétation que fait Gudo Nishijima des Quatre Nobles Vérités est un peu différente. Il les voit comme étant en rapport avec les quatre niveaux de philosophie de Dôgen (Idéalisme, Matérialisme, Action au moment présent et Réalité). Quand on considère les choses d'un point de vue idéaliste, tout est merdique. Il n'y a rien qui puisse jamais atteindre aux idéaux qu'on s'est créés. C'est ça, la souffrance. D'un point de vue matérialiste, tout est déterminé, même nos pensées sont le résultat d'interactions chimiques qui suivent les lois des causes et des effets. Ce qui est à l'origine de la souffrance, c'est notre souhait que les choses soient différentes de ce qu'elles sont alors qu'elles ne pourront jamais l'être, ou le conflit entre l'idéalisme et le matérialisme. Mettre fin à des vues aussi erronées est action au moment présent. Le Noble Octuple Sentier est la réalité elle-même.

Les trois mondes: Passé, présent et futur.

Nirvâna: Vous voudriez que je vous dise "Le groupe à Kurt Cobain," hein? Ben, je vous l'dirai pas. En Occident, on comprend souvent le Nirvâna de travers comme étant une sorte de "paradis bouddhiste." Puisque Nirvâna signifie littéralement "cessation" ou "extinction," les chercheurs du passé on tendu à le faire équivaloir à un nihilisme. Il ne reste plus beaucoup de spécialistes pour souscrire à cette idée. Parfois, le Nirvâna est opposé au Samsara. Mais comme on comprend aussi le Samsara de travers, cette opposition n'est pas très utile, elle non plus. D'autres donnent à Nirvâna le sens d'une sorte de bonheur spirituel. Mais tu ferais mieux de fumer un bon gros pétard si c'est cette sorte de bonheur que tu veux (mec).

La meilleure façon de comprendre le Nirvâna, ça serait comme une sorte d'objectif de la pratique bouddhiste. Ici, n'importe quel bon enseignant bouddhiste vous dira que c'est la visée qui est importante, dans le bouddhisme, et pas la cible? Dans son Madhyamika Kârika, Nâgarjunâ dit que le Nirvâna n'est pas la réalité. Mais le Nirvâna n'est-il pas la réalité ultime? Il se pourrait bien que notre concept de réalité ultime n'ait aucune contrepartie dans la réalité ultime.

 

Anuttara-samyaksambodhi: Libération complète.

 

Grand mantra transcendant : Cette dernière section est très différente du reste et semble nous encourager à chanter la petite ligne à la fin : "Gate, gate, paragate, parasamgate. Bodhi! Svaha!" ("gate" se prononce "gâ-té," entre parenthèses). Ceci signifie fondamentalement : "Allé, allé, complètement allé sur l'autre rive. Hourra!" C'est pas vraiment fait pour être chanté. c'est juste une expression de l'état de réalisation. "L'autre rive" est là où nous sommes ici et maintenant

 

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