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Le Sûtra Shurangama (T.945)
Réévaluation de son
authenticité
par le RONALD EPSTEIN
(présenté à l'assemblée
annuelle de l'American Oriental Society, 16-18 mars 1976, Philadelphie,
Pennsylvanie, USA )
Tous
droits réservés
Ce que je voudrais faire
au cours des prochaines minutes, c'est de souligner de façon
très brève certains des
éléments de mes recherches sur
l'authenticité du Shurangama-sûtra.
Malgré la complexité de ces
éléments, je ferai de mon mieux pour omettre ce
qui est ennuyeux sans rien sacrifier d'important. Il sera pourtant
nécessaire d'omettre la majorité des
détails juste pour pouvoir voir l"ensemble.
La première chose à
préciser, c'est que le Sûtra dont je vais parler
n'est pas le Shurangamasamadhi-sutra (T. 642) en deux rouleaux, qui a
été traduit par Lamotte, mais bien, pour lui
donner son titre complet, le
Ta-fo-ting-ju-lai-mi-yin-hsiu-cheng-liao-i-chu-p'u-sa-wan-hang-shou-leng-yen-ching,
que j'ai traduit comme suit:
"Sûtra du Sommet du Grand Bouddha, Le Sens
Final de la Vérification par la Culture de la Cause
Secrète des Tathagatas, et [Eminentissime] Shurangama de
Toutes les Dix-Mille Pratiques des Bodhisattvas." Il est en dix
rouleaux et, selon la tradition, fut traduit en 705 par un bhikshu
indien inconnu nommé Po-la-mi-ti (ce qu'on peut
peut-être reconstituer en "Paramiti") et d'autres, et puis
parfait et réécrit par Fang Yung, ministre
récemment banni par l'Impératrice Wu Tzu-t'ien .
L'un des principaux thèmes de l'ouvrage,
c'est qu'en elle-même, la connaissance du Dharma,
c'est-à-dire les enseignements du Bouddha, est sans valeur
si elle n'est accompagnée par la capacité
à méditer, ou pouvoir de samadhi. Il y a aussi
une insistance sur l'importance des préceptes moraux en tant
que fondation de la Voie. Ces thèmes sont établis
dans le prologue de l'ouvrage dans lequel l'érudit Ananda,
qui se rappelait tout ce qu'avait enseigné le Bouddha mais
ne se donnait jamais la peine de s'asseoir et de méditer,
succombe à un maléfice et se trouve sur le point
de succomber entre les bras d'une prostituée, lorsqu'il est
sauvé par un mantra récité par le
Bouddha. La thématique du comment on peut combattre
efficacement les influences démoniaques sur son propre
esprit se poursuit à travers tout le Sûtra.
Dans la section qui suit immédiatement, sur
le topos de l'esprit, une distinction est faite entre l'esprit
caractérisé par la conscience discriminante et
l'esprit véritable, qu'on trouve en tous lieux
(c-à-d, qui sous-tend tous les dharmas). L'ouvrage contient
également une discussion sur la méthodologie de
la méditation à propos de l'importance de choisir
la faculté appropriée (indriya) comme
véhicule de la méditation, des instructions pour
la construction d'un bodhimanda tantrique, un long mantra, une
description des cinquante-sept stages du Bodhisattva, une description
des relations karmiques entre les destinées (gati), ou
sentiers de la renaissance, ainsi qu'une
énumération de cinquante états
démoniaques qu'on peut rencontrer sur le chemin. De
manière générale, le Sûtra a
une saveur tantrique/tathagatagarbhique avec un zeste de yogacara.
A partir du début des Song, le
Sûtra a été largement
étudié par toutes les écoles
bouddhistes chinoises et a été
spécialement populaire chez celles qui appartenaient au
mouvement syncrétique. J'ai trouvé 127
références de commentaires chinois de ce
Sûtra, ce qui est beaucoup pour un ouvrage aussi longuet,
dont 59 pour la seule dynastie Ming, alors qu'il était
particulièrement populaire. Il est relié
à l'éveil du maître de
l'époque Song Ch'ang-shui Tzu-hsuan et celui du
maître de l'époque Ming Han-shan Te-ching, tous
deux de l'école Chan..
Voyons maintenant la controverse sur son
authenticité. Les éléments les plus
anciens proviennent du Japon, où une controverse doctrinale
à son sujet fit rage entre deux écoles de Nara en
754. Bien que la dispute ait été
résolue en faveur de l'authenticité, la dispute
d'est rallumée en 772, losqu'une mission fut
envoyée en Chine pour plus d'information. Lorsque les
membres de cette mission revinrent, leur chef affirma qu'un
laïc chinois leur avait dit que le Sûtra
était un faux de Fang Yung. On était sur le point
de brûler le Sutra en public, lorsqu'un autre moine revint
d'un long séjour en Chine et dit que l'Empereur de Chine
venait tout juste de demander à ce qu'il soit
expliqué au palais, ce qui fait qu'il fut sauvé
à la dernière minute, quoiqu'il n'ait jamais
acquis grande faveur au Japon. Nous avons peu d'informations solides
sur ce qui se passait réellement au Japon, et nous ne
pouvons guère faire mieux que de spéculer. Il est
pourtant intéressant de remarquer que les dates des deux
controverses correspondent à des bouleversements politiques
affectant directement la communauté bouddhiste en ce pays.
Apparemment, il y a toujours eu des controverses en
cours, du moins dans certains milieux en Chine depuis les temps les
plus anciens. La plus ancienne référence au
Sûtra en Chine provient du néo-confucianiste
anti-bouddhiste Chu Hsi, qui condamne le Sûtra en tant que
faux. Ensuite, au treizième siècle,
Dôgen, le célèbre fondateur du Zen
Sôtô, fait mention que son maître
Ju-ching n'aimait pas non plus ce sûtra parce qu'il
était associé au mouvement syncrétique
bouddhiste (san chiao i chih). Les références les
plus anciennes qu'on trouve dans des ouvrages bouddhistes chinois
apparaîssent dans des commentaires de l'époque
Ming.
Il peut se révéler utile ici de
donner un bref aperçu des pour et des contre du
problème. En faveur de l'authenticité de
l'ouvrage, nous avons l'entière tradition orthodoxe chinoise
encore en existence, une partie de la plus ancienne
communauté bouddhiste japonaise et, parmi les chercheurs
modernes, Lo Hsiang-lin et peu-être von Stael-Holstein, qui
ne se mouille pas entièrement. Contre
l'authenticité, nous avons l'autre partie de la
communauté bouddhiste japonaise, dont Dôgen, ainsi
que Chu Hsi et quelques autres néo-confucéens; et
parmi les chercheurs modernes, on trouve les noms de Mochizuki,
Demiéville, et Lamotte. Mochizuki, Demiéville, et
Lamotte en enfilade sont très impressionnants, mais
ça se réduit en réalité
à un article plutôt sommaire de Mochizuki, qui n'a
de toute évidence pas passé beaucoup de temps
à étudier le sûtra, une longue note de
bas de page dans Le Concile de Lhasa par Demiéville, qui
suit Mochizuki, fondamentalement, et à peine une
brève mention par Lamotte, qui va dans le sens de
Demiéville. Autrement dit, aucun d'eux n'a
effectué de recherche systématique extensive sur
le sûtra.
Quoique j'aie probablement passé pas mal plus
de temps sur le sûtra qu'aucun des susmentionnés,
je peux difficilement offrir davantage qu'un rapport
intérimaire en ce qui concerne une résolution
finale et définitive des problèmes, que je vais
tenter de faire ressortir ici:
(1) Mochizuki et compagnie ont tenté de
montrer de deux manières que le compte-rendu traditionnel de
la transmission et de la traduction du sûtra est une
couverture bidon pour un apocryphe chinois. Ils ont tout d'abord
beaucoup investi dans le fait qu'il y avait controverse autant en Chine
qu'au Japon. Ensuite, ils font remarquer qu'il y a des contradictions
dans les deux premiers compte-rendus catalogués de la
transmission du sûtra et de sa traduction, qu'on trouve dans
le Hsu-ku-chin-i-ching-t'u-chi (T. 2152) et le K'ai-yuan-shih chiao-lu
(T. 2154), tous deux de Chih-sheng, un catalogueur connu et
généralement fiable qui tenait le Shurangama pour
authentique. Ces deux catalogues furent publiés au cours de
la même année, 730. Il est vrai que les
compte-rendus laissent voir un certain nombre d'inconsistances qui a
généré un confusion
subséquente, mais si on regarde attentivement et de
près les maigres preuves, l'accusation de fabrication ne se
trouve pas vraiment justifiée. Qui plus est, il est
difficile de voir pourquoi un apocryphe doté d'une
"histoire" fabriquée serait plus susceptible de
générer des compte-rendus conflictuels qu'un
ouvrage authentique.
(2) En examinant les preuves internes, ils tentent aussi
de démontrer que le sûtra a
été écrit en Chine. C'est vraiment
dans le domaine des preuves internes que le problème devra
finalement être réglé, d'une
manière ou d'une autre. Leur argumentaire couvre quatre
grandes aires: le langage, les inconsistences doctrinales, les emprunts
à d'autres ouvrages, et ce que j'aimerais appeler le
"TaoÏsme rampant" et autres références
à des choses chinoises.
a. Langage. Les deux parties concordent que le langage
est d'un style plus chinois classique que toute autre traduction
majeure. Traditionnellement, elle est attribuée à
une réécriture et à un polissage
rédactionnels considérbles par Fang Yung, qui,
ainsi qu'il a été mentionné plus
tôt, fut ministre de Wu Tzu-t'ien et fut banni à
Canton en 705 où il est censé avoir
participé au travail de traduction. La beauté de
la langue fait une telle première impression qu'elle est
souvent cause de négligence envers d'autres aspects.
b. Inconsistances doctrinales. Bon nombre des
éléments qui viennent d'être
soulignés sont soit erronnés ou
équivoques. Les zones où le sûtra ne
correspond pas à la tradition des autres textes bien
établis sont de celles où l'on ne s'attendrait
pas à ce qu'un Chinois assez raffiné pour
rédiger un tel ouvrage commette une erreur, par exemple de
simple inconsistance en p'an chiao (litt. "juger les enseignements"),
c'est-à-dire, des inconsistances en termes de chronologie
traditionnelle des enseignements du Bouddha, ou, pour citer un autre
aspect, des inconsistances sur des histoires bien connues à
propos des principaux disciples du Bouddha. De telles inconsistances
sur des choses simples contrastent fortement avec le raffinement
doctrinal de la plus grande partie du sûtra. Evidemment, de
semblables inconsistances sont loin d'être inconnues dans des
ouvrages dont l'authenticité n'est pas en cause.
c. Emprunts. Mochizuki utilise de façon
répétée le truc, inconsistant en
logique, de prétendre que si une idée
particulière apparaît dans le Shurangama qu'on
trouve aussi dans un autre sûtra, cela prouve que le
soi-disant auteur du Shurangama l' empruntée directement de
l'autre ouvrage et qu'en conséquence le Shurangama est donc
apocryphe. Les parallélismes peuvent nous aider à
comprendre les relations doctrinales entre les ouvrages, voire leur
développement historique comparatif, mais ne nous prouvent
rien en eux-mêmes sur l'authenticité des ouvrages.
d. "Taoïsme rampant" and
références à des choses chinoises. A
l'exception d'une section problématique qui concerne hsien,
terme qui, dans les textes bouddhistes, peut servir à rendre
rsi ou siddha en plus du sens taoïste habituel d' "immortel",
j'ai pu trouver des idées que Mochizuki et
Demiéville ont qualifié de taoïstes dans
d'autres ouvrages bouddhistes. Le chapitre hsien du Shurangama est
très bref et concis et pourrait facilement
représenter une traduction chinoise adaptive
d'idées tantriques bouddhistes. L'ensemble de la relation
doctrinale entre le nei-tan taoïste, aussi appelée
"alchimie intérieure", et les premiers tantras bouddhistes
est assez ténébreux, et jusqu'à ce que
nous en sachions davantage sur tous deux, le problème ne
pourra probablement pas être résolu de
façon adéquate.
Pour ce qui est des choses chinoises, il y en a diverses
courtes références parsemées dans tout
le texte, mais, tout autant qu'indiquant une origine chinoise du texte,
elles pourraient être une indication d'un style de traduction
qui substitue des correspondances, ce qui correspondrait tout
à fait à la phraséologie hautement
littéraire du Chinois.
(3) Tournons-nous maintenant vers l'autre
côté, et considérons
brièvement ce que nous pourrions trouver qui pourrait
indiquer une origine indienne de l'ouvrage:
a. Un grand nombre de mots sanscrits
apparaîssent dans le texte, y-inclus certains qu'on ne trouve
pas souvent dans les autres traductions chinoises. Qui plus est, le
système de translittération ne semble pas suivre
celui d'autres ouvrages.
b. La position doctrinale générale
du sûtra, qui est tantrique/tathagatagarbha, correspond
à ce que nous savons de ce qui se passait à
Nalanda à l'époque en question.
c. De grandes sections, comprenant la plus grande part
du texte du sûtra, semblent catégoriquement
contenir des éléments indiens. On pourrait
concevoir que certains passages puissent avoir
été construits à partir de textes
déjà traduits en chinois, quoique,
étant donné la masse et la complexité
du document, expliquer une bonne partie du teste de la sorte
signifierait que la tâche de rédaction
eût été assez énorme pour
qu'on puisse parler d'une oeuvre d'auteur. Pour les autres portions de
l'ouvrage, comme le bodhimanda et le mantra, il n'y a aucun doute sur
leur origine indienne.
(4) L'analyse préliminaire des preuves
internes indique donc que ce sûtra est probablement une
compilation de documents indiens qui pourraient avoir une longue
histoire littéraire antérieure. Qu'on note bien,
cependant, que, pour une compilation, ce qui est également
la manière dont ce sûtra est traité par
certains commentateurs, il a une complexe beauté de
structure qui n'est pas particul!ièrement chinoise et qui
transparait partout, et peut être clairement
distinguée de la syntaxe chinoise classique sur laquelle
l'attention se concentre habituellement. Ce qui fait que l'une des
difficultés de la théorie à l'effet
que le sûtra serait apocryphe tient à ce qu'il
serait difficile de trouver un auteur à qui on pourrait
assigner autant la structure que la langue, et qui serait
également familier avec les complexités
doctrinales contenues dans le sûtra. Il semble donc probable
que l'origine de la plus grande partie du document soit d'origine
indienne, quoiqu'il soit également évident que le
texte ait été édité en
Chine. Cependant, il faudra beaucoup de recherches
systématiques supplémentaires pour faire la
lumière sur tous les détails de la construction
assez compliquéee du texte.
(5) Permettez-moi maintenant de me livrer à
un peu d'auto-critique pendant quelques instants. Il me semble
qu'à ce point, nous concentrer sur le problème de
l'authenticité, comme je viens de le faire jusqu'ici, induit
une distortion de notre vision du texte, et peut-être des
autres (textes) dans la mesure où le problème
tend à gonfler hors de proportion, et donc distraire notre
attention de problèmes qui , à mon avis du moins,
sont probablement bien plus importants.
Voici ce que je veux dire: lorsqu'il s'agit de
comprendre le rôle d'un texte particulier dans le
développement du Bouddhisme en Chine, dès que
nous déterminons que les idées significatives
qu'il contient ne sont pas d'origine indigène chinoise,
c'est-à-dire que, peu importe l'auteur réel du
texte, toutes les idées qu'il contient tombe directement
dans le courant principal du Bouddhisme indien, alors, du moins dans un
certain sens, tout le problème de l'authenticité
devient non pertinent.
Si l'on veut comprendre le rôle du Shurangama
en Chine, il est de la plus grande importance de voir comment il a
été vu et interprété par la
communauté bouddhiste chinoise. Je n'ai
évidemment pas le temps ici de faire une
présentation systématique de ce sujet complexe,
mais j'aimerais simplement faire mention de quelques points:
D'abord, j'ai déjà
indiqué qu'au plan historique, le problème de
l'authenticité s'est embrouillé dans des
controverses doctrinales, voire peut-être politiques, au
Japon, ainsi que dans la controverse sur le mouvement
syncrétique bouddhiste dans la Chine des Song, et que le
sûtra a été attaqué par Chu
Hsi, qu'inquiétait indubitablement l'impact de la
popularité grandissante dudit sûtra.
Néanmoins, il fut massivement accepté par la plus
grande partie de la communauté bouddhiste en Chine. Je ne
connais aucune relation directe existante provenant d'un moine
bouddhiste chinois à l'effet que le sûtra serait
apocryphe.
Si nous souhaitons comprendre la pensée de
cette communauté qui a conduit à accepter ce
texte, il est nécessaire de considérer les
critères très différents
qu'utilisaient les bouddhistes chinois pour déterminer
l'authenticité. En conclusion, permettez-moi de vous donner
un seul exemple, dont j'espère qu'il se
révèlera quelque peu provocateur.
Ainsi que je l'ai déjà
mentionné, le Shurangama est lié à
l'éveil du célèbre maître de
Chan de la dynastie Ming, Han-shan Te-ch'ing. Selon son autobiographie,
il se servait du travail pour vérifier son éveil.
Il y explique qu'il n'avait jamais entendu de conférences
sur ce sûtra, et qu'il n'en comprenait pas du tout le sens.
Puis, selon ses propres mots, il étudia le sûtra
en se servant du pouvoir du yoga pratyaksa, ou perception
véridique directe, en prétendant qu'il est
impossible de saisir le sens de l'ouvrage si on laisse surgir la
moindreconscience discriminante. Après huit mois
d'étude constante, il nous dit qu'il en vint à
une compréhension totale de l'ouvrage,
dénuée de tout doute.
Autrement dit, je crois que nous pouvons dire que, pour
le maître de Chan Han-Shan, le sûtra
était vu comme l'empreinte d'un esprit dans lequel la
conscience discriminante avait été totalement
éliminée. Evidemment, Han-Shan ne souscrivait pas
aux idées académiques occidentales modernes sur
le développement historique des textes bouddhistes, et
croyait que le sûtra provenait directement du Bouddha
Shakyamuni lui-même, mais là n'est pas la
question. Ce qui est important, ici, c'est que la
vérification expérimentale que fait han-Shan de
ce que le texte est écrit au niveau de la conscience non
discriminante renforce sa croyance dans l'authenticité du
texte. un tel critère repose au-delà du segment
étroit des problèmes historiques et philologiques
qui ont jusqu'ici dominé les études
académiques modernes sur l'authenticité
textuelle. Il me semble qu'une étude ultérieure
des critères traditionnels tels que celui-ci devrait
être un prérequis à
l'évaluration de leur pertinence, ou manque de, en termes de
méthodologie et des objectifs de la recherche bouddhologique
moderne.
Pour
lire la version
originale en anglais, cliquer ici.
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