Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens

Site réalisé par Nanabozoh (le Grand Lapin)
Cette page a été mise à jour le 5 décembre 2006

            Versione italianagakudoit

[Repris du blogue de Gudo Wafu Nishijima rôshi]

9/10/2006

Gakudô-yôjin-shu 

Gakudo-yojin-shu (3) 

(Suite du texte)

No. 2 Etudier sans faute le vrai Dharma lorsque nous en avons la chance.


Si vous croisez et écoutez les enseignements authentiques du Bouddha Gautama, assurez-vous de les apprendre au travers de la pratique. (Dans le Confucianisme, on dit que) un conseil offert à un roi par un ministre loyal a parfois le pouvoir de révolutionner une nation. Donc, lorsqu'une parole du Bouddha Gautama nous est offerte, aucun de nous ne peut manquer de subir une révolution dans son coeur et son esprit.

Certes, s'il n'est pas intelligent, le roi ignorera le conseil de son loyal ministre. De même, à moins d'être excellents, nous ignorerons les paroles du Bouddha.

A moins de subir une révolution dans nos coeurs et esprits, nous ne pourrons pas nous séparer des tendances sociales ni cesser de nous soucier de la vie et de la mort. De même, ce n'est qu'en acceptant le conseil de son loyal ministre qu'un roi peut mettre en oeuvre des politiques efficaces dans son pays.



(Commentaires)

Maître Dôgen dit que si nous rencontrons les enseignements du Bouddha, il nous faut les apprendre sans faute. Et je crois que la raison pourrait bien se trouver dans le fait que le Bouddha Gautama a vécu dans une société de l'Inde ancienne très confuse où le matérialisme qu'enseignaient les six penseurs non-bouddhistes, et l'idéalisme qu'enseignaient les brahmanes, étaient les points de vue fondamentaux. Le Bouddha Gautama a consacré toute sa vie à la résolution des positions contradictoires de ces deux philosophies absolument raisonnables, qui sont purement intellectuelles, grâce à sa philosophie bouddhique, basée sur ce qui pratique et réel. Son succès réside dans sa découverte de la méthode logique des quatre philosophies. Je suppose que maître Dôgen reconnaît également que le Bouddhisme est la vérité ultime dans le monde entier, et qu'il s'attend donc à ce que toute le monde l'étudie sans faute.

C'est pourquoi maître Dôgen explique que même dans les sociétés séculières, il y a de nombreux exemples de l'énorme puissance des paroles de vérité, qui peuvent retourner des situations sociales de façon radicale. Il affirme de même que, dans les sociétés philosophiques, si on se base sur les enseignements du Bouddha Gautama, on peut changer complètement les sociétés humaines, à condition de les comprendre exactement et réellement, et qu'alors peut advenir une révolution dans toutes les sociétés humaines, grâce à ce système philosophique.


(Suite du texte)

No. 3. On ne peut entrer dans le Bouddhisme et en faire l'expérience que par l'action.


Pour entrer dans le Bouddhisme et en faire l'expérience, il faut toujours se fonder sur la pratique. Un livre séculier (du Confucianisme) dit que lorsque nous étudions, la récompense en est l'étude elle-même. le Bouddha Gautama a dit que lorsqu'on pratique, l'éveil existe simplement dans la pratique elle-même. Je n'ai jamais entendu parler de quiconque qui pourrait recevoir une éducation sans étudier, ni de personne qui pourrait obtenir l'éveil sans pratiquer.

On peut faire des distinctions intellectuelles entre la pratique qui se fonde sur la foi subjective et la pratique qui se fonde sur des enseignements objectifs, ou bien entre l'éveil soudain ou graduel, mais ce n'est qu'avec la pratique elle-même qu'on peut transcender l'éveil. Les étudiants peuvent être classés en fonction de la profondeur de leur étude, ou selon qu'ils sont brillants ou stupides, mais ceux qui triment dans leur étude ne peuvent manquer de devenir éduqués. Recevoir une éducation ne dépend pas seulement de la bonté ou de la méchanceté du roi, ou de la chance ou de la malchance de l'étudiant. Si on pouvait avoir une éducation sans avoir à étudier, comment pourrait-on transmettre les façons de ces rois anciens qui savaient gouverner avec efficace? De même, si on pouvait recevoir l'éveil sans avoir à pratiquer, comment pourrait-on comprendre les enseignements du Bouddha Gautama sur l'illusion et l'éveil? Nous devons savoir que nous n'établissons pas la pratique ailleurs que dans l'illusion, et que nous obtenons l'expérience avant l'éveil. C'est alors que nous pouvons savoir que les bacs et les radeaux dans lesquels nous croyions voyager n'étaient que des rêves de la nuit d'avant, et que nous pouvons nous libérer à jamais de nos vieilles illusions, en voyant que ce terrible serpent n'était rien d'autre qu'un lierre grimpant. Les bouddhas ne font pas d'effort intentionnel pour que cela se produise; cela arrive lorsqu'ils sont activés par le moment présent.

Qui plus est, on peut dire ceci: l'expérience est le résultat de la pratique. Notre propre trésor ne vient pas d'ailleurs que de nous-mêmes. Et la pratique est une fonction de l'expérience. Donc (comme la pratique et l'expérience en zazen ne font qu'un) comment pouvons-nous redéfinitr notre état mental concret comme quoi que ce soit d'autre que ce qu'il est? En même temps, quand nous utilisons les yeux de l'expérience pour réfléchir sur la situation de notre pratique, pas une seule tache n'obscurcit notre vision; c'est comme si nous pouvions voir des nuages blancs à des milliers de milles de distance. Mais si nous analysons chaque étape de notre pratique comme étant une marche en direction de l'éveil, nos pieds ne pourront pas entrer en contact avec le moindre grain de poussière réelle; si nous tentons de poser le pied par terre, notre état céleste et la terre concrète seront séparés complètement. 

En nous retirant1 humblement de ce type d'état, nous pouvons transcender même l'état de bouddha.

Rédigé le 9 mars (dans le calendrier lunaire) de la seconde année de l'ère Tenpuku.


1En faisant un pas en arrière, en prenant du recul


(Suite du texte)

No. 4. Il ne faut jamais pratiquer le Bouddhisme dans l'idée d'en tirer quelque chose


La pratique des enseignements du Bouddha Gautama ne peut se faire qu'en acceptant les vrais normes que nous ont léguées nos ancêtres bouddhistes. Nous ne devons pas utiliser nos propres normes.

Qui plus est, si nous nous basons sur le mental, nous ne pourrons jamais recevoir les enseignements du Bouddha, pas plus que si nous nous basons sur la négation du mental.

Faute d'avoir, pour contrôler nos actions, un mental en ligne avec la vérité, notre corps-et-esprit ne peut trouver la paix de l'équilibre. Sans équilibre paisible du corps et de l'esprit, ce dernier ne peut être agréable. Sans cet équilibre agréable du corps-et-esprit, l'expérience de la vérité peut être douloureuse.


Ceux qui peuvent contrôler leurs actes pour les mettre en accord avec la vérité, comment se comportent-ils? Leur esprit ne saisit ni ne rejette rien, et ils n'ont aucune envie de gloire ou de richesses. Ils ne pratiquent pas les enseignements du Bouddha pour se rendre populaires.

Cependant, si on regarde les gens d'aujourd'hui, même ceux qui pratiquent les enseignements du Bouddha Gautama, on peut voir une fissure s'ouvrir de plus en plus béante entre leur esprit et la vérité. S'il est quelque chose qu'ils peuvent faire pour obtenir la louange des autres, ils le font sans attendre, même s'ils savent que ce n'est pas la vérité. Si leurs pratiques n'arrachent pas la révérence et l'admiration des autres, ils les rejettent, tout en sachant qu'elles sont peut-être justement la vérité. Devons-nous dire que le mental et le comportement de nos contemporains sont les enseignements du Bouddha Gautama? Honte sur nous. Honte sur nous. Les yeux des saints bouddhistes brillent de tous leurs feux sur la situation réelle.

En général, ceux qui pratiquent les enseignements du Bouddha ne le font pas pour eux-mêmes, comment donc pourraient-ils jamais pratiquer dans un but de gloire et de richesse? Nous ne devons pratiquer que pour les enseignements eux-mêmes. La bienveillance et la compassion des bouddhas, leur amour et leur pitié pour les êtres vivants ne sont ni égoïsme ni altruisme; ce ne sont que des sentiments ordinaires dans le Bouddhisme. N'avez-vous jamais vu comment les insectes et les animaux luttent et souffrent pour élever leur descendance, subissant la torture physique et mentale, et comment à la fin, ils ne tirent aucune récompense de leurs longs efforts en tant que père et mère? Et pourtant, ils s'occupent de leurs petits avec bienveillance et compassion. Même les petits animaux sont ainsi. Les bouddhas considèrent naturellement les êtres vivants de la même façon.


Les splendides enseignements des bouddhas ne se limitent pas à la bienveillance et à la compassion; ils se manifestent naturellement à chaque endroit concret. C'est le fait de base, et il s'applique également à tout.


Maintenant que nous sommes les disciples du Bouddha Gautama, comment raterions-nous la chance qui nous est donnée de pouvoir suivre les habitudes bouddhiques? Nous, pratiquants bouddhistes, ne devrions pas avoir l'intention de pratiquer ces enseignements pour notre propre avantage, ni pour la gloire et la richesse, ni pour les bons et les mauvais effets, ni pour en tirer un quelque chose de mystique. Ce n'est que pour eux-mêmes que nous pratiquons les enseignements bouddhiques – c'est la simple vérité.



(Commentaire)

Dans les enseignements bouddhiques, toute action doit être accomplie pour elle-même, et l'action bouddhiste ne doit jamais avoir d'autre propos que l'action elle-même. C'est juste le principe générale de l'acte bouddhique, qui se base toujours sur la philosophie de l'action, et nous devons donc penser l'acte bouddhique comme étant le but de l'action elle-mêmes.


No. 5 Il est très important que nous nous choisissions un maître authentique.

Pour pratiquer zazen et étudier la vérité, cherchez-vous un maître authentique.

Un maître ancien a dit: « Si l'établissement de la vérité est incorrect, alors toutes les pratiques n'aboutiront à rien ».

Que ces mots sont donc vrais! Et nous devons aussi savoir que la pratique de la vérité dépend de si le maître est vrai ou pas.


L'élève est comme un bois de bonne qualité et le maître comme un charpentier. Le bon bois ne montrera pas sa beauté à moins de passer par les mains d'un habile charpentier. Alors qu'entre les mains d'un bon ouvrier, même le bois voilé arrive à montrer sa qualité sans délai. La vérité ou la fausseté de l'enseignement repose sur la justesse ou l'erreur du maître. On peut le comprendre au moyen de cette comparaison. Il n'y a jamais eu, cependant, de maître authentique dans toute l'histoire du Japon. Comment le savons-nous? On le sait en lisant ce qu'on dit les maîtres du passé, de même qu'on peut trouver la source d'une rivière en écopant de l'eau en aval.

Dans notre pays, des temps anciens à nos jours, quoique de nombreux enseignants aient édité des livres, enseigné à des étudiants, et prêché à des êtres humains et à des dieux du ciel, leurs paroles étaient vertes et leur discours immature. Ils ne sont jamais arrivés aux limites supérieures de l'étude intellectuelle, comment donc auraient-ils pu atteindre les limites de l'expérience rélle? Ils ont juste transmis des mots et des phrases et fait réciter les noms du Bouddha à leurs disciples. Jour et nuit, ils ont compté les trésors d'autres qu'eux, sans jamais pouvoir en tirer un demi sou pour eux-mêmes. Telle fut l'erreur des maîtres anciens.

Certains d'entre eux ont enseigné aux autres de rechercher un éveil qui était différent d'un état mental concret, et d'autres ont enseigné de se tourner vers la vie dans un autre monde. Illusion ,confusion et idées fausses ont surgi de ces enseignements.

(C'est comme quand de mauvais médecins prescrivent un remède). Par exemple, même si le remède est bon en lui-même, si le médecin ne dit pas à son patient comment le prendre, il peut se révéler pire qu'un poison. Jamais personne en ce pays n'a pu administrer le remède de façon efficace, et jusqu'à ce jour, aucun maître n'a pu donner d'antidote pour le mauvais remède. c'est pour cette raison que les gens se sont battus pour éviter la vie et la maladie, mais c omment quiconque pourrait-il éviter de vieillir et de mourir? Que des gens aient tenté de le faire était complètement de la faute des enseignants; les étudiants en sont absolument pas à blâmer.

Pourquoi dis-je ainsi? Parce que ces choses arrivent lorsque les enseignants amènent leurs élèves à rejeter les fondamentaux en faveur de trivialités. Avant qu'ils aient le moindre entendement à eux, ces enseignants s'occupent exclusivement de renforcer leur propre mental égoïste, alors que tout autour d'eux d'autres tombent dans des états erronés. C'est pitoyable. Les enseignants eux-mêmes n'ont jamais compris cette erreur et cette illusion, comment leurs disciples pourraient-ils distinguer le bon du mauvais?


Il est très regrettable que les enseignements du Bouddha Gautama ne se soient jamais répandus dans ce petit pays  si loin des nations civilisées1et qu'aucun maître authentique n'y soit jamais apparu. Si vous voulez étudier la suprême Vérité bouddhique, vous devrez visiter d'excellents maîtres bouddhistes dans la Chine lointaine. Pensez à la voie vigoureuse qui est loin au-delà de la pensée intellectuelle. Si vous ne pouvez pas trouver un maître authentique, il vaudrait mieux ne pas étudier du tout.

En général, quand vous recherchez un maître authentique, ne vous souciez pas de son âge ou de son expérience: un maître authentique n'est que quelqu'un qui a réalisé les enseignements authentiques et qui a reçu la certification d'un maître authentique. La connaissance des mots n'a pas d'importance. La compréhension n'est pas primordiale. Une personne de puissance extraordinaire et à la vigueur mentale sans restrictions, qui transcende sa propre opinion, qui ne traîne pas dans des états de conscience émotionnelle, et en qui la pratique et la compréhension s'équilibrent --- tel est un maître authentique.




(Commentaire)

Dans la dernière partie de la fin de ce chapitre, maître Dôgen dit que "dans le cas où il nous serait impossible de trouver un maître bouddhiste authentique, il vaudrait bien mieux ne pas étudier le Bouddhisme du tout." Le sens de cette phrase est bien ce qu'il paraît. Il vaut mieux ne rien faire que de le faire mal. Cette idée est très importante. L'étude du Bouddhisme n'est que nos efforts propres pour rechercher la Vérité en lui sacrifiant totalement notre vie, et si ce n'est que la Vérité que nous poursuivons, c'est très heureux, mais si ce n'est pas le cas, cela pourrait être sérieux, car nous risquons de poursuivre de faux enseignements toute notre vie en croyant qu'ils sont la vérité. Dans un tel cas, nous aurons perdu notre vie toute entière à suivre une théorie erronée, alors que nous n'avons que celle-là.
C'est pourquoi maître Dôgen proclame que nous ne devrions jamais étudier le Bouddhisme sous la direction d'un maître qui ne le comprend pas véritablement et exactement, pour ne pas perdre notre vie en vain.
A partir d'exemples concrets et réels, nous devons penser les problèmes avec sincérité et éviter les mauvais enseignants.



1  Le Japon de Dôgen, au XIII° siècle.

Suite du texte du Gakudô Yôjin shu


Pour tout renseignement sur Nishijima Roshi, et sur ses livres et articles publiés par Windbell Publications Ltd, veuillez vous rendre sur le site, à:

http://www.windbell.com

Dogen Sangha

 

© Windbell Publications 1992
4-505 Kamishakujii 3-19
Nerima-ku, Tokyo 177, JAPON
Tél/Fax: +81 (0)3-3929-4680
http://www.windbell.com



Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens