Le maître zen (zenji)
Eihei Dôgen
Le Shôbôgenzô,
le "Trésor de l'Oeil du Vrai
Dharma" et autres textes.
Quatrième partie
Toutes ces traductions sont basées sur la version Nishijima-Cross du Gendaigoyaku
Shoubougenzou ou Shôbôgenzô en japonais moderne, en 13 volumes, de maître
Nishijima.
[73] Sanjushichi-Bon-Bodai-Bunpô
Les trente-sept méthodes auxiliaires de la Bodhi
Sanjushichi a le sens de «trente-sept». Bon veut dire «sortes». Bodai
représente le mot sanscrit bodhi, qui veut dire «vérité». Bunpô signifie
«méthodes auxiliaires». Sanjushichibon Bodai Bunpô veut donc dire «les
trente-sept sortes de méthodes auxiliaires [pour atteindre] la vérité».
En général, les études bouddhiques se divisent entre Bouddhisme Hinayana
et Bouddhisme Mahâyana. Et les trente-sept méthodes sont dites, en
général, appartenir au Bouddhisme Hinayana, parce qu’il en est discuté
dans l’Abhidharma-mahâvibhasa-çastra, qui est un texte fondamental de ce
dernier. Au Japon, et en particulier chez les maîtres mahayanistes, il
était très rare que les moines bouddhistes discutent de ces enseignements.
Mais maître Dôgen avait ses propres vues du mahâyana et du Hinayana. Selon
lui, il n’existe qu’un seul Bouddhisme, qu’enseignait le Bouddha Gautama.
Aussi, quoiqu’il y ait des distinctions entre le Mahâyana et le Hinayana,
celles-ci sont dûes aux différentes époques pendant lesquelles deux sortes
de Bouddhismes ont été enseignés. C’est pourquoi maître Dôgen n’aime pas
faire de discriminations entre ces deux courants du Bouddhisme. Dans ce
chapitre, maître Dôgen explique les trente-sept méthodes comme pratique
bouddhique qui n’est pas divisée entre le Hinayana et le Mahâyana, et qui
est fondée sur la pratique de Zazen.
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[74] Temborin
Faire tourner la roue du Dharma
Ten signifie «tourner»; hô a le sens de «Dharma», ou les enseignements du
Bouddha, et rin signifie «roue», ou çakra en sanscrit.
Dans l’Inde ancienne, çakra était une roue avec des rayons pointus,
utilisée en tant qu’arme. L’enseignement du Bouddha a été assimilé au fait
de faire tourner un çakra, c’est pourquoi temborin, ou faire tourner la
roue du Dharma, veut dire «enseignement du Bouddha». Dans ce chapitre,
maître Dôgen explique le sens véritable de l’enseignement bouddhique.
Avant son explication, il cite les paroles de nombreux maîtres sur ce qui
se produit lorsque quelqu’un réalise la vérité et revient à l’origine.
Maître Dôgen fait cela pour illustrer la valeur des écritures bouddhiques
écrites en Chine. Certains prétendent que seules les écritures écrites en
Inde peuvent être appelées «écritures bouddhiques», et que les écritures
chinoises ne peuvent prétendre à ce titre. Mais maître Dôgen a des vues
plus larges : selon lui, les sûtras cités par de vrais Maîtres
bouddhistes sont des écritures bouddhiques véritables, même s’ils ont été
produit hors de l’Inde. Ils deviennent de véritables écritures bouddhiques
parce que ces maîtres véritables les citent. Sur ces bases, maître Dôgen
insiste sur le fait que l’enseignement du Bouddhisme peut être fait
partout tout le temps. C’est pourquoi il explique, dans ce chapitre, la
validité universelle de l’enseignement bouddhique. En même temps, il
insiste que de prêcher le véritable Bouddhisme, c’est passer sa vie dans
un temple et pratiquer Zazen dans une salle de Zazen.
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[75] Jisho Zanmai
Le samadhi comme auto-expérience.
Ji est réflexif, sho veut dire expérimenter, et zanmai signifie «samadhi»,
ou «état équilibré». C’est pourquoi jisho zanmai exprime le samadhi, comme
état d’auto-expérience.
Dans ce chapitre, maître Dôgen explique le sens de jisho zanmai, ou
«samadhi, comme auto-expérience». En même temps, il critique la mauvaise
compréhension de maître Dai-e Soko et de ses disciples. Ces derniers
comprenaient que jisho zanmai signifie obtenir le soi-disant éveil, et ils
faisaient porter leurs efforts pour obtenir ce soi-disant éveil au plan
intellectuel. Maître Dôgen n’était pas d’accord avec eux, et c’est
pourquoi, dans ce chapitre, il critique fortement maître Dai-e Soko afin
de montrer le sens véritable de jisho zanmai.
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[76] Dai Shugyô
Grande pratique
Dai veut dire grand, et shugyô veut dire «pratique». Aussi dai shugyô
a-t-il le sens de «grande pratique».
Il y a une histoire célèbre à propos de maître Hyakujo Ekai et d’un renard
sauvage; elle concerne la relation entre la pratique bouddhique et la loi
des causes et des conséquences. Cette relation est expliquée de deux
façons , chacune totalement en désaccord avec l’autre. L’une dit qu’un
homme de grande pratique «ne tombe pas dans la loi des causes et des
conséquences»; en d’autres mots, il nie l’influence des causes et des
conséquences sur une personne qui a une grande pratique. L’autre
explication dit, «ne manquez pas de clarté à propos des causes et des
conséquences»; en d’autres termes, elle affirme l’influence des causes et
des conséquences sur quelqu’un qui a une grande pratique. Mais maître
Dôgen considère que la différence entre les deux explications n’est qu’une
histoire de pensée intellectuelle, et non pas la situation réelle. Il
explique qu’une personne de grande pratique transcende autant la négation
que l’affirmation de la loi des causes et des conséquences, en agissant
dans le monde réel.
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[77] Koku
L’espace
Ko a le sens de «vacant» ou de «vide», et ku signifie «air», «espace».
Ainsi, koku veut dire «espace». L’espace et le temps sont des concepts
très importants en philosophie depuis les temps les plus anciens, et même
dans l’Inde de l’Antiquité, les gens discutaient fréquemment du problème
de l’espace et du temps. Et cette tradition a influencé le Bouddhisme,
jusqu’à faire de ce problème de l’espace-temps un aspect important du
Bouddhisme. Dans ce chapitre, maître Dôgen discute de l’espace. Il
commence par citer une discussion entre maître Shakkyo Ezo et maître Seido
Chizo. Puis il donne sa propre explication, en citant un poème de maître
Tendô Nyojô, une discussion entre maître Baso Do-itsu et un moine nommé
Seizan Ryo, ainsi que les paroles de maître Vasumitra.
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[78] Hatsu-U
Les Patra
Hatsu représente le sanscrit patra, et u signifie bol ou bols. En Inde,
les moines bouddhistes mangeaient leurs repas dans un grand bol appelé un
patra. Et le mot patra a été traduit par hatsu-u en Chine. Hatsu-u désigne
donc les bols à nourriture utilisés en Chine. dans ce chapitre, maître
Dôgen explique l’importance du patra, qui est traditionnellement vénéré
très hautement, en tant que symbole de la vie bouddhique.
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[79] Ango
La retraite
An signifie «tranquille» et go veut dire «résider». Ango, c’est la
retraite d’été de quatre-vingts-dix jours. En Inde, la saison des pluies
dure pendant environ trois mois de l’été. Les bouddhistes de l’Inde
ancienne profitaient de cette époque pour pratiquer Zazen intensément, et
on appelait cette période varsika, en sanscrit. La tradition fut importée
en Chine, et c’est ainsi que maître Dôgen en fit l’expérience pendant les
trois mois de l’été, lorsqu’il alla en Chine, et il sentit qu’il en allait
de sa mission de l’introduire qu Japon. C’est pourquoi il écrivit ce
chapitre.
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[80] Tashintsu
Le pouvoir de connaître les pensées des autres
Ta veut dire «autres», shin signifie «esprit», et tsu (abbréviation de
jinzu) a le sens de «pouvoir magique». Tashintsu signifie donc «le pouvoir
magique de connaître l’esprit des autres». Dans certaines théories
bouddhiques, on dit qu’il est possible que les pratiquants du Bouddhisme
puissent gagner le pouvoir magique de lire dans l’esprit des autres. En
rapport avec ceci, il y a une célèbre histoire de questions et réponses
entre maître Nanyo Echu et un moine indien nommé Daini Sanzo. Et cinq
maîtres bouddhistes fameux ont discuté le sens de cette histoire. Mais
maître Dôgen n’est pas satisfait des explications de ces cinq maîtres
célèbres. C’est pourquoi, dans ce chapitre, il critique les vues des cinq
maîtres et explique son propre point de vue, dans la foulée.
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[81] Ô Saku Sendaba
Le roi demande son saindhava!
Ô veut dire «roi», saku a le sens de «chercher», «requérir», et sendaba
est la translittération phonétique du sanscrit saindhava. Saindhava veut
dire «produits de la vallée de l’Indus».
Dans le Mahâ-parinirvâna-sûtra, il y a une histoire qui exprime les
multiples sens des mots et l’ambiguïté de la réalité. Lorsqu’un roi a
besoin de laver ses mains et demande le saindhava, son serviteur apporte
de l’eau. Lorsqu’il mange un repas et qu’il demande le saindhava, son
serviteur lui apporte le sel. Lorsqu’il veut boire de l’eau et qu’il
demande le saindhava, le serviteur lui apporte une tasse. Et lorsque le
roi veut sortir et qu’il demande son saindhava, le serviteur lui amène un
cheval. Les moines de l’ancienne Chine utilisaient souvent cette histoire
pour illustrer les multiples sens des mots et l’ambiguïté de la réalité.
Aussi maître Dôgen explique-t-il le sens du «roi qui demande son
saindhava» sur la base de ses propres pensées.
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[82] Ji-Kuin-Mon
Phrases à afficher dans la cuisine
Ji, c’est montrer, kuin, c’est les cuisines d’un temple, et mon a le sens
de «phrases». Ji-kuin-mon veut donc dire «Phrases à montrer, à afficher
dans les cuisines».
Ce chapitre n’était pas inclus dans le Shôbôgenzô, à l’origine, mais
lorsque maître Hangyo Kozen a publié l’édition en 95 chapitres, en 1690,
il l’a inclus en même temps que le Bendôwa et le Ju-un-dô-shiki. Maître
Dôgen estimait très hautement la valeur de la cuisine dans la vie d’un
temple bouddhiste. Il écrivit un livre appelé le Tenzo-kyôkun ou
«Instructions pour le cuisinier». La raison pour laquelle maître Dôgen a
écrit ce livre, et celle pour laquelle il vénérait le travail des cuisines
dans un temple bouddhiste, c’est son expérience en Chine. Juste après être
arrivé en Chine, il a rencontré un vieux moine qui était fier d’être le
cuisinier de son temple, et qui lui a expliqué la valeur de la cuisine en
tant que pratique bouddhique-même. Plus tard, maître Dôgen rencontra un
autre vieux moine qui travaillait très diligemment à faire sécher des
algues pour le repas des moines, et il s’est rendu compte de l’importance
pour un moine bouddhiste de préparer les repas pour les autres pratiquants
d’un temple. Maître Dôgen expprime donc cette même idée dans ce chapitre.
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[83] Shukke
Quitter la vie de famille
C’était la coutume, dans l’Inde ancienne, pour ceux qui voulaient chercher
la vérité, de quitter leur famille, et cette coutume fut maintenue dans la
communauté bouddhique. Premier de tous, on dit du Bouddha Gautama qu’il
avait quitté la vie de famille et avait commencé sa vie de moine lorsqu’il
avait 29 ans. Donc, dans la communauté bouddhique, on vénère hautement
l’abandon de la vie de famille afin de rechercher la vérité. Ce chapitre
explique la coutume.
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[84] Sanji-No-Go
Le karma en trois temps
San signifie trois, ji veut dire temps, et go a le sens de «conduite».
Dans ce cas-ci, sanji veut dire trois sortes de décalages temporels, et go
signifie autant le comportement que ses effets. Comme on sait, la croyance
dans les causes et les conséquences est une théorie très importante de la
philosophie bouddhique. C’est pourquoi maître Dôgen a écrit un chapitre du
Shôbôgenzô intitulé Shinjin-inga, ou «Croyance profonde dans les causes et
les conséquences». Il insiste que toutes choses et phénomènes dans
l’Univers sont gouvernés par cette loi des causes et des conséquences,
parfaitement et sans aucune exception. Selon cette théorie, nous devrions
nier l’existence d’un quelconque événement non-déterminé. Mais dans os
vies quotidiennes, il semble souvent que de tels accidents se produisent.
Aussi, si le Bouddhisme insiste sur le fait que cette loi des causes et
des conséquences est totalement parfaite, il lui faut expliquer
l’apparente existence de nombreux accidents. Le Bouddhisme explique ces
accidents par la théorie selon laquelle il y a trois sortes de décalages
temporels entre notre comportement et l’effet de ce comportement. Après
avoir agi, l’effet se manifeste parfois immédiatement, parfois ce n’est
qu’avec un petit décalage de temps, et parfois cet effet ne se manifeste
qu’après un décalage de temps très long. Dans ces deux derniers cas, on
doute généralement du fait que cette loi gouverne le monde. Mais si nous
reconnaissons les trois types de décalage entre le comportement et ses
effets, nous pouvons affirmer l’existence de la loi des causes et des
effets dans tous les cas, ssans exception. Maître Dôgen explique ce
problème dans le chapitre suivant.
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[85] Shime
Quatre chevaux.
Shi signifie «quatre» et me veut dire «chevaux», shime veut donc dire
«quatre chevaux». Dans une écriture bouddhique très ancienne appelée
Samyukta gama, on peut trouver une histoire au sujet de quatre types de
chevaux : ceux qui connaissent l’intention du cavalier à la vue du
fouet, ceux qui connaissent l’intention du cavalier au moment où le fouet
touche leur crin, ceux qui la connaissent lorsque le fouet touche leur
chair, et ceux qui la connaissent lorsque le fouet touche leurs os. Ces
différences entre ces quatre types de chevaux sont utilisées comme
métaphore des différences entre les élèves bouddhistes dans leur capacité
intuitionnelle à étudier le Bouddhisme. Le Bouddhisme n’est pas toujours
étudié par l’intellect, mais parfois par l’intuition. C’est pourquoi il
est très important pour les bouddhistes d’avoir la capacité intuitive de
réaliser les enseignements de leur maître. Maître Dôgen explique donc le
sens de shime, ou des quatre sortes de chevaux, dans ce chapitre.
[86] Shukke-Kudoku
Le mérite de quitter la vie de famille.
Shutsu veut dire «sortir de», ou «transcender». Ke veut dire «maison» ou
«vie de famille, et kudoku signifie «mérite». Shukke kudoku signifie donc
le mérite de transcender la vie de famille;
Nous, êtres humains, sommes généralement éduqués dans des familles, de
sorte qu’on peut dire que l’influence qu’a sur nous notre famille est
incroyablement forte. Le but de l’étude du Bouddhisme, c’est d’atteindre à
la vérité. De sorte que si nous voulons y arriver, il nous est nécessaire
de transcender la vie de famille, car, lorsque nous sommes habitués à la
vie de famille, nous en sommes parfois influencés et ne pouvons plus faire
le partage de ce qui est la vérité. Donc, le mérite de quitter la vie de
famille est très respecté dans le Bouddhisme, et maître Dôgen explique les
bénéfices de cet abandon, suivant la tradition bouddhique.
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[87] Kuyo-Shobutsu
Servir des offrandes aux bouddhas
Ku-yo signifie «faire des offrandes», et shobutsu signifie «bouddhas» ce
qui fait que Kuyo-shobutsu signifie «faire des offrandes aux bouddhas».
C’est une tradition bouddhique que les croyants bouddhistes servent des
offrandes aux bouddhas. Les bouddhas sont des gens qui ont atteint à la
vérité, il est donc très naturel que les croyants bouddhistes leur fassent
des offrandes. Mais ceux qui ont un point de vue spirituel pourraient dire
qu’il n’est pas nécessaire de faire des offrandes matérielles, un
déférence purement spirituelle étant suffisante. Cependant, le Bouddhisme
n’est pas une religion spirituelle, mais une religion de la réalité. Le
Bouddhisme vénère le comportement. Aussi estime-t-il la valeur d’une
offrande réelle, et reconnaît-il la sincère attitude de foi présente dans
une telle offrande. Ces offrandes ont de la valeur ne fut-ce que parce
qu’elles sont comportement bouddhique.
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[88] Kie-Sambô
Prendre refuge dans les Trois Trésors.
Ki-e signifie «dévotion à» ou «prendre refuge dans» et sambô veut dire les
Trois Trésors» : Bouddha, Dharma, Sangha. Le Bouddha est Siddhartha
Gautama et d’autres qui ont atteint le même état que lui. Le Dharma veut
dire la réalité. Le Sangha signifie la communauté bouddhique des moines,
des nonnes et des laïcs. Les Trois Trésors sont la suprême valeur dans le
Bouddhisme et maître Dôgen souligne l’importance de se vouer aux Trois
Trésors, car la dévotion aux Trois Trésors est le commencement et la fin
du Bouddhisme.
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[89] Shinjin-Inga
Foi profonde dans les causes et les conséquences.
Shin veut dire profond, et shin (ici prononcé jin) signifie foi. In veut
dire cause, et ka (ici prononcé ga) a le sens de conséquence. Shinjin-inga
est donc la foi profonde dans les causes et les conséquences.
Il est évident que la théorie bouddhique inclut la foi dans les causes et
les conséquences. Mais de nombreux soi-disant mahayanistes disent que
cette théorie appartient au Bouddhisme Hinayana, et que le Mahayana peut
transcender la foi dans les causes et les conséquences. Cette idée,
cependant, est fausse. Maître Dôgen insistait pour dire que, pour
comprendre le Bouddhisme, il est très important de croire en la loi des
causes et des conséquences, c’est pourquoi il a souligné cette importance
dans ce chapitre. Il y a, dans le Bouddhisme chinois, une histoire très
célèbre à propos d’un prêtre bouddhiste qui était tombé dans la vie d’un
renard sauvage parce qu’il avait nié cette loi, mais qui fut sauvé par les
paroles de maître Hyakujo Ekai. De nombreux étudiants du Bouddhisme se
sont mépris sur cette histoire en croyant à un exemple qui enseigne la
transcendance des causes et des conséquences. Mais maître Dôgen explique
le sens de l’histoire et explique la foi profonde dans les causes et les
conséquences, dans la théorie bouddhique.
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[90] Shizen-Biku
Le bhiksu dans le quatrième Dhyana
Shi veut dire quatre. Zen représente le mot sanscrit dhyana, qui signifie
Zazen, ou l’état en Zazen. Biku représente le mot sanscrit bhiksu, qui
ceut dire un moine bouddhiste. Shizen-biku, ou le bhiksu qui a atteint le
quatrième état en Zazen, était un moine qui s’était mépris sur son propre
état, en croyant qu’il était un arhat, le quatrième et dernier stade d’un
pratiquant du Bouddhisme. A sa mort, ce moine vit une image qui n’est
normalement vue que par quelqu’un qui a atteint le quatrième état en
Zazen, aussi crut-il s’être fait tromper par le Bouddha Gautama. Et, à
cause de cette idée fausse, il tomba en enfer. Maître Dôgen cite cette
histoire en tant qu’exemple d’une mauvaise approche du Bouddhisme. De
plus, il insiste fortement dans ce chapitre sur le fait que c’est une
sérieuse erreur pour les étudiants du Bouddhisme que de croire que les
enseignements du Bouddhisme, du Confucianisme et du Taoïsme sont les
mêmes.
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[91] Yui-Butsu-Yo-Butsu
Seuls les Bouddhas, ensemble avec les Bouddhas.
Yui veut dire «seulement», butsu veut dire «bouddha» ou «bouddhas» et yo
signifie «et» ou «ensemble avec». en conséquence, Yui-butsu-yo-butsu
signifie «seuls les Bouddhas, ensemble avec les Bouddhas».
Yui-butsu-yo-butsu sont des paroles très connues du sûtra du Lotus. La
phrase du sûtra du Lotus qui comprend ces mots yui-butsu-yo-butsu, est
«seuls les Bouddhas, ensemble avec les Bouddhas sont directement en mesure
de réaliser que tous les dharmas sont forme véritable». Dans ce chapitre,
maître Dôgen explique ce que sont les bouddhas.
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[92] Shoji
Vie et mort
Sho signifie «vie» et ji veut dire «mort», shoji veut donc dire «vie et
mort». Nous avons les mots «vie» et «mort», mais maître Dôgen ne nous
recommande pas de comprendre intellectuellement ce que sont notre vie et
notre mort. Il trouvait la valeur dans notre vrai vie quotidienne
elle-même. Ainsi, dans ce chapitre, maître Dôgen explique vie-et-mort
comme le véritable état momentané de notre vie quotidienne dans lequel vie
et mort sont combinés.
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[93] Dôshin
La volonté de vérité
Dô, qui veut dire «voie» ou «vérité», est une traduction du mot sanscrit
bodhi, et shin signifie «esprit» ou «volonté». Dôshin représente donc le
sanscrit bodhicitta. Dans ce chapitre, maître Dôgen prêche la volonté pour
la vérité, la dévotion aux Trois Trésors, la fabrication d’images du
Bouddha, et la pratique de Zazen. Les enseignements de ce chapitre sont
plutôt concrets et directs, ce qui fait que certains savants bouddhistes
ont pu supposer que ce chapitre ait pu être prêché aux laïcs, hommes et
femmes.
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[94] Jukai
Recevoir les préceptes.
Ju veut dire «recevoir», et kai signifie les «préceptes bouddhiques»,
ainsi jukai signifie «recevoir les préceptes». La tradition bouddhique
veut que les gens qui veulent entrer dans les ordres bouddhiques reçoivent
les préceptes. On peut donc dire que de recevoir les préceptes bouddhiques
est une cérémonie d’entrée dans les ordres bouddhiques, ou pour devenir
bouddhiste. Maître Dôgen estimait hautement la valeur de recevoir les
préceptes. C’est pourquoi il explique dans ce chapitre la valeur de
recevoir les préceptes, et fait valoir un exemple de cérémonie de
réception des préceptes.
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[95] Hachi-Dainingaku
Les huit vérités d’un grand être humain
Hachi signifie huit. Dainin parle d’un grand être humain, c’est-à-dire un
bouddha. Et kaku, ici prononcé gaku, veut dire une réflexion intuitive, ou
vérité. Les huit vérités d’un grand être humain ont été prêchées dans le
Yuikyo-gyô et cet enseignement fut le dernier du Bouddha Gautama, donné
juste avant sa mort. Maître Dôgen prêchait aussi ces chapitres lorsqu’il a
senti que sa mort n’était plus éloignée, et il n’a rien prêché de plus
après ce chapitre. Celui-ci est donc devenu le dernier chapitre de
l’édition en 95 chapitres du Shôbôgenzô.
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[Appendice n°1] Butsu-Kôjo-No-Ji
Le problème de l’état ascendant de bouddha
Les mots butsu-kôjo-no-ji décrivent le fait que même après avoir obtenu la
vérité, les maîtres bouddhistes continuent leur vie quotidienne comme
s’ils n’avaient pas du tout obtenu l’éveil. Si on compare ce chapitre qui
provient du «Shôbôgenzô secret» en 28 chapitres à celui de l’édition en 95
chapitres, on leur trouve de nombreuses différences. Celui de l’édition en
95 chapitres est constitué de nombreuses histoires de maîtres chinois en
rapport avec butsu-kôjo-no-ji. Ce chapitre-ci contient une explication
philosophique plutôt longue debutsu-kôjo-no-ji et à peine une couple
d’histoires. Il peut donc être utile de lire ce chapitre extrait de
l’édition en 28 chapitres, afin d’obtenir une connaissance plus exacte sur
butsu-kôjo-no-ji, ou «le problème de l’état ascendant de bouddha».
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[Appendice n° 2] Ippyakuhachi-Hômyômon
Cent-huit portes de l’éveil du dharma
Ippyaku-hachi veut dire cent-huit. Hô veut dire Dharma, c’est-à-dire les
enseignements du Bouddha ou l’Univers. Myô a le sens de clarté ou
d’illumination. Mon veut dire porte, c’est-à-dire un moyen pour quelque
chose, ou un aspect partiel de quelque chose. Ainsi,
ippyakuhachi-hômyô-mon veut dire «les cent-huit portes de l’éveil du
Dharma». En compilant ce chapitre, maître Dôgen cite deux paragraphes du
sûtra Butsu-hongyô-jikkyô, qui est une biographie du Bouddha Gautama. Ce
chapitre est le 11° de l’édition en 12 chapitres du Shôbôgenzô, mais ne se
trouve ni dans l’édition en 95 chapitres, ni dans celle en 75 chapitres. .