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Le maître Zen Eihei Dôgen

(19 jan. 1200- 22 sept. 1253)

永平道元, Eihei Dôgen
道元希玄, Dôgen Kigen, soit "Dôgen rare mystère"
道元禅師, Dôgen Zenji, soit "maître zen Dôgen"

maitre dogen

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Cette page a été mise à jour le 30 septembre 2008

 

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Textes de maître Dôgen publiés sur ce site

Fukan Zazen Gi de maître Dôgen. "Guide universel à la méthode standard de zazen",  avec commentaires de Nishijima rôshi.

Gakudô Yôjin Shu "De l'établissement de l'envie de vérité", par maître Dôgen avec commentaires de Nishijima rôshi 

Shôbôgenzô  Une série de résumés des différents fascicules qui composent le "Trésor de l'Oeil du Vrai Dharma" de maître Dôgen; certains sont traduits, dont le :

Genjô-Kôan  "L'univers réalisé".
Le texte est accompagné d'un important commentaire explicatif sur ce qui constitue un des points-clé du Shôbôgenzô.

Bendôwa "De l'établissement de l'envie de vérité", par maître Dôgen avec commentaires de Nishijima rôshi 

Bodaisatta-shishobô "Quatre éléments des relations sociales d'un bodhisattva"

Kesa kudoku "Les mérites du kasaya" [Voir aussi l'article Civâra]

Kuge "Fleurs de vide" 

Shoji "La vie et la mort"

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Autres:

Comprendre le Shôbôgenzô
Voici un texte explicatif de maître Nishijima sur le Shôbôgenzô de M° Dôgen. Le Shôbôgenzô est l'oeuvre majeur de Maître Dôgen, et aussi de Maître Nishijima, car il a consacré sa vie à le mettre en langage contemporain et ainsi le rendre accessible. En effet, le japonais médiéval est aussi obscur pour un Japonais contemporain que le français de la même époque pour nous. Sa traduction anglaise, réalisée avec un de ses disciples, Mike Cross, est d'une fidélité extrême jusqu'à l'étonnant. Ici, il expose les clefs qui permettent d'y avoir plus facilement accès.

Bouddhisme et Shôbôgenzô de M° Dôgen (à venir), conférence de maître Nishijima.

 

Eihei Dôgen : notice biographique (repris de Wikipedia)

Enfance

Dôgen est né en 1200 à Uji, près de Kyôto. Son père Michichika appartenait au clan des Minamoto et était descendant de l'empereur Murakami (947-967). À cette époque, le Japon traverse une période de troubles. Le pays est soumis depuis peu à un double pouvoir : celui de l'empereur et de sa cour installée à Kyôto, capitale traditionnelle, et celui des shoguns, sorte de général suprême qui détient le pouvoir militaire, établi a Kamakura. Dans cette société féodale les grandes familles se disputent le pouvoir. Les plus illustres sont les Fujiwara et les Minamoto. Sa mère était la fille de Fujiwara Motofusa, autre personnalité importante de la cour impériale. Dôgen vit donc le jour au sein d'une famille aristocratique bien en place et influente. Mais son père mourut alors que lui-même était âgé de deux ans et sa mère lorsqu'il avait huit ans. Le jeune Dôgen reçut l'éducation appropriée à une telle famille et dès l'âge de quatre ans il pouvait lire des poèmes en chinois. Malgré cela, il passa une enfance malheureuse et solitaire, regardant le caractère illusoire de la lutte pour le pouvoir dans un monde de chagrin et d'impermanence. Juste avant de mourir, sa mère lui recommanda de devenir moine afin d'aider au salut de tous les êtres. Très tôt cet enfant, confronté à de tels phénomènes, réalisa la nécessité de chercher la vérité au-delà du monde des apparences. Orphelin, Dôgen fut accueilli par un de ses oncles, Minamoto Michitomo, un illustre poète qui lui fit découvrir la poésie, ce qui imprègnera fortement toutes ses œuvres futures.

Découverte du Bouddhisme

Au cours de sa treizième année, il monta au mont Hiei, près de Kyôto, au monastère du centre des études bouddhiques, et il fut intronisé dans l'école Tendai. Son premier maître fut Koen, un des supérieurs de ce monastère. Mais à cette époque, l'école Tendai entrait dans une phase de décadence, insistant beaucoup trop sur les cérémonies, mélangeant les doctrines ésotériques et exotériques, développant le formalisme de la vie monastique. De plus, des moines soldats apparurent sur le mont Hiei et le monastère devenait une forteresse militaire. Dôgen se concentra jour et nuit sur sa pratique, mais de plus en plus de doutes l'assaillaient et il ne pouvait en rien réaliser ses aspirations. Durant ces quelques années passées dans ce monastère, Dôgen connut le grand doute et sa question centrale était : « Dans l'enseignement bouddhique, il est dit que tous les êtres possèdent originellement la nature du Bouddha. S'il en est ainsi, pourquoi faut-il s'entraîner et adopter des pratiques ascétiques pour atteindre l'état de Bouddha ? » Personne ne put lui répondre d'une façon satisfaisante.

Il décida donc de quitter le mont Hiei, de même que d'autres moines tels que Honen (1133-1212) ou Eisai (1141-1215), fondateurs des écoles Jodo et Rinzai, rénovateurs illustres du bouddhisme japonais. Dôgen rencontra alors maître Eisai, récemment rentré de Chine, qui enseignait le zen Rinzai. Au temple de Kennin-ji, il devint le disciple de Myozen, successeur d'Eisai. Bien que cette école ne le satisfît pas complètement, il pratiqua profondément et sentit se développer son intérêt pour la pratique du zen. Érudit, ayant une connaissance approfondie de nombreux textes bouddhiques, son exigence remarquable le poussa sans cesse à la recherche de nouveaux maîtres. Il décida alors de se rendre en Chine, aux sources du bouddhisme zen.

Voyage en Chine

Il quitta le Japon le 22 février 1223, accompagné de Myozen et de deux autres moines. À son arrivée, Dôgen décida de rester quelque temps à bord du bateau pour préparer son périple. C'est alors qu'un vieux moine monte à bord pour acheter des champignons. Ce moine, âgé de plus de soixante-dix ans, était tenzo (cuisinier) dans un temple de la montagne près de Shanghai. Son visage reflétait une grande profondeur et Dôgen en fut intrigué. Il l'invita à passer la nuit sur le bateau, souhaitant discuter avec lui. Le moine répondit qu'il devait retourner le soir même au temple car il devait cuisiner. « Dans un grand monastère tel que le vôtre, dit Dôgen, il y a certainement d'autres moines qui peuvent préparer le repas. - Je suis vieux, répondit-il, et je suis tenzo. C'est la pratique de mes vieux jours. Comment pourrais-je laisser à d'autres ce que je dois faire ? - Vénérable moine, répondit Dôgen, pourquoi une personne âgée comme vous devrait-elle faire ce travail si éprouvant au lieu de lire et d'étudier les sutras ? » Le moine éclata de rire et dit : « Jeune ami venu de l'étranger, vous semblez bien ignorant de ce que signifient la pratique et l'enseignement du bouddhisme ! » Il l'invita à venir lui rendre visite dans le temple de son maître, et il le salua. Dôgen fut très impressionné par cette rencontre et un jour, en 1225, il se rendit au temple de Nyojo, alors supérieur du temple Keitoku-ji sur le mont Tendo, dans le Minshu.

Satori 

Au cours d'une conversation il demanda au tenzo : « Quel est le sens de la lettre? De quelle manière doit-on lire les sutras? - 1-2-3-4-5 » répondit le vieux moine. Et Dôgen demanda encore : « Comment faire pour étudier la Voie, le véritable bouddhisme? - Nulle part la Voie n'est dissimulée. » Dôgen insista : « Comment faire pour étudier les sutras, le véritable bouddhisme? - 1-2-3-4-5 » rétorqua le tenzo. Ce vieux moine incarna pour lui le bouddhisme authentique, ralliant toutes les connaissances qu'il avait pu accumuler et lui faisant comprendre I'importance du travail, de la pratique corporelle et de tous les actes de la vie. Maître Nyojo était un être exigeant et rigoureux. Un jour, au cours d'une sesshin, Dôgen reçut un grand choc. Alors qu'il était assis en zazen, son voisin s'endormit sur son zafu. Nyojo d'une voix forte s'écria : « Shin jin datsu raku ! Rejetez le corps et l'esprit! » Et il frappa fortement le moine avec sa sandale, le faisant tomber de son siège. En entendant ces paroles, l'esprit de Dôgen subit une révolution intérieure. Après le zazen, il rendit visite à son maître dans sa chambre. Il lui dit : «Shin jin datsu raku (j'ai abandonné le corps et l'esprit) ». Nyojo lui répondit : « Datsu raku shin jin (abandonne de nouveau le corps et l'esprit) ».

Dôgen resta encore deux ans auprès de Nyojo, puis décida de retourner au Japon. Son maître lui confirma qu'il était alors temps de transmettre à son tour I'enseignement du bouddhisme en aidant les autres à s'éveiller à la vérité universelle.

Retour au Japon

De Chine, Dôgen ne ramena rien d'autre que la pratique du zazen, shikantaza, telle que la lui avait enseignée son maître. On lui demanda : « Qu'avez-vous rapporté ? » Dôgen répondit : « Je suis revenu les mains vides. » Dans son recueil Eihei Koroku, il écrira plus tard : « Ayant seulement étudié avec mon maître Nyojo et ayant pleinement réalisé que les yeux sont horizontaux et le nez vertical, je reviens chez moi les mains vides... Matin après matin, le soleil se lève à l'Est ; nuit après nuit, la lune s'enfonce à l'Ouest. Les nuages disparaissent et les montagnes manifestent leur réalité, la pluie cesse de tomber et les Quatre Montagnes (la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort) s'aplanissent. » Dôgen s'installa d'abord à Kennin-ji, temple de Myozen, son premier maître avec lequel il était parti en Chine et qui était mort pendant le voyage. C'est dans ce temple qu'il écrit son premier recueil : le Fukanzazengi, les règles universelles pour la pratique du zazen. C'est le point essentiel de son enseignement : seulement s'asseoir dans une posture exacte sans rechercher quoi que ce soit, en laissant passer les pensées comme des nuages dans le ciel.

Le temple Kosho-ji

Puis Dôgen quitta le temple de Kennin-ji pour s'installer successivement dans trois temples, tous situés dans la région de Kyôto : Annyoin, un petit ermitage, en 1230, puis Kannon Dorin en 1233 et enfin Kosho-ji où, grâce a des donations, il construisit le premier monastère zen véritablement indépendant du Japon en 1236. À Kosho-ji il commença la rédaction des premiers chapitres de son œuvre monumentale : le Shôbôgenzô, (le Trésor de l'œil de la Vraie Loi), quatre-vingt-quinze chapitres qui contiennent l'essence de sa vision philosophique et religieuse. Entre 1233 et 1243, de nombreux disciples le rejoignirent et suivirent son enseignement. Sa renommée n'eut cesse de grandir. Il incitait à pratiquer assidûment et profondément comme le lui avait enseigné son maître Nyojo. Le succès de Dôgen, le souffle nouveau qu'il apporta à un bouddhisme sclérosé, lui attirèrent l'animosité, puis une hostilité grandissante de la hiérarchie cléricale. Et en 1243, des moines du mont Hiei tentèrent d'incendier son temple de Kosho-ji.

Dôgen décida alors de s'éloigner de l'agitation des villes et des troubles qu'elles peuvent créer dans l'esprit. Grâce a l'appui d'un disciple laïc, seigneur de la province d'Echizen (de nos jours préfecture de Fukui), dans le nord-est du pays, sur la côte de la mer du Japon, il construisit un nouveau temple, qu'il baptisa plus tard Eihei-ji, temple de la paix éternelle, dont Ejo plus tard sera le supérieur après sa mort. Là, dans le calme de la montagne, il continua à enseigner le zen à ses disciples et poursuivit la rédaction du Shôbôgenzô. II ne sortit de ce temple qu'une seule fois durant l'hiver de 1247-1248 pour se rendre à la cour du shogun à Kamakura, sur l'invitation du général Hojo Tokiyori. Tokiyori était complètement fasciné par Dôgen et lui proposa de rester près de lui et de lui construire un grand monastère. Dôgen refusa, préférant la solitude. Il continua à écrire et à pratiquer le zazen jusqu'en 1252 où, âgé seulement de cinquante-deux ans, il tomba gravement malade. Il se rendit à Kyôto pour se faire soigner, sans succès. Il s'éteignit le 22 septembre 1253 au temple de Takatsuji.

Sa philosophie

Par la profondeur et l'originalité de sa pensée, Dogen est souvent considéré comme le plus grand philosophe du Japon et l'un des plus importants penseurs de toute l'histoire du bouddhisme, l'égal de Nagarjuna.

Un des aspects les plus originaux de sa pensée concerne sa conception du rapport de la partie avec le tout. Selon Dogen, on ne peut saisir la réalité des choses que sous une forme déterminée. Ainsi, la vérité bouddhique ne peut apparaître que sous une forme déterminée. Chaque partie de la totalité du monde représente cette totalité sous une forme particulière. On peut donc saisir tout l'univers à travers la présence d'un seul brin d'herbe, à condition de saisir toute la nature de ce brin d'herbe. La présence d'un brin d'herbe peut donc représenter la vérité bouddhique. Cette conception s'applique aussi au temps. Le temps n'apparaît lui aussi que sous une forme déterminée appelée instant. La conception successive du passé/présent/futur est illusoire. Seul l'instant présent est réel. Par conséquent, chaque instant, aussi bref soit-il, "re-présente" le temps dans sa totalité sans qu'il soit nécessaire d'attendre d'autres instants. La vérité bouddhique du temps est le temps tel qu'il est, le présent instantané, maintenant.

Un instant qui représente tous les instants, un brin d'herbe en présence qui représente tous les êtres symbolisent la vérité bouddhique d'une manière beaucoup plus adéquate que par le langage. La vérité bouddhique est donc toujours plus ou moins en conflit avec les expressions conceptuelles qui tentent de l'exprimer. C'est pourquoi les différentes expressions de cette vérité à travers l'histoire ne sont que différentes expressions de ce conflit.

La pensée de Dogen zenji est la forme la plus radicale prise par les philosophies de l'ici et du maintenant. C'est pourquoi, si on l'épouse, elle représente à sa manière toutes les philosophies de la présence. Parmi ces philosophies, celle d'Heidegger a été comparée à Dogen. Le rapprochement entre Dogen et Heidegger permet de comprendre pourquoi l'œuvre de ce dernier a suscité un grand nombre d'études au Japon.


 

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