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© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mis à jour le 1 mars 2003

 

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Chiures d'oiseaux

Il m'est venu une réflexion: il y a des passereaux (des oiseaux) qui mangent les baies. En mangeant la baie, ils en avalent le pépin. Lorsqu'ils chient, ils larguent le pépin avec leur fiente. Grâce aux éléments nutritifs contenus dans cette fiente, ils peuvent éventuellement germer, et pousser, et prospérer.

Imaginons maintenant qu'en vertu d'une compréhension partielle et partiale de la façon dont vont les choses, quelqu'un, considérant que les passereaux sont jolis, mais que leur fiente est caca, se précipiterait sur cette fiente, en retirerait le pépin, le laverait soigneusement, le poserait sur un joli coussin en soie, et ferait brûler de l'encens devant ce pépin, et ce à tous les jours.

Si en plus tout commentaire à l'effet que ce pépin n'est pas à sa place était reçu avec indignation, on pourrait à juste titre s'inquiéter, à défaut de la santé mentale, du moins de la juste compréhension des lois de la nature de la part de cette personne.

Il y a pourtant des gens qui réagissent ainsi.

Le Bouddhisme traditionnel enseigne qu'il y a six états de vie différents pour les êtres sensibles. Au plus bas, il y a les pretas, les fantômes affamés, représentés comme aynt une très grande bouche et un très grand ventre, mais un tout petit cou, à l'oesophage large comme une aiguille. Ces fantômes ont toujours faim, mais ne peuvent satisfaire leur faim qu'à toutes petites doses. Il sont la représentation de l'avidité, et c'est l'un d'entre eux qu'on voit dans le dessin animé "Le voyage de Chihiro".

Le second niveau est celui des démons. Il souffrent mille maux et ne pensent pouvoir s'en soulager qu'en infligeant un maximum de souffrances à tous ceux et celles qui passent à leur portée.

Le troisième niveau est celui des animaux. Ils ne vivent qu'en vertu de leurs instincts biologiques, et sont imperméables à toute considération moins immédiate que la satisfaction de leurs besoins les plus immédiats.

Le quatrième est celui des êtres humains, le seul niveau qui soit en mesure d'accéder à l'Eveil et à la compréhension de l'Univers.

Le cinquième est celui des Ashuras, ou Titans, qui sont des êtres intermédiaires entre humains et dieux, mais qui, habités par la colère et l'orgueil, tentent toujours de détrôner les dieux dont ils jalousent la situation. Evidemment, ils sont toujours repoussés par Zeus ou Jupiter (c'est le même), dans leurs tentatives de conquérir l'Olympe. Et cette préoccupation exclusive les empêchera toujours d'accéder à la Voie de l'Eveil.

Finalement, il y a les devas, ou dieux, qui vivent une vie de luxe et de volupté, incapables de se préoccuper de rien, et c'est pour cette insouciance-même qu'à eux la Voie de l'Eveil est fermée.

C'est bien évidemment de la mythologie, mais cela décrit bien les divers états psychologiques qui peuvent être les nôtres. Et cela dit bien qu'être pleinement humain, c'est échapper à tous ces pièges, mais que c'est aussi la condition pour pouvoir aller au-delà.

La vérité, c'est que, comme je le spécifiais dans ce texte, si on place un maître fondateur au rang des dieux, il en devient de son oeuvre comme du pépin ci-haut mentionné. Il ne germera pas et le bénéfice en sera perdu. Et de fait, il me semble en toute honnêteté que ce n'est que chez ceux pour qui ces maîtres étaient des êtres humains que la semence de leur enseignement a pu germer.

Il y a des quantités étonnantes de personnes, dans toutes sortes de domaines, qui se sentent orphelins de leur ancien enseignant, et pour qui ce dernier devient du coup le modèle absolu, défauts compris. Ses orphelins n'arrivent plus à évoluer, tout obsédés qu'ils sont de son absence. Il y a sans doute là une projection. Accepter que le maître soit critiqué, ce serait aussi accepter que le disciple soit critiqué.

C'est sans doute ainsi qu'un jour apparaissent des temples en quantité, où trône en gloire une statue de maître fondateur, avec un clergé organisé, et parfois même une Inquisition pour débusquer (et carboniser) les mécréants. Et cela n'est pas exclusif au champ religieux: il en va souvent de même dans le domaine scientifique. Quand cela arrive, le maître fondateur est passé pour de bon et pour longtemps au rang des dieux, et ce sont bien de nombreux éons qu'il lui faudrait attendre pour pouvoir renaître en tant qu'être humain et de là, éventuellement, atteindre à l'Eveil. Souhaitons lui donc plutôt de vite renaître en tant qu'être humain, afin que ce qu'il a fait, et ce peut importe en quels termes, puisse profiter à tous les êtres sensibles.

Mais le prix de cela, c'est de lui reconnaître son humanité, et donc ses défauts, défauts qui lui ont permis de faire ce qu'il a fait, de concert avec ses qualités. Et cela qui en général mérite en général largement qu'on en fasse un inventaire dépassionné. C'est à ce prix que son héritage de n'importe quel maître peut profiter à ses disciples.

Mxl



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