Avril 2005
Il suffit d'y mettre "zen"
pour que ça se vende.
Le Zen est aujourd'hui un
argument commercial. Quoi que ce soit que vous ayez à
vendre, il suffit d'y ajouter "zen" pour que ça se vende.
Encore l'autre jour, j'ai vu une publicité pour les cars
départementaux de l'Hérault, montrant un garçon assis en
lotus, et la mention "Soyez Zen, prenez le car". A vrai
dire, ça ne me dérange guère. Ça a au moins le mérite de
diffuser dans l'opinion que "zen" est une valeur positive.
Ayant déjà entendu des
zénistes se plaindre de ce fait, je sais que le phénomène
irrite. Cela dit, il fait quand même oeuvre de diffusion
pour un sens très spécifique du Zen, c'est-à-dire cette
notion du Bouddhisme qu'une bonne partie de notre stress
quotidien provient de certaines décisions que nous pouvons
prendre, souvent malavisées. Quand j'étais gamin, j'allais à
l'école à pied, en vélo ou en bus, et parfois fort loin. Et
nous étions d'une famille aisée. Aujourd'hui, il est
presqu'impossible de circuler aux environs des lycées et
autres écoles, tant les parents sont nombreux à attendre
leurs enfants, ou les amener, de préférence en énormes 4x4.
Un gâchis dans les embarras du centre-ville.
Prendre sa voiture pour aller
travailler en sachant qu'on va se taper des kilomètres
d'embouteillages, polluer et encombrer un peu plus les axes
routiers relève de l'inconscience et de l'égoïsme, certes,
mais c'est aussi contreproductif. Toute action entraîne des
conséquences, et ces conséquences en entraînent elles-mêmes
d'autres. On peut donc en tirer la conclusion qu'il vaudrait
mieux être attentif à ce qu'on fait.
Mais ce qui me semble plus
important encore, c'est que, de façon subliminale, ce slogan
indique qu'être "Zen", c'est être plus heureux. Et comme
c'est précisément ce à quoi aspire l'enseignement
bouddhiste, apprendre aux gens à vivre heureux, je pense
qu'il faut prendre l'usage avec indulgence. Un jour ça
disparaîtra. En attendant, espérons seulement que ceux et
celles qui le peuvent auront tenté de surfer sur la vague
pour indiquer à qui cela pouvait intéresser qu'il y avait
une méthode pour "être zen", au lieu de se la garder
jalousement. Ce qui est d'ailleurs interdit par un des
préceptes (le 8°: "Je m'engage à ne pas être avare de
partager les enseignements du Bouddha, mais de les donner
librement").
Alors, un peu de générosité?
Mxl