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Cette page a été mise à jour le 9 juillet 2008

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Les enseignements de Gudo Wafu Nishijima Rôshi

Bref historique du Bouddhisme japonais après Meiji

©Windbell Publications

(Suite)


La philosophie de maître Bokuzan Nishi-ari.

(1) Affirmation de ce monde

Dans le chapitre Ikka-no-myoju (Une perle brillante) de son Shôbôgenzô Keiteki, maître Bokuzan donne son interprétation de Une perle brillante: "dans le cas du Bouddha Gautama, l'univers entier dans les dix directions peut être interprété comme le Dharma du Véhicule unique, soit toutes les choses et les phénomènes qui sont forme véritable. C'est ainsi, en somme, qu'il [Gensa] nomme les situations qui sont vues en un seul coup d'oeil comme le monde du Dharma sans limites, comme perçant du passé éternel jusqu'au futur éternel, rien au dessus, rien en dessous, résolvant la différence entre le dedans et le dehors, manifestant l'unité du monde du Dharma, et mettant un terme aux discussions de pratique et d'expérience, ou d'illusion et d'illumination".

Dans ce commentaire, maître Bokuzan affirme clairement l'existence réelle de ce monde comme Dharma.


(2) Réfutation de la sasvatadrsti et de l'ucchedadrsti
Dans le chapitre Bendôwa (Propos sur le discernement de la Voie) du Shôbôgenzô Keiteki, Bokuzan affirme que Dan autant que Jo sont des concepts non-bouddhiques.

Dan
est une abbréviation de Danken-gedô. Dan signifie couper, Ken signifier voir, Ge signifie dehors, et est la Voie bouddhique. Danken-gedô renvoie donc à l'idée non-bouddhique qui nie que la continuation du bonheur ou du malheur soit liée à la conduite morale. Il s'agit de la traduction chinoise du sanscrit ucchedadrsti, qui fait référence aux systèmes philosophiques matérialistes de l'Inde ancienne.

Jo
est une abbréviation de Joken-gedô. Jo signifie constant, Ken signifie la vue, Gedô comme précédemment. L'expression renvoie donc à l'idée non-bouddhique qui croit en l'éternité de l'âme et interprète toutes choses et phénomènes en fonction de l'esprit. Joken-gedô est la traduction chinoise du sanscrit sasvatadrsti, l'ancienne philosophie indienne qui croyait en l'éternité de ce monde et en celle de l'Esprit.

Maître Bokuzan réfute l'un autant que l'autre dans les passages suivants :
"Les idées non-bouddhiques se résument aux deux idées de Dan et de Jo, qui sont ce qui est formellement interdit dans le Bouddhisme. Dan et Jo, sur lesquels les non-bouddhistes et les gens ordinaires insistent, signifient penser le grand mécanisme du monde selon leur propre esprit étroit, et comme ils se servent d'illusions et de considérations, ils utilisent parfois Dan, et parfois Jo. Ces idées s'opposent à la forme véritable du Dharma, sont totalement néfastes et vont à l'encontre de la nature. Subséquemment, ce qu'ils appellent Dan et Jo n'est pas ce qu'ils ressentent en synthétisant divers dharmas matériels et mentaux, mais ce qu'ils pensent au plan intellectuel à propos de ces divers dharmas matériels et mentaux. C'est ainsi qu'on peut dire de leurs Dan et Jo qu'ils sont relatifs"

Ceci montre clairement que, pour maître Bokuzan, le Bouddhisme n'a rien à voir avec une philosophie idéaliste comme celle de Senika, ou des philosophies matérialistes comme celles des « Six penseurs non-bouddhistes » qui vivaient au temps du Bouddha Gautama.

(3) Les quatre couches philosophiques.
Nous avons examiné les quatre croyances fondamentales de la Mûlamadhyamakâkarikâ et les quatre points de vue philosophiques du Shôbôgenzô. Pouvons-nous maintenant trouver la même structure en quatre phases dans l'oeuvre de maître Bokuzan ? Le passage qui suit est tiré du chapitre Bussho (La nature de Bouddha) du Shôbôgenzô Keiteki:

"Les montagnes sont hautes et l'océan profond ; un homme marche debout et un rat court sur une poutre. Tout cela est du ressort de philosophies superficielles. Même le mont Fuji peut être détruit et même l'océan peut être enseveli si nous le voulons. Ce que nous voyons devant nous relève tout entier de philosophies séculières et manifeste une forme superficielle. S'il est un moment quelconque où le ciel et la terre changent tout entiers, il n'est rien qui puisse être dit immuable pour l'éternité. Il n'y a ici aucun fait qui puisse être décrit par : 'le Tathâgata est toujours constant et il n'y a ni changement ni transformation'. Ce sont toutes des philosophies superficielles. Les concepts sont donc eux aussi superficiels. Et c'est pour cela que les gens sont tout le temps en train de réitérer [leur croyance dans le concept] de « vacuité ». Dans de telles situations, lorsque nous pensons aux faits et à la forme, même s'ils ne sont théoriquement que forme vide, ils sont simplement la véritable existence de toutes choses et phénomènes en forme réelle. De ce fait, lorsqu'on les considère en théorie, ils sont des formes de la vacuité, mais lorsqu'on les considère factuellement, ils sont inévitablement existence réelle. C'est pour cette raison que nous disons qu'en réalité, l'existence et la non-existence sont toutes deux des concepts superficiels. Et nous disons donc que ce qui est différent de la non-existence et de l'existence est la Voie du Milieu. Cette dernière n'est pourtant rien d'autre qu'un nom. Si on oublie l'existence/non-existence, il n'y a rien qui s'appelle la Voie du Milieu. Mais en abandonnant l'attachement à l'existence/non-existence, nous les considérons tous comme la Voie du Milieu. En vertu de cela, dans la théorie de Tendai on dit : « aucun des deux n'est la Voie du Milieu, mais les deux l'illuminent ». Là où nous nions que celle-ci soit différente de l'existence comme de la non-existence, la [vraie] existence tout comme la [vraie] non-existence sont directement la Voie du Milieu. Celle-ci est directement la Nature de Bouddha".

Ce passage nous montre que maître Bokuzan accepte l'existence et la non-existence en tant que concepts, mais les tient pour superficiels, n'étant autres que des pensées dans nos cerveaux et des résultats de nos perceptions. Il affirme que la Voie du Milieu est ce qui est réel et différent des concepts, et il l'identifie avec la nature de Bouddha. Dans le Gyôbutsu-yuigi (L'attitude digne du Bouddha agissant) du Shôbôgenzô Keiteki, maître Bokuzan écrit : "'Comme les bouddhas se trouvent dans l'état de vérité de bouddha, ils ne recherchent pas l'illumination'. Illumination signifie ici l'illumination équilibrée ou illumination splendide, mais il est inutile d'attendre l'effet bouddhique d'illumination équilibrée ou d'illumination splendide. Dire qu'il n'est pas nécessaire de s'attendre au résultat de l'illumination, est la pensée du Maître à l'effet que les bouddhas du passé, du présent et du futur sont tout simplement le Bouddha agissant. 'Maîtrise de l'action dans l'état de vérité ascendant de Bouddha'... Les bouddhas ne demeurent pas à la place des bouddhas, et on décrit cette situation comme étant l'état ascendant de Bouddha. Nous y replacer s'appelle maîtrise de l'action. Maîtriser l'action dans l'état ascendant de Bouddha, ou entrer directement dans la condition de Bouddha n'est que rencontrer Bouddha nous-mêmes ici et maintenant, et il est impossible pour nous [d'y arriver] lorsque nous nous contentons d'en discuter. Sur quoi devrons-nous nous appuyer ? Nous nous appuyons sur le Bouddha agissant. Il est donc nécessaire de comprendre ce dernier; là où nous agissons, il apparaît aussitôt. Quand nous pratiquons Zazen d'un pouce, nous pouvons devenir bouddha d'un pouce. Le Bouddha n'a pas de défaut. Vouloir devenir bouddha n'est qu'une illusion. Au lieu d'y penser, contentons-nous de pratiquer Zazen : là existe directement le Bouddha."

Ces phrases montrent la maîtrise qu'avait maître Bokuzan de l'action et de Zazen.


La suite: Le Bouddhisme japonais après la restauration de Meiji


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Dogen Sangha

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