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J'ai eu deux révérends maîtres qui m'ont enseigné directement. L'un fut Kôdô Sawaki, et l'autre, maître Rempo Niwa.
Au mois d'octobre 1940, j'ai eu la chance d'être informé que maître Kôdô Sawaki dirigerait une Sesshin au temple Daitu-ji dans la préfecture de Tochigi, et j'y ai participé, en apportant du riz dans un sac de jute, car à l'époque, la situation alimentaire au Japon avait beaucoup empiré.
Le matin, nous nous levions à 3 heures, et nous pratiquions zazen pendant 45 minutes, deux fois avant de déjeuner, deux fois dans la matinée, deux fois l'après-midi, et une fois le soir. Et maître Kôdô Sawaki donnait deux conférences bouddhistes chaque jour, le matin et l'après-midi. Je fus très étonné en les entendant pour la première fois. Sa voix était forte et puissante, et ce qu'il disait était très compréhensible et persuasif.
Le texte sur lequel portait la conférence était le Fukan-Zazen-Gi. Ce livre fut le premier écrit par maître Dôgen dès son retour de Chine, ainsi que le premier de sa vie. Et, lorsqu'il était jeune, maître Kôdô Sawaki avait étudié la philosophie bouddhiste appelée Hosso Gaku, établie en Chine à l'époque Tang, de sorte que sa philosophie bouddhiste était très exacte au plan théorique. Sa conférence fut donc très profonde et exacte. Dans sa jeunesse, il avait étudié la théorie de l'école Hosso avec Join Saeki au temple Horyuji, et donc, bien que son Bouddhisme ait été fondé sur la pratique de Zazen, sa structure philosophique était en même temps très logique et solide
En même temps, je pense que l'aspect le plus excellent de son Bouddhisme restait son volonté d'une pureté absolue dans la quête de la Vérité. Dans le Shôbôgenzô il y a un chapitre intitulé « Ju-un-do Shiki », dans lequel maître Dôgen écrit que « une personne qui a la Volonté de Vérité, et qui a l'idée de jeter au rebut Renommée et Profit, peut entrer. Une personne qui n'a pas cette sincérité pour la Vérité, ne devrait pas entrer. Si quelqu'un qui n'a pas cette sincérité est entré (dans le dortoir), il faut que nous discutions du problème, et après considération que nous l'expulsions (du dortoir). Il nous faut remarquer que, si nous avons commencé à avoir la Volonté de Vérité, nous pouvons brusquement nous libérer totalement de la Gloire et du Profit ». Et on peut penser que maître Kôdô Sawaki connaissait bien ce principe bouddhique fondamental et l'appliquait à sa vie bouddhiste. C'est pourquoi, de toute sa vie, il n'eut jamais de temple à lui, parce qu'il savait bien que, si un moine bouddhiste a son propre temple, son job de le gérer l'occupe assez pour lui rend impossible l'étude des vrais enseignements bouddhiques. C'est pourquoi il ne s'est jamais marié, et qu'il a tout donné pour faire la promotion du Bouddhisme tout au long de sa vie.
Récemment, un américain du nom de Victoria a écrit un livre dans lequel il critiquait maître Kôdô Sawaki pour sa coopération avec la politique militariste du gouvernement japonais au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Lorsque je considère cette attitude, il me semble qu'il n'a jamais réellement coopéré avec le gouvernement en la matière, et j'en tire donc la conclusion que l'auteur a été partial à son égard.
L'Abbé
Rempo Niwa
Mon autre maître, qui m'a beaucoup instruit, fut maître Rempo Niwa, et comme il est plus tard devenu Abbé du temple Eiheiji, je l'appellerai l'Abbé du Eiheiji, selon la coutume.
Depuis mes seize ans, j'ai montré beaucoup d'intérêt pour la pensée de maître Dôgen, en particulier dans le Shôbôgenzô, que j'ai donc étudié pendant de longues années. A la suite de quoi, je me suis mis à le traduire du Japonais ancien en Japonais moderne, y compris les commentaires sur le vocabulaire. Lorsque ma traduction eut été complétée, je l'ai publiée sous le titre de « Gendaigoyaku Shôbôgenzô », c'est-à-dire Shôbôgenzô en Japonais moderne. Au même moment, j'ai voulu me mettre à en parler en faire des conférences sur le sujet à de multiples endroits. C'est pourquoi j'ai d'abord demandé son aide au docteur Akira Hirakawa, président de la Youngmen Buddhist Association de l'Université impériale de Tokyo, et on m'a permis de tenir une conférence tous les samedis après-midi. A cette époque, je m'étais décidé à devenir un moine bouddhiste dans l'Ecole Sôtô.
Il me fallait donc me choisir
un maître bouddhiste, qui me permettrait de devenir ce moine. J'ai eu la
chance de trouver le nom de l'Abbé Rempo Niwa dans la liste des gradués du
Lycée gouvernemental de Shizuoka, que j'avais fréquenté plus tôt.
Je lui ai donc rendu visite au temple-succursale de Tokyo du Eiheiji, et
je lui ai demandé de devenir moine par son entremise, ce qu'il m'accorda
avec plaisir. Lorsqu'il entendit ma proposition, je remarquai quelques
larmes dans ses yeux, et il les essuya. J'en ressentis donc qu'il en avait
donc de la joie, puisque j'étais de quatorze ans son cadet, diplômé du
même lycée que lui. A cette époque, j'étais déjà le chef d'une section de
la Japan Security Finance Co., et il eut la bonté et le soin de ne pas
voir la moindre difficulté dans mon travail séculier.
Après qu'eut lieu la cérémonie formelle pour que je devienne moine, j'ai commencé à enseigner Zazen et le Shôbôgenzô aux gens, même au temple-succursale du Eiheiji. Comme cela avait lieu tous les jeudi après-midi, je finissais mon travail plus tôt que d'habitude, et partais pour le temple habillé d'un costume de salarié. Au temple, j'enlevais donc ma veste, et je mettais un kesa sur ma chemise blanche pour donner ma conférence. Mais les moines du temple trouvaient que ce n'était pas adéquat pour un moine que de donner une conférence avec le kesa sur une chemise blanche occidentale, et ils demandèrent au maître de mettre fin à ce style trop informel dans le temple. Mais maître Rempo Niwa leur dit : « Ce n'est pas une mauvaise chose, parce qu'ainsi, il ressemble à un moine indien ». Je pus donc poursuivre mes conférences sans changer mon style.
A la fin de l'été, je me mis à tenir des sesshins dans le temple, et à cette occasion, évidemment, je portais des vêtements noirs, ainsi qu'à l'Association bouddhiste de l'Université de Tokyo, et par la suite, je mis les vêtements bouddhiques formels de moine sans faillir.
Je me mis ensuite à tenir mes sesshin dans le temple de maître Rempo Niwa, le Tokei-in six fois par année, une fois pour mon public japonais, une fois pour mon public anglophone, et quatre fois par année pour les employés de la compagnie Ida Ryogokudo.
Maître Rempo Niwa est né à Shuzenji dans la préfecture de Shizuoka, le troisième enfant de Katoda Shioya, en février 1905. Son père était maître d'école dans plusieurs écoles, et avait 10 enfants, garçons et filles. Le nom de sa mère était Mura, et elle travaillait dur aux champs pour soutenir leur famille. Maître Niwa m'a raconté qu'il était un garçon très sensible, et qu'il aimait jouer avec les filles. Mais en observant le style de vie d'un moine bouddhiste qui allait souvent au temple de Shuzenji, il exprima à l'âge de onze ans le désir de devenir moine, ce qui lui fut accordé. Heureusement, comme son oncle, Butsu-an Niwa était le maître du Tokei-in à Shizuoka, Rempo Niwa devint son fils adoptif, et de là, il faisait la navette entre le Tokei-et l'école. Comme il choisit le collège Nirayama près de Shuzenji, il fit donc la navette entre ce collège et le domicile de ses parents, mais lorsqu'il entra au lycée de Shizuoka, il reprit sa navette avec le Tokei-in.
Quand il fut sur le point d'entrer à l'université, maître Butsu-lui demanda de choisir la faculté de droit. Cependant, comme maître Niwa espérait fortement étudier le Bouddhisme à l'université, il insista et maître Butsu-an lui permit d'entrer à la faculté de Bouddhisme. Je suppose qu'à l'époque l'Ecole Sôtô devait avoir de nombreux problèmes légaux, et que maître Butsu-an aurait voulu faire de lui un bon assistant pour lui dans l'Ecole Sôtô. Il il semble que maître Butsu-an lui ait aisément permis de choisir la division de Philosophie indienne.
Maître Rempo Niwa s'inscrivit donc dans la sectionde Philosophie indienne à l'Université impériale de Tokyo, et au cours des premières vacances d'été, il alla passa un mois au Eiheiji officiellement en tant que moine bouddhiste. A sa sortie de l'Université de Tokyo, il devitn chef du Tokei-in, et puis rendit visite au Antaiji de Kyôto pour l'Université itinérante Otani, avant d'entrer au Eihei-ji. Il devint alors maître du Ichijoji et du Ryu-un-in de Shizuoka, avant de succéder au maître du Tokei-in en novembre 1955. Il devint le maître du temple-succursale de Tokyo du Eihei-ji en 1960, et fut le 77ème Abbé du Eihei-ji d'avril 1985 à septembre 1993.
L'Abbé Rempo Niwa m'a beaucoup enseigné sur la façon de vivre en tant qu'être humain. C'était une personne très délicate et généreuse, et il n'avait guère la possibilité de devenir émotionnel. J'ai entendu une anecdote à ce sujet. Une nuit, de jeunes moines du temple-succursale de Tokyo du Eihei-ji sortir pour picoler, sans revenir de toute la nuit. A l'époque, maître Rempo Niwa se levait tôt le matin, et lorsque les jeunes moines revinrent au petit matin, il se trouvait debout à l'entrée du temple, et leur dit : « Je pense que vous devez être fatigués d'avoir travaillé si dur sans dormir de toute la nuit ». Ce que disant, il rentra tranquillement à sa chambre. Les moines furent très surpris, et cessèrent dès lors d'aller boire dehors aussi tard.
Lorsqu'il m'arrivait de lui rendre visite dans ses quartiers privés, il me servait parfois du thé vert qu'il préparait lui-même. A l'époque, même s'il ne m'enseignait pas particulièrement avec des mots, je tirais de grands enseignements de son comportement et de ses attitudes.
Alors que le 76ème Abbé Egyoku Hata était gravement malade dans son propre temple, je me trouvais un jour chez maître Niwa pour une discussion privée. Maître Niwa a appelé le temple de l'Abbé pour savoir s'il devait lui rendre une visite de réconfort, mais l'information qu'il reçut du temple fut que : « L'état de l'Abbé s'est beaucoup amélioré et il est présentement en convalescence, ne vous en souciez donc pas ». Mais maître Rempo dit qu'il avait reçu d'une personne qui se trouvait dans la chambre de l'Abbé Hata des informations exactes sur lui, qu'il savait que sa situation était très sérieuse et que sa situation n'était donc en rien paisible. Ce qu'entendant, je pus constater qu'on ne pouvait jamais dire un mensonge de sa vie, et en même temps qu'une personne qui acquiert un quelconque pouvoir dans les sociétés humaines, devait être très prudent sur ses informations.
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