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Le sûtra du diamant, (T235.8.748c-752c), traduit en chinois par Kumarajiva (T235), traduit en anglais par Charles Patton, version 1,3, [révision du 5 février 1998], traduit de l'anglais au français par MP

Vajracchedika Prajna Paramita

Sûtra du Diamant (2°partie)

[Aller à la première partie]

(15) "Subhuti, suppose qu'il y ait de bons fils et de bonnes filles qui, au matin, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône; qui, dans l'après-midi, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône; qui, au soir, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône; et ainsi pendant d'incommensurables milliards de kalpas, se donnent en aumône. Suppose encore qu'il se trouve une personne qui entende ce sûtra canonique d'un esprit confiant qui n'est pas contrariant, sa sainteté dépasserait celle des autres. Combien plus encore s'il le copie, le reçoit, le retient, le lit et le récite dans son intégralité, pour en donner ensuite des explications détaillées aux autres! Subhuti, pour parler essentiellement, ce sûtra possède une signification qui ne peut pas être comprise, et dont l'incommensurable mérite ne peut pas être mesuré. L'Ainsi Venu le propose pour faire avancer le grand véhicule; il le propose pour faire avancer le suprême véhicule. S'il se trouve une personne qui puisse recevoir, retenir, lire et réciter ce sûtra et l'expliquer abondamment à d'autres, l'Ainsi Venu sait et voit pleinement que de telles personnes obtiendront toutes entièrement la réalisation d'un mérite qui ne peut être mesuré, ne peut être exprimé, n'a pas de limites et est inconcevable. C'est pour cela que de telles personnes portent ainsi la bodhi suprêmement sans pareille de l'Ainsi Venu. Pourquoi donc? Subhuti, si on trouve de la satisfaction dans les dharmas inférieurs, il s'agit d'un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Dans ce cas, il ne pourrait pas y avoir d'accord avec le fait de recevoir, retenir, réciter ou expliquer ce sûtra à quelqu'un d'autre. Subhuti, où que ça se trouve, en quelqu'endroit que ce soit, s'il s'y trouve ce sûtra, chacun de tous les mondes, que ce soit celui des dieux, des humains ou des titans, devrait faire des offrandes pour son soutien. Il faut qu'on sache que cet endroit est alors un sanctuaire. Tous devraient le vénérer en en faisant le tour dans le sens des aiguilles d'une montre, en y jetant des fleurs et en y brûlant de l'encens.

(16) "Qui plus est, Subhuti, si de bons fils ou de bonnes filles qui reçoivent, retiennent, lisent et récitent ce sûtra devaient être insultés ou méprisés, c'est qu'ils auraient dans leurs vies précédentes commis des actes mauvais et qu'ils seraient en conséquence tombés dans cette voie des souffrances. C'est pour cela qu'ils sont insultés et méprisés par les autres dans cette vie. Lorsque les actes mauvais de la vie précédente auront été extirpés, ils atteindront la bodhi suprêmement sans égale. Subhuti, je me rappelle que dans un passé d'innombrables asankhya kalpas, avant d'avoir été avec le bouddha Dipankara, j'avais rencontré quatre-vingts-quatre trillions de nayutas de bouddhas, avais donné à tous des offrandes, et avais accompli leur travail sans erreur inutile. Suppose, encore, qu'il y ait quelqu'un qui, dans la dernière époque superficielle, soit capable de recevoir, retenir, lire et réciter ce sûtra, et en obtenir le mérite. Le mérite que j'ai eu en donnant des offrandes à tous ces bouddhas ne vaudrait pas le centième de ce mérite. Même un milliardième de ce mérite serait une estimation insuffisante. Subhuti, si je devais énoncer pleinement l'étendue des mérites des bons fils et bonnes filles qui, au cours de la dernière période superficielle, recevront, retiendront, liront et réciteront ce sûtra, l'esprit de certaines personnes dans cette assemblée en serait perturbé, il se mettraient à douter et cesseraient de croire. Subhuti, il faut qu'on sache que la signification de ce sûtra est inconcevable. Le fruit de sa récompense aussi est inconcevable.

(17) A ce moment, Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, comment doivent se comporter ceux et celles qui entreprennent la suprêmement inégalée bodhéité, comment doivent-ils régler leurs pensées?"

Le Bouddha dit à Subhuti, "Les bons fils et les bonnes filles qui entreprennent la suprêmement inégalée bodhéité formeront la pensée, 'je vais libérer tous les êtres sensibles. Les ayant libérés, il n'y aura pas d'êtres sensibles qui auront été libérés'. Pourquoi? Subhuti, si un bodhisattva avait un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme, alors il ne serait pas un bodhisattva. Pourquoi ça? Subhuti, en vrai, il n'existe pas de suprêmement inégalée bodhéité. Subhuti, qu'en penses-tu? Lorsque l'Ainsi Venu se trouvait avec le Bouddha Dipankara, il avait atteint la suprêmement inégalée bodhéité, n'est-ce pas?"

"Non, Honoré du Monde. Tel que j'ai compris ce veut expressément dire le Bouddha, quand le Bouddha se trouvait avec le bouddha Dipankara, il n'avait en rien atteint la bodhi suprêmement inégalée."

Le Bouddha réplica, "Oui, oui! Subhuti, en vrai, il n'existe pas de dharma qu'aurait atteint l'Ainsi Venu dans la suprêmement inégalée bodhéité. Subhuti, suppose qu'il y ait un dharma qu'aurait atteint l'Ainsi Venu dans la suprêmement inégalée bodhéité. Alors, le bouddha Dipankara ne m'aurait pas confié la prédiction 'Toi, dans une vie à venir, tu apparaîtras en tant que bouddha nommé Shakyamuni'. C'est parce qu'en réalité, il n'existe pas de dharma dans l'obtention de la suprêmement inégalée bodhéité. C'est pour cette raison que le bouddha Dipankara m'a confié cette prédiction qui disait, 'Toi, dans une vie à venir, tu apparaîtras en tant que bouddha nommé Shakyamuni'. Pourquoi cela? Pour quelqu'un qui est un Ainsi Venu, tous les dharmas se valent. Suppose que quelqu'un dise que l'Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, en vrai, il n'existe pas de dharma dans l'obtention par le Bouddha de la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, la bodhi suprêmement inégalée atteinte par l'Ainsi Venu est une [voie] médiane, sans vérité ni fausseté. C'est pour ça que l'Ainsi Venu dit de tous les dharmas qu'ils sont tous le Dharma du Bouddha. Subhuti, ce qu'on appelle 'tous les dharmas', n'est donc en rien tous les dharmas. C'est pour ça qu'on l'appelle 'tous les dharmas'. Subhuti, prend par exemple cette personne dont le corps est ancien et grand".

Subhuti répondit, "Honoré du Monde, l'Ainsi Venu a dit que la personne dont le corps est ancien et grand, n'a pourtant pas un grand corps. On l'appelle simplement un grand corps".

--"Subhuti, un bodhisattva est aussi tel. Si quelqu'un devait former les mots 'Je vais libérer tous les innombrables êtres' alors, on ne pourrait pas l'appeler un bodhisattva. Pourquoi donc? Subhuti, en réalité, il n'existe pas de dharma dont le nom serait 'bodhisattva'. C'est pour ça que le Bouddha a dit que chacun des dharmas est sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme. Subhuti, si un bodhisattva devait dire 'Je vais orner la terre du Bouddha'; alors ce ne serait pas quelqu'un qu'on pourrait appeller un bodhisattva. Pourquoi ça? Parce que l'Ainsi Venu a dit que l'ornement de la terre du Bouddha, est un non-ornement, on l'appelle 'ornement'. Subhuti, si un bodhisattva pénètre et traverse le Dharma sans égoïsme, l'Ainsi Venu a dit qu'on pouvait vraiment l'appeller un bodhisattva.".

(18) "Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi Venu possède-t-il l'oeil de chair?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu le possède".

"Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi Venu possède-t-il l'oeil divin?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu le possède".

"Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi Venu possède-t-il l'oeil de sagesse?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu le possède".

"Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi Venu possède-t-il l'oeil du Dharma?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu le possède".

"Subhuti, qu'en penses-tu? L'Ainsi Venu possède-t-il l'oeil du Bouddha?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu le possède".

"Subhuti, qu'en penses-tu? Prends les sables du Gange. Le Bouddha a parlé de ces sables, n'est-ce pas?"

"Oui, Honoré du Monde, l'Ainsi Venu en a parlé".

"Subhuti, qu'en penses-tu? Comme il y a de sable dans un seul Gange, suppose qu'il y ait des fleuves Gange en nombre égal à celui de ces sables, si on avait des terres de Bouddha en nombre égal à celui des sables de tous ces fleuves, ces terres seraient nombreuses, n'est ce pas?

"Incroyablement nombreuses, Honoré du Monde."

Le Bouddha dit à Subhuti, dans ces terres se trouvent des êtres sensibles avec diverses sortes d'esprits, que l'Ainsi Venu connaît parfaitement. Pourquoi donc? L'Ainsi Venu a dit que les esprits ne sont pas des esprits et sont de ce fait appellés "esprits". Subhuti, il est impossible de retenir l'esprit passé, impossible de tenir l'esprit présent, et impossible de saisir l'esprit futur car en aucune de ses activités l'esprit n'a-t-il de substance ou d'existence.

(19) "Subhuti, qu'en penses-tu? Suppose que quelqu'un remplisse trois-mille mondes avec les sept trésors pour en faire l'aumône. Cette personne, avec cette cause et ces conditions, obtiendrait de nombreuses bénédictions, n'est-ce pas?"

"Oui, Honoré du Monde? Cette personne, avec cette cause et ces condition, obtiendrait d'incroyablement nombreuses bénédictions

"Subhuti, si cet acte béni avait été réel, l'Ainsi Venu n'aurait pas dit que cette personne obtiendrait de nombreuses bénédictions. Puisque l'acte béni n'est pas, l'Ainsi Venu dit donc que la personne en obtiendrait de nombreuses bénédictions".

(20) "Subhuti, qu'en penses-tu? Peut-on reconnaître le Bouddha par la forme parfaite de son corps?"

"Non, Honoré du Monde. On ne doit pas reconnaître l'Ainsi Venu par la forme parfaite de son corps. Pourquoi ça? L'Ainsi Venu a dit que la forme parfaite de son corps n'est pas la forme parfaite d'un corps. On l'appelle forme parfaite d'un corps."

"Subhuti, qu'en penses-tu? Peut-on reconnaître le Bouddha par les signes parfaits?"

"Non, Honoré du Monde. On ne doit pas reconnaître l'Ainsi Venu par les signes parfaits. Pourquoi ça? L'Ainsi Venu a dit que les signes qui sont parfaits ne sont pas des signes qui sont parfaits. On les appelle des signes qui sont parfaits."

(21) "Subhuti, ne dis pas que l'Ainsi Venu forme cette pensée, "J'obtiendrai une explication du Dharma. Ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Si quelqu'un dit que l'Ainsi Venu possède une explication du Dharma, alors elle aura diffamé le Bouddha, parce qu'elle est incapable de comprendre les raisons de mon discours. Subhuti, le Dharma oral n'a pas de Dharma qu'on puisse exprimer. On l'appelle Dharma oral."[10]

Alors, le Vénérable Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, ne peut-on se demander s'il y aura-t-il toujours dans les générations à venir des êtres sensibles en qui surgira une foi authentique à entendre les mots de cet enseignement?"

Le Bouddha répondit à Subhuti, "Ce ne sont pas là des êtres sensibles, sans qu'on puisse dire qu'ils ne sont pas des êtres sensibles. Pourquoi donc? Subhuti, les êtres sensibles qui sont êtres sensibles, a dit l'Ainsi Venu, ne sont pas des êtres sensibles. On les appelle seulement 'êtres sensibles'."

(22) Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, est-ce parce rien n'est atteint nulle part que le Bouddha a atteint la bodhi suprêmement inégalée ?"

Le Bouddha répondit, "Oui, oui! Subhuti, dans ma bodhi suprêmement inégalée, il n'y a vraiment pas le moindre Dharma qu'on puisse obtenir. C'est ça qu'on appelle la bodhi suprêmement inégalée".

(23) "Qui plus est, Subhuti, le Dharma est égal, n'ayant ni haut ni bas. C'est ce qu'on appelle la bodhi suprêmement inégalée. C'est grâce au fait d'être sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme, et par la mise en oeuvre de tous les bons dharmas qu'on atteint la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, ce qu'on dit être de bons dharmas, l'Ainsi Venu a expliqué qu'ils étaient des non-dharmas. Ils sont appellés 'bons dharmas' ".

(24) "Subhuti, suppose que tout comme les monts Sumerus des trois-mille mondes, une personne ait accumulé des montagnes des sept trésors de dimensions et en nombres semblables à ceux de ces monts Sumeru, pour fins d'aumône. Si une personne, reçoit, retient, lit et récite ce sûtra de Perfection de Sagesse, ne fut-ce que quatre lignes, et l'explique à quelqu'un d'autre, l'action sainte de la première n'atteindrait pas le centième de la sienne. Un milliardième, même, n'en serait pas une estimation suffisante.

(25) "Subhuti, qu'en penses-tu? Dirais-tu que l'Ainsi Venu forme la pensée, 'Je sauverai les êtres sensibles'? Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? En vrai, il n'y a pas d'êtres sensibles que puisse sauver l'Ainsi Venu. S'il y en avait, alors l'Ainsi Venu aurait un égo individuel, une personne, une existence séparée, et une âme. Subhuti, l'Ainsi Venu a expliqué qu'un égo individuel n'est pas un égo individuel. Les hommes mortels considèrent leurs personnes comme étant un égo individuel. Subhuti, l'Ainsi Venu a expliqué que les hommes mortels ne sont pas des hommes mortels. On les appelle 'hommes mortels' ".

(26) "Subhuti, qu'en penses-tu? Peut-on examiner l'Ainsi Venu au moyen des trente-deux signes?" Subhuti répondit, "Oui, oui. Au moyen des trente-deux signes, on examine l'Ainsi Venu." Le Buddha dit, "Subhuti, si, au moyen des trente-deux signes, on examine l'Ainsi Venu, cet Ainsi Venu est alors un saint roi qui fait tourner la Roue [du Dharma]". [11] Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, l'Ainsi Venu, si je comprend bien ce que veut dire le Bouddha, ne doit pas être examiné au moyen des trente-deux signes." A ce moment, l'Honoré du Monde proclama ce gatha, disant,

"Si par la forme on regarde l'Ainsi Venu "Ou que par le son de ma voix on le cherche "On suit une voie corrompue "Et l'on ne peut reconnaître l'Ainsi Venu".

(27) "Subhuti, suppose que tu devais former la pensée 'Parce que ce n'est pas au moyen des signes parfaits que l'Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée'. Subhuti, ne forme pas cette pensée, 'Parce que ce n'est pas au moyen des signes parfaits que l'Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée'. Subhuti, suppose que tu devais former la pensée 'Entreprendre la bodhi suprêmement inégalée, c'est le Dharma oral du nihilisme'. Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Parce qu'on ne peut pas prétendre qu'entreprendre la bodhi suprêmement inégalée soit le Dharma d'une conception nihiliste. [12]

(28) "Subhuti, suppose qu'un bodhisattva remplissait autant de mondes qu'il y a de grains de sable dans le Gange avec les sept trésors, et les accumulait pour en faire l'aumône. Suppose encore qu'il se trouve quelqu'un qui sache que tout dharma est sans égo et qui en atteigne la complète persévérance. Ce bodhisattva surpasserait l'obtention des mérites du premier. Subhuti, la raison en est que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits".

Subhuti s'adressa au Bouddha, en disant, "Honoré du Monde, comment se fait-il que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits?"

"Subhuti, on ne doit pas s'attacher avec avidité à la composition des bienfaits des bodhisattvas. C'est pourquoi ils sont dits 'ne pas recevoir de bienfaits' ".

(29) "Subhuti, s'il se trouvait quelqu'un pour dire que l'Ainsi Venu va, vient, s'assied ou s'étend; cette personne ne comprendrait pas ce que je veux expressément dire. Pourquoi donc? L'Ainsi Venu n'a pas d'endroit d'où venir, et n'a pas non plus d'endroit où aller. C'est pourquoi il est appelé un Ainsi Venu."

(30) "Subhuti, suppose que de bons fils et de bonnes filles devaient moudre les trois-mille mondes en grains de poussière. Qu'en penses-tu? Ces grains seraient nombreux, n'est-ce pas?" -- "Incroyablement nombreux, Honoré du Monde. Et pourquoi? Si ces myriades de grains existaient réellement, le Bouddha ne parlerait pas de myriades de grains de poussière. Pourquoi cela? le Bouddha a dit que ces grains ne sont pas des grains de poussière. On les appelle grains de poussière. Honoré du Monde, l'Ainsi Venu a dit que les trois mille mondes ne sont donc pas composés de mondes, on les appelle 'mondes'. Pourquoi donc? Si ces mondes existaient réellement, alors ils apparaîtraient comme un seul conglomérat. L'Ainsi Venu a déclaré que l'apparence d'un seul conglomérat n'est pas l'apparence d'un seul conglomérat. Ça s'appelle 'un seul conglomérat'." [13]

"Subhuti, l'apparence d'un seul conglomérat n'est donc pas exprimable. Seuls les hommes ordinaires s'attachent avidement aux agissements de leurs propres personnes."

(31) "Subhuti, suppose que quelqu'un dise que le Bouddha a parlé du point de vue de l'égo, du point de vue de la personne, du point de vue des existences séparées, ou du point de vue de l'âme. Subhuti, qu'en penses-tu? Cette personne comprend-elle ce que je veux expressément dire?"

"Non, Honoré du Monde. Cette personne ne comprendrait pas ce que l'Ainsi Venu veut expressément dire. Pourquoi donc? L'Honoré du monde a dit que la perception d'un égo individuel, d'une personne, d'une existence séparée, et d'une âme ne sont donc pas la perception d'un égo individuel, d'une personne, d'une existence séparée, et d'une âme."

"Subhuti, dans la bodhi suprêmement inégalée, tous les dharmas devraient ainsi être connus, conçus et en conséquence fidèlement compris comme les apparences non-nées des dharmas. Subhuti, l'Ainsi Venu a dit que les mots 'apparences des dharmas' ne sont donc pas les apparences des dharmas. On les appelle 'apparences des dharmas'."

(32) "Subhuti, suppose que quelqu'un remplisse d'innombrables asankhyas de mondes avec les sept trésors et les accumule pour en faire l'aumône. Et suppose que de bons fils et de bonnes filles entreprennent la bodhéité, ne retenant de ce sûtra que quatre lignes, en en recevant, retenant, lisant et récitant et donnant aux autres des explications détaillées. Leurs mérites dépasseraient ceux de l'autre. Comment pourraient-ils donner aux autres des explications détaillées? Sans s'attacher aux apparences de l'absolu, sans agitation. Pourquoi cela?

"Tous les dharmas existants et conditionnés "Sont des rêves, des illusions, des bulles, des ombres; "Comme la rosée et aussi comme l'éclair, "Ainsi doit-on les considérer."

Quand le Bouddha eût fini de prononcer ce sûtra, le Vénérable Subhuti, les bhiksus, bhiksunis, upasakas, et upasikas, et tous, dans les mondes des dieux, des humains et des titans qui avaient entendu les enseignements du Bouddha furent grandement exaltés. Sincèrement, ils reçurent et transmirent la pratique du sûtra de Perfection de Sagesse du Diamant [Coupant].

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Notes

10. Ce passage est significatif dans son affirmation de la vacuité des "dharmas oraux" (c.-à-d. les enseignements) du Bouddha. Il rend claire l'idée que le Dharma est une vérité sous-jacente, ineffable et inexprimable, et que les dharmas oraux ne sont qu'une tentative de nous amener à nous en rendre compte. C'est comme la métaphore du doigt et de la lune. Ne voir que les doigts et ne se fixer que sur eux, c'est se planter complètement. [paragraphe]

11. Autrement dit, cet Ainsi Venu (Tathagata) est une personne mortelle qui porte le titre d'Ainsi Venu, et non pas l'Ainsi Venu immortel et spiritule dont on parle dans ce sûtra. [paragraphe]

12. Il est important de faire attention à ce passage, car il s'agit d'une réfutation explicite des interprétations nihilistes de ce qui est dit dans le sûtra. [paragraphe]

13. La logique de ce passage n'est pas immédiatement évidente, parce qu'il ne fait qu'ébaucher un argument classique. En général, un des arguments de la vacuité de toute chose se trouve dans la reconnaissance de ce que les choses sont composées d'éléments plus petits, et ne possédent donc pas d'autre entité interne que ces éléments. Par exemple, une automobile n'a pas d'essence "automobile", n'étant qu'un conglomérat de pièces assemblées, appelé "une automobile". Ce passage conduit un argument similaire au sujet des mondes du trichiliocosme (" les trois mille mondes"). Ces mondes n'existent pas réellement en tant qu'entités indépendantes, étant composés de grains de poussière. Les grains de poussière, de même, sont eux-aussi vides et ne sont que des désignations pour des paquets de poussière, etc. [paragraphe]


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