Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens

© Nanabozho (Gichi Wabush)

Le sûtra de la descente au Lanka, est censé avoir été transmis à la Chine par Bodhidharma, dont on dit qu'il s'en servait comme du seau de sa transmission. Cette version a été traduite de l'anglais au français par moi à partir de la version de Daisetz Teitaro Suzuki ainsi que d'autres éléments non identifiés. Je recevrai avec gratitude et humilité les observations des lecteurs.

Lankavâtara Sûtra

Sûtra de la Descente au Lanka (7°partie)

[Aller à la sixième partie]

Chapitre XII

L'Ainsité qui est la Noble Sagesse

Alors Mahâmati dit au Béni du Ciel: Il a été enseigné dans les livres canoniques que les Bouddhas ne sont sujets ni à la naissance ni à la destruction, et vous avez dit que «le Non-né» est un des noms des Tathagatas; cela signifie-t-il que le Tathagata est une non-entité?

Le Béni du Ciel répondit: Le Tathagata n'est pas une non-entité et n'a pas non plus à être conçu comme d'autres choses sont, qui ne naissent ni ne disparaissent, il n'est pas non plus sujet à causalité, et n'est pas sans signification; et pourtant, j'en parle comme du «Non-né». Il y a encore une autre nom pour le Tathagata. «Celui qui apparaît en esprit» (Manomayakaya) que son Corps essentiel revêt à volonté dans les transformations incidentes à son travail d'émancipation. Ceci est au-delà l'entendement des disciples ordinaires et des maîtres et même au-delà de la pleine compréhension de ces Bodhisattvas qui en sont restés au septième stade. Oui, Mahâmati, «Le Non-né» est synonyme de Tathagata.

Alors Mahâmati dit: Si les Tathagatas sont non-nés, il ne semble y avoir rien dont on puisse se saisir &emdash; pas d'entité &emdash; à moins qu'il y ait quelque chose qui porte une autre nom que celui d'entité? Et que pourrait être alors ce «quelque chose»?

Le Béni du Ciel répondit: On connaît fréquemment les objets sous différents noms selon les différents aspects qu'ils présentent, -- le dieu Indra est parfois appelé Shakra, et parfois Purandara. Ces différents noms sont parfois interchangeables et ils sont parfois discriminés, mais on n'a pas à imaginer différents objets à cause de différents noms, ni ne sont ils sans individuation. On peut en dire de même de moi lorsque j'apparais dans ce monde de patience à des ignorants et où je suis connu sous d'innombrables trillions de noms. Ils s'adressent à moi par différents noms sans se rendre compte que ce sont tous des noms du Tathagata. Certains me voient comme le Soleil, d'autres comme la Lune; certains comme une réincarnation des anciens sages; certains comme l'une de «dix Puissances»; certains comme Rama, d'autres comme Indra, et d'autres encore comme Varuna. Il y en a encore d'autres qui parlent de moi comme du Non-né, comme de la Vacuité, comme de «l'Ainsité,» comme de la Vérité, comme de la Réalité, comme du Principe Ultime; d'autres encore me voient comme Dharmakaya, comme Nirvâna, comme Eternel; certains parlent de moi comme identité, comme non-dualité, comme immortalité, comme sans forme; certains pensent de moi que je suis la doctrine de causalité du Bouddha, ou l'Emancipation, ou le Noble Sentier; et certains pensent de moi que je suis L'esprit divin et la Noble Sagesse. Donc dans ce monde et dans d'autres mondes je suis connu sous ces innombrables noms, mais tous me voient comme la lune est vue dans l'eau. Quoique tous m'honorent, chantent mes louanges et m'estiment, ils ne comprennent pas pleinement le sens et la signification de mots dont ils ne se servent pas ; n'ayant pas leur propre auto-réalisation de la Vérité ils s'accrochent aux mots de leurs livres canoniques, ou à ce qui leur en a été dit, ou à ce qu'ils ont imaginé, et n'arrivent pas à voir que le nom dont ils se servent n'est qu'un seul des nombreux noms du Tathagata. Dans leur études ils suivent vainement les seuls mots du texte en tentant d'en découvrir le vrai sens, au lieu de faire confiance au seul «texte» où est révélée la Vérité qui se confirme elle-même, c'est-à-dire faire confiance à l'auto-réalisation de Noble Sagesse.

* * *

Alors Mahâmati dit: Je vous en prie, parlez-nous, ô Béni du Ciel, de la nature propre des Tathagatas?

Le Béni du Ciel répondit: Si le Tathagata doit être décrit par des expressions telles que fait ou non-fait, effet ou cause, il nous faudrait le décrire comme ni fait, ni non-fait, ni effet, ni cause; mais si nous le décrivions ainsi, nous nous rendrions coupables de discrimination dualiste. Si le Tathagata était quelque chose de fabriqué, il serait impermanent; s'il était impermanent tout ce qui est fabriqué serait un Tathagata. S'il est quelque chose de non-fabriqué, alors tous les effort de réaliser l'Ainsité seraient inutiles. Ce qui n'est ni un effet ni une cause, n'est ni un être ni un non-être, et ce qui n'est ni un être ni un non-être est hors des quatre propositions. Les quatre propositions appartiennent à l'usage mondain; ce qui est hors d'eux n'est rien de plus qu'un mot, comme l'enfant d'une femme stérile; ainsi doit-on comprendre tous les termes qui concernent le Tathagata.

Lorsqu'il est dit que toutes choses sont sans existence propre, cela signifie que toutes choses sont dépourvues de qualité de soi. Chaque chose peut avoir sa propre individualité &emdash; l'être d'un cheval n'a pas la nature de la vache &emdash; elle est telle de par sa propre nature et c'est ainsi que les ignorants la discernent, mais, néanmoins, sa propre nature est de la nature d'un rêve ou d'une vision. C'est pour cela que les ignorants et les simples d'esprit, qui ont l'habitude de discriminer entre les apparences, échouent à comprendre la signification de l'absence d'existence propre. Ce n'est que lorsqu'on se débarrasse de la discrimination que le fait que toutes choses sont vides, non-nées et sans nature propre peut être apprécié.

Mahâmati, tous ces expressions telles qu'elles sont appliquées aux Tathagatas sont sans signification, pour ce qu'aucune d'entre elles n'est détaché de toute mesure, et pour ce qui est détaché de toute mesure devient un mot sans signification; ce qui n'est qu'un mot est quelque chose de non-né; ce qui est non-né n'est pas sujet à destruction; ce qui n'est pas sujet à destruction est comme l'espace et l'espace n'est ni effet ni cause; ce qui est ni effet ni cause est quelque chose de non-conditionné; ce qui est non-conditionné est au-delà tout raisonnement; ce qui est au-delà tout raisonnement: tel est le Tathagata. La nature propre de l'Ainsité est bien éloignée de tous prédicats et mesures; la nature propre de l'Ainsité est la Noble Sagesse.

* * *

Alors Mahâmati dit au Béni du Ciel: Les Tathagatas sont-ils permanents ou impermanents?

Le Béni du Ciel répondit: Les Tathagatas ne sont ni permanents ni impermanents; si l'on postule l'un ou l'autre, il y a erreur en rapport avec les agents créateurs, car, selon les philosophes, les agents créateurs sont quelque chose d'incréé et de permanent. Mais les Tathagatas ne sont pas en rapport avec les agents créateurs ainsi nommés et en ce sens ils sont impermanents. S'ils sont dits impermanents alors c'est en rapport avec des choses qui sont créées car elles aussi sont impermanentes. C'est pour ces raisons que les Tathagatas ne sont ni permanents ni impermanents.

On ne peut pas non plus dire des Tathagatas qu'ils sont permanents au sens où l'espace est dit être permanent, ou qu'on peut dire des cornes d'un lièvre qu'elles sont permanentes car, étant irréels, ils excluent toute idée de permanence ou d'impermanence. Ceci ne s'applique pas aux Tathagatas parce qu'ils proviennent de l'ignorance de l'énergie de l'habitude qui est connectée avec le système mental et les éléments qui constituent la personnalité. Le triple monde tire son origine de la discrimination entre des irréalités et là a lieu une discrimination, il y a dualité et la notion de permanence et d'impermanence, mais les Tathagatas ne viennent pas de la discrimination d'irréalités. Donc, tant qu'il y a discrimination il y a notion de permanence et d'impermanence; quand on se défait de la discrimination, la Noble Sagesse, qui est fondée sur la signification de la solitude, est établie.

Cependant, il y a un autre sens dans lequel on peut dire que les Tathagatas sont permanents. L'Intelligence transcendantale qui vient avec l'accession à l'éveil est d'une nature permanente. Cette essence de Vérité qui peut être découverte dans l'éveil de tous ceux qui sont éveillés, est réalisable en tant que principe de Réalité régulateur et sustenteur, qui reste toujours. L'Intelligence transcendantale atteinte intuitivement par les Tathagatas grâce à leur auto-réalisation de la Noble Sagesse, est une réalisation de leur propre nature, &emdash; en ce sens les Tathagatas sont permanents. L'éternel impensable des Tathagatas est l'«Ainsité» de Noble Sagesse qu'ils ont réalisée en eux-mêmes. Elle est tout autant éternelle et au-delà de la pensée. Elle est conforme à l'idée d'une cause et est encore au-delà de l'existence et de la non-existence. Comme c'est l'état exalté de Noble-Sagesse, elle se sert de son caractère. Comme c'est la cause de la plus élevée Réalité, elle est sa propre causalité. Son éternité n'est pas dérivée de raisonnements fondés sur des notions extérieures de l'être et du non-être, ni de l'éternité ni de la non-éternité. Classée sous la même rubrique que l'espace, la cessation, le Nirvâna, elle est éternelle. Comme elle n'a rien à voir avec l'existence et la non-existence, elle n'est pas le Créateur; parce qu'elle n'a rien à voir avec la création, ni avec l'être ni le non-être, mais n'est révélée que dans l'état exalté de noble Sagesse, elle est vraiment éternelle.

Lorsque les doubles passions sont détruites, que les doubles obstacles sont dégagés, que la double absence d'existence propre est pleinement comprise, et que l'inconcevable mort de transformation du Bodhisattva est atteinte &endash; ce qui reste est la nature propre des Tathagatas. Lorsque les enseignements du Dharma sont pleinement compris et parfaitement réalisés par les disciples et maîtres, ce qui est réalisé au plus profond de leur conscience est leur propre Nature-de-Bouddha révélé en tant que Tathagata.

Dans un vrai sens il y a quatre sortes d'identité par rapport à la Nature-de-Bouddha: Il y a identité de lettres, identité de mots, identité de sens, et identité d'Essence. Le nom du Bouddha s'épelle: B-O-U-D-D-H-A; les lettres sont les mêmes pour n'importe quel Bouddha ou Tathagata. Lorsque les Brahmanes enseignent, ils se servent de divers mots, et quand les Tathagatas enseignent ils usent exactement des mêmes mots; par rapport aux mots il y a une identité entre nous. Dans l'enseignements de tous les Tathagatas, il y a une identité de sens. Parmi tous les bouddhas il y a une identité du sens. Ils ont tous les trente-deux marques d'excellence et les quatre-vingts signes mineurs de perfection corporelle; il n'y a pas de distinction entre eux sauf quand ils manifestent diverses transformations selon les différentes dispositions des êtres qui doivent être disciplinés et émancipés par divers moyens. Dans l'Ultime Essence qui est le Dharmakaya, tous les bouddhas du passé, du présent et du futur, sont les mêmes.

* * *

Alors Mahâmati dit au Béni du Ciel: Il a été dit par le Béni du Ciel que depuis la nuit de l'Eveil jusqu'à la nuit du Parinirvâna, le Tathagata n'a jamais prononcé un mot ni n'en prononcera jamais. En quel sens profond est-ce vrai?

Le Béni du Ciel répondit: C'est vrai pour deux raisons parmi les plus profondes: Dans la lumière de la Vérité auto-réalisée par la Noble Sagesse; et dans la Vérité d'une Réalité demeurant éternellement. L'auto-réalisation de la Noble Sagesse par tous les Tathagatas est la même que ma propre auto-réalisation de la Noble Sagesse; il n'y a rien de plus, rien de moins, pas de différence, et tous les Tathagatas sont témoins de ce que l'état d'auto-réalisation est libre de mots et de discriminations et n'a rien à voir avec une façon dualiste de parler, c'est-à-dire que tous les êtres reçoivent les enseignements des Tathagatas grâce à l'auto-réalisation de la Noble Sagesse, pas grâce aux mots de la discrimination.

Encore une fois, Mahâmati, il y a toujours eu une Réalité demeurant éternellement. La «substance» de la Vérité (dharmadhatu) demeure toujours, qu'un Tathagata apparaisse au monde ou pas. C'est de même que la Raison de toutes choses (dharmata) demeure éternellement; c'est de même que demeure la Réalité (paramartha) et qu'elle garde son ordre. Ce qui a été réalisé par moi-même et par tous d'autres Tathagatas est cette Réalité (Dharmakaya), l'ordre intrinsèque demeurant éternellement de la Réalité; l'«Ainsité» (tathata) de toutes choses; la réalité des choses (bhutata); la Noble Sagesse qui est la Vérité elle-même. Le soleil irradie sa splendeur spontanément sur tous sans distinctions et sans un mot d'explication; c'est de même que les Tathagatas irradient La Vérité de la Noble Sagesse sans recourir aux mots, au bénéfice de tous sans distinction. C'est pour ces raisons que je fais état de ce que, depuis la nuit de l'éveil jusqu'à la nuit du Parinirvana du Tathagata, il n'a pas été proféré, ni ne le sera, aucun mot. Et il en va de même de tous les bouddhas.

* * *

Alors Mahâmati dit: Béni du Ciel, vous parlez de l'identité de tous les Bouddhas, mais ailleurs vous avez parlé de Dharmata-Bouddha, de Nishyanda-Bouddha et de Nirmana-Bouddha comme s'ils étaient différents les uns des autres; comment peuvent-ils être les mêmes et pourtant différents?

Le Béni du Ciel répondit: Je parle des différents Bouddhas en opposition aux vues des philosophes qui basent leurs enseignements sur la réalité d'un monde extérieur de la forme et qui chérissent la discrimination et les attachements qui en surgissent; contre les enseignements de ces philosophes, je dévoile le Nirmana-Bouddha, le Bouddha de Transformations. Dans les nombreuses transformations du stade de Tathagata, le Nirmana-Bouddha établit des sujets comme la charité, la moralité, la patience, le recueillement, et la tranquillisation: par la connaissance correcte il enseigne la véritable compréhension de la nature de maya des éléments qui constituent la personnalité et son monde extérieur; il enseigne la véritable nature du système mental dans son ensemble et dans les distinctions de ses formes, fonctions et mode opératoires. Dans un sens plus profond, le Nirmana-Bouddha symbolise le principe de différentiation et d'intégration grâce auquel toutes les composantes sont distribuées, toutes les complexités simplifiées, toutes les pensées analysées; en même temps il symbolise le pouvoir d'harmonisation unificateur de la sympathie et de la compassion; il enlève tous les obstacles, il harmonise toutes les différences, il amène à parfaite Unité la multitude discordante. Pour l'émancipation de tous les êtres les Bodhisattvas et Tathagatas revêtent des corps de transformation et emploient beaucoup de moyens habiles, &emdash; ceci est le travail du Nirmana-Bouddha.

Grâce à l'éveil des Bodhisattvas et à leur soutien tout au long des étapes, l'inconcevable devient réalisable. Le Nishyanda-Bouddha, &emdash; le «Bouddha d'écoulements» &emdash; grâce à l'Intelligence transcendantale, révèle le vrai le sens et la vraie signification des apparences, de la discrimination, de l'attachement; et du pouvoir de l'énergie de l'habitude qu'ils ont accumulée et les conditionne; ainsi que du non-né, de la vacuité, et de l'absence d'existence propre de toutes choses. A cause de l'Intelligence transcendantale et de la purification des mauvais écoulements de vie, qui sont toutes des auto-réalisations dualistes de la Noble Sagesse, la vraie absence d'image de la Réalité est rendue manifeste. L'inconcevable gloire de la Bouddhéité est rendue manifeste dans les rayons de la Noble Sagesse; la Noble Sagesse est la nature propre des Tathagatas. Ceci est le travail du Nishyanda-Bouddha. Dans un sens plus profond, le Nishyanda-Bouddha symbolise l'émergence du principe d'intellection et de compassion mais comme encore indifférenciée et en parfait équilibre, potentiel mais non-manifeste. Du côté entrant du Bodhisattva, on voit le Nishyanda-Bouddha dans le corps glorifié des Tathagatas; à partir du côté de la Bouddhéité qui va en avant, on voit le Nishyanda-Bouddha dans les personnalités radieuses des Tathagatas prêts et impatients de manifester leur Amour et Sagesse du Dharmakaya inhérents .

Le Dharmata-Bouddha est la Bouddhéité dans sa nature propre de parfaite unité dans laquelle prévaut l'absolue Tranquillité. En tant que noble Sagesse, le Dharmata-Bouddha transcende toutes les connaissances différenciées, il est le but de l'auto-réalisation intuitive, et il est la nature propre des Tathagatas. En tant que Noble Sagesse, le Dharmata-Bouddha est l'ultime Principe de Réalité duquel toutes choses tirent leur être et leur fiabilité, mais qui transcende en lui-même tous les prédicats. Le Dharmata-Bouddha est le soleil central qui tient tout, illumine tout. Son inconcevable Essence est rendue manifeste dans la gloire d'«écoulement» du Nishyanda-Bouddha et dans les transformations du Nirmana-Bouddha.

* * *

Alors Mahâmati dit: Je vous en prie, ô Béni du Ciel, dites-nous en plus à propos du Dharmakaya?

Le Béni du Ciel répondit: Nous en avons parlé en termes de Bouddhéité, mais il est inscrutable et, au-delà du prédicat, nous pourrions tout aussi bien en parler du Corps de Vérité, ou Principe de Vérité de la Réalité ultime (Paramartha). On pourrait considérer ce Principe Ultime de Réalité comme se manifestant sous sept aspects: Tout d'abord, en tant que Citta-gocara, c'est le monde de l'expérience spirituelle et la demeure des Tathagatas au cours de leur mission d'émancipation. C'est la Noble Sagesse manifestée comme principe de radiance et d'individuation. Ensuite, en tant que Jñana, c'est le monde mental et son Principe d'intellection et de conscience. Troisièmement, en tant que Dristi, c'est le domaine du dualisme, c'est-à-dire le monde physique de la naissance et de la mort dans lequel sont manifestées toute différentiation, tout désir, tout attachement et toute souffrance.

Quatrièmement, à cause de l'avidité, de la colère, de l'infatuation, de la souffrance et du besoin du monde physique incident à la discrimination et à l'attachement, il révèle un monde au-delà du domaine du dualisme où il apparaît en tant que Principe intégratif de charité et de sympathie. Cinquièmement, dans un domaine encore plus élevé, qui est la demeure des stades du Bodhisattva, et qui est analogue au monde mental, où les intérêts de l'ouïe transcendent ceux de l'esprit, il apparaît en tant que principe de compassion et de don de soi, Sixièmement, dans le domaine spirituel où les Bodhisattvas accèdent à la Bouddhéité, il apparaît en tant que principe d'Amour parfait (Karuna). Ici, le dernier attachement à un Soi est abandonné et le Bodhisattva entre dans sa réalisation de la noble Sagesse qui est la béatitude de la parfaite jouissance par le Tathagata de sa nature la plus intime. Septièmement, en tant que Prajñâ, c'est l'aspect actif du Principe Ultime ou autant le principe entrant que le principe d'aller de l'avant sont semblablement implicites et potentiels, et où et la Sagesse et L'Amour sont en parfaits équilibre, harmonie et Unité.

Tels sont les sept aspects du Principe ultime du Dharmakaya, grâce auquel toutes choses sont rendues manifestes et amenées à perfection et ensuite réintégrées, et demeurent toutes au sein de son inscrutable Unité, sans signes d'individuation, ni de commencement, ni de succession, ni de fin, Nous en parlons comme du Dharmakaya, comme du Principe Ultime, comme de la Bouddhéité, comme du Nirvâna; qu'importe? Ce ne sont que d'autres noms pour la Noble-Sagesse. Mahâmati, toi et tous les Bodhisattva-Mahasattvas devriez éviter le raisonnement erronées des philosophes et rechercher l'auto-réalisation de la Noble Sagesse.

 


Chapitre XIII

Nirvâna

Alors Mahâmati dit au Béni du Ciel: Je vous en prie, parlez-nous du Nirvâna?

Le Béni du Ciel répondit: Différentes personnes utilisent ce terme, le Nirvâna, avec beaucoup de significations différentes, mais on peut répartir ces gens en quatre groupes: Il y a ceux qui souffrent, ou qui ont peur de souffrir, et qui pensent au Nirvâna; il y a des philosophes qui tentent de discriminer le Nirvâna; il y a la catégorie des disciples qui pensent au Nirvâna en relation à eux-mêmes; et finalement, il y a le Nirvâna des Bouddhas. Ceux qui souffrent ou qui ont peur de souffrir, pensent au Nirvâna comme une fuite et une récompense. Ils imaginent que le Nirvâna consiste dans la future annihilation des sens et des mentations sensorielles; ils ne se rendent pas compte que ce monde de vie-et-mort et le Nirvâna n'ont pas à être séparés.

Ces ignorants, au lieu de méditer sur le sans-image du Nirvâna, discutent des différentes manières d'émancipation. Ignorants de, ou ne comprenant pas , les enseignements des Tathagatas, ils s'accrochent à la notion de Nirvâna qui est extérieure à ce qui est vus par l'esprit, et c'est ainsi qu'ils continuent de se rouler eux-mêmes avec la roue de vie et de la mort. Pour ce qui est du Nirvâna discriminé par les philosophes: il n'existe pas vraiment. Certains philosophes croient que le Nirvâna se trouve là où le système mental n'opère plus à cause de la cessation des éléments qui constituent la personnalité et son monde; ou qu'il se trouve là où il y a totale indifférence au monde objectif et à son impermanence. Certains croient que le Nirvâna est un état où il n'y a plus de souvenirs du passé ou du présent, tout comme quand une lampe est éteinte, ou quand une semence est brûlée, ou quand un feu s'éteint; car alors, il y a cessation de tous les substrats, ce que les philosophes expliquent comme la non-naissance de la discrimination. Mais ceci n'est pas le Nirvâna, parce que le Nirvâna ne consiste pas en une simple annihilation et vacuité. Encore une fois, certains philosophes expliquent la délivrance comme s'il ne s'agissait que de la simple cessation des discriminations, comme quand le vent cesse de souffler, ou comme quand quelqu'un par ses propres efforts réussit à se défaire des vues dualistes de connaisseur et de connu, ou se défait des notions de permanence et d'impermanence; ou se débarrasse des notions de bon et de mauvais; ou surmonte la passion au moyen de la connaissance: pour eux, le Nirvâna est délivrance. Certains, voyant dans «la forme» le porteur de la souffrance s'alarment contre la notion de «forme» et recherchent le bonheur dans un monde du «sans-forme.» Certains croient qu'étant données l'individualité et la généralité qu'on reconnaît dans toutes choses intérieures et extérieures, il n'y a pas de destruction et que tous les êtres maintiennent leur être à jamais et, dans cette éternité, voient le Nirvâna. Les autres voient l'éternité des choses dans la conception du Nirvâna en tant qu'absorption de l'âme finie dans l'Atman suprême ; d'autres encore voient toutes choses en tant que manifestation de la force vitale de quelque Esprit Suprême auquel tous retournent; et certains, qui sont particulièrement bêtes, déclarent qu'il y a deux choses primaires, une substance primaire et une âme primaire, qui réagissent différemment l'une sur l'autre et c'est ainsi que se produisent toutes choses à partir des transformations de qualités; certains pensent que le monde est né de l'action et de l'interaction et qu'aucune autre cause n'est nécessaire; les autres pensent que Ishvara est le libre Créateur de toutes choses; comme ils s'accrochent à ces sottes notions, il n'y a pas d'éveil, et ils considèrent que le Nirvâna consiste dans le fait qu'il n'y a pas d'éveil. Certains imaginent que le Nirvâna est là où la nature propre existe d'elle-même, sans être gênée par d'autres natures propres, comme les plumes versicolores d'un paon, ou divers cristaux, ou l'acuité de la pointe d'une épine. Certains conçoivent l'être en tant que Nirvâna, certains en tant que non-être, cependant que les autres conçoivent qu'il n'y a pas à distinguer entre toutes les choses et le Nirvâna. Certains, pensant que le temps est le Créateur et que la naissance du monde dépend du temps, imaginent que le Nirvâna consiste dans la reconnaissance de temps en tant que Nirvâna. Certains pensent que il y aura Nirvâna lorsque les «vingt-cinq» vérités seront acceptées de façon générale, ou quand le roi observera les six vertus, et certains religieux pensent que le Nirvâna est l'accession au paradis. Ces vues multiples qu'avancent les philosophes avec leur divers raisonnements ne sont pas en accord avec la logique, et ne sont pas non plus acceptables pour les sages. Ils conçoivent tous le Nirvâna de façon dualiste et dans un rapport causal; par ces discriminations, les philosophes imaginent le Nirvâna, mais là où il n'y a ni apparition ni disparition, comment pourrait-il y avoir discrimination? Chaque philosophe compte sur son propre manuel, dont il tire son entendement, et pèche à l'encontre de la vérité, parce que la vérité n'est pas là où il l'imagine être. Le seul résultat, c'est que ça égare son esprit et qu'il en devient encore plus confus, vu qu'on ne peut pas trouver le Nirvâna par la recherche mentale, et plus son esprit devient confus, plus il embrouille les autres. Quant à la notion de Nirvâna telle que la tiennent disciples et maîtres qui s'accrochent toujours à la notion d'un Soi, et qui tentent de la trouver en s'isolant par eux-mêmes dans la solitude: leur notion de Nirvâna est une éternité de béatitude semblable à la béatitude des Samadhis pour eux-mêmes. Ils croient que le monde n'est qu'une manifestation de l'esprit et que toutes les discriminations sont du fait de l'esprit, et ils abandonnent donc leurs relations sociales et la pratique des diverses disciplines spirituelles et recherchent dans la solitude l'auto-réalisation de la Noble Sagesse par leur effort propre. Ils suivent les étapes jusqu'à la sixième et accèdent à la béatitude des Samadhis, mais comme ils sont toujours attachés à l'égoïsme, ils n'accèdent pas aux «retournement» au plus profond de la conscience et c'est pourquoi ils ne sont pas libres de l'esprit pensant et de l'accumulation de son énergie de l'habitude. Attachés à la béatitude des Samadhis, ils passent à leur Nirvâna, mais ce n'est pas le Nirvâna des Tathagatas. Ils sont de ceux qui sont «entrés dans le courant»; ils leur faut retourner à ce monde de la vie et de la mort.

* * *

 

Alors Mahâmati dit au Béni du Ciel: Lorsque les Bodhisattvas cèdent leurs mérites accumulés pour l'émancipation de tous les êtres, ils deviennent spirituellement un avec toute vie animée; ils peuvent être eux-mêmes purifiés, mais dans les autres il reste encore du mauvais karma non-épuisé et immature. Je vous en prie, dites-nous, ô Béni du Ciel, comment les Bodhisattvas reçoivent-ils l'assurance du Nirvâna? Et quel est le Nirvâna des Bodhisattvas?

Le Béni du Ciel répondit: Mahâmati, cette assurance n'est pas une assurance de nombres ni de logique; ce n'est pas l'esprit qui doit être assuré mais le coeur. L'assurance du Bodhisattva vient au moment du déploiement de la pénétration qui suit celui où les obstacles de la passion sont dégagés, l'obstacle de la connaissance purifié, et l'absence d'existence propre clairement perçue et patiemment acceptée. Comme l'esprit mortel cesse de discriminer, il n'y a plus de soif de vie, ni de désir sexuel, ni de soif de science, ni de soif de vie éternelle; avec la disparition de cette quadruple soif, il n'y a plus d'accumulation de l'énergie de l'habitude; quand il n'y a plus d'accumulation de l'énergie de l'habitude, les souillures sur la face de l'Esprit universel s'en vont, et le Bodhisattva accède à l'auto-réalisation de la Noble Sagesse qui est l'assurance qu'a le coeur d'accéder au Nirvâna. Il y a des Bodhisattvas ici et dans d'autres Terres de Bouddhas, qui se sont sincèrement consacrés à la mission du Bodhisattva et qui ne peuvent pas encore oublier totalement la béatitude des Samadhis et la paix du Nirvâna-pour-eux-mêmes. L'enseignement du Nirvâna dans lequel il n'y a pas de substrat qui reste derrière, est révélé selon un sens caché au bénéfice de ces disciples qui s'accrochent toujours aux pensées de Nirvâna pour eux-mêmes, afin qu'ils puissent être inspirés de s'exercer dans la mission du Bodhisattva d'émancipation pour tous les êtres. Les Bouddhas de Transformation enseignent une doctrine de Nirvâna en considération de la situation telle qu'ils la trouvent, et pour donner un encouragement aux timides et aux égoïstes. Pour détourner leurs pensées d'eux-mêmes et pour les encourager à une compassion plus profonde et à un zèle plus sincère envers les autres, ils reçoivent une assurance sur le futur de par le pouvoir de soutien des Bouddhas de Transformation, mais pas par le Dharmata-Bouddha.

Le dharma qui établit La Vérité de la Noble Sagesse appartient au domaine du Dharmata-Buddha. Pour les Bodhisattvas des septième et huitième stades, l'Intelligence transcendantale est révélée par le Dharmata-Buddha et le Chemin qu'ils ont à suivre leur est montré. Dans la parfaite auto-réalisation de la Noble Sagesse qui suit l'inconcevable mort-transformation du contrôle de la volonté individuelle du Bodhisattva, il ne rivalise plus avec lui-même, mais la vie qu'il dispute après cela, c'est la vie universelle du Tathagata telle que manifestée dans ses transformations. Dans cette parfaite auto-réalisation de la Noble Sagesse, le Bodhisattva se rend compte que pour les Bouddhas, il n'y a pas de Nirvâna. La mort d'un Bouddha, le grand Parinirvâna, n'est ni destruction ni mort, car autrement il serait naissance et continuation. S'il était destruction, il serait un acte producteur d'effets, ce qui n'est pas le cas. Ni n'est il une disparition ou un abandon, ni n'est il réalisation, et pas non plus une non-réalisation; ni n'est il signifiant ni non-signifiant, car il n'y a pas de Nirvâna pour les Bouddhas.

Le Nirvâna du Tathagata est là où on a reconnu qu'il n'y a rien sauf ce qui est vue de l'esprit lui-même; il est là où, ayant reconnu la nature de l'esprit du soi, on ne chérit plus le dualisme de la discrimination; il est là où il n'y a plus de soif ni de saisie; il est là où il n'y a pas plus d'attachement aux choses extérieures . Le Nirvâna est là où l'esprit pensant avec toutes ses discriminations, attachements, aversions et l'égoïsme sont pour toujours mis de côté; il est là où les mesures logiques, comme elles s'avèrent inertes, ne sont plus saisies; il est là où même la notion de vérité est traitée avec indifférence parce qu'elle est cause de confusion; il est là où, lorsqu'on se débarrasse des quatre propositions, il y a pénétration dans la demeure de la Réalité. Le Nirvâna est là où la double passion s'est éteinte, où le double obstacle a été dégagé et la double absence d'existence propre est patiemment acceptée; il est là où, par l'accession au «retournement» au plus profond de la conscience, on entre pleinement dans l'auto-réalisation de la Noble Sagesse, &emdash; qui est le Nirvâna des Tathagatas. Le Nirvâna est là où les stades du Bodhisattva sont passés l'un après l'autre; il est là où le pouvoir de soutien des Bouddhas maintient les Bodhisattvas dans la béatitude des Samadhis; il est là où la compassion pour les autres transcende toutes pensées de soi; il est là où le stade de Tathagata est finalement réalisé. Le Nirvâna est le domaine du Dharmata-Bouddha; il est là où la manifestation de la Noble Sagesse qui est Bouddhéité s'exprime dans Le Parfait Amour pour tous; il est là où la manifestation du Parfait Amour, qui est l'Ainsité, s'exprime dans la Noble Sagesse pour l'éveil de tous &emdash; là, effectivement, se trouve le Nirvâna!

Il y a deux classes de ceux qui ne peuvent pas entrer dans le Nirvâna des Tathagatas: il y a ceux qui ont abandonné les idéaux des Bodhisattvas, en disant qu'ils ne sont pas en conformité avec les sûtras, le Vinaya, ni avec l'émancipation. Ensuite, il y a les vrai Bodhisattvas qui, étant donné leurs voeux originels prononcés au bénéfice de tous les êtres, disent, «Tant que les autres n'auront pas accédé au Nirvâna, je ne vais pas y accéder moi-même», et demeurent volontairement au seuil du Nirvâna. Mais aucun être n'est laissé au seuil par la volonté des Tathagatas; un jour viendra où tout un chacun d'entre eux seront amenés par la sagesse et l'Amour des Tathagatas de Transformation à accumuler des mérites et franchir les étapes. Mais, s'ils s'en rendaient seulement compte, ils sont déjà dans le Nirvâna du Tathagata car, dans la Noble Sagesse, toutes choses sont dans le Nirvâna depuis le début.

 


XVIII

 

Allons plus loin, Mahâmati. Ceux qui, redoutant les souffrances résultant de la discrimination de la naissance et de la mort, recherchent le Nirvâna - ignorent que la naissance et la mort et le Nirvâna ne doivent pas être séparés ; et, comprenant que tout ce qui est objet de la discrimination n'a pas de réalité, ils s'imaginent que le Nirvâna consiste en une annihilation des sens et de leur zone de fonctionnement. Ils ne se rendent pas compte, Mahâmati, que le Nirvâna « est » l'Alayavijñana où s'est produit un retournement par la réalisation intérieure. C'est pour cela, Mahâmati, que les sots parlent de la trinité des véhicules et non de l'état de Mental Cosmique où il n'y a pas d'ombres. Donc, Mahâmati, ceux qui ne comprennent pas l'enseignement des Tathagatas du passé, du présent et de l'avenir concernant le monde extérieur qui est du Mental lui-même - ceux-là s'accrochent à l'idée qu'Il y a un monde en dehors de ce qui est vu du Mental et, Mahâmati, ils continuent à tourner avec la roue de la naissance et de la mort.

 


XIX

 

Allons plus loin, Mahâmati. Selon l'enseignement des Tathagatas du passé, du présent et de l'avenir, toutes choses sont non-nées. Pourquoi ? Parce qu'elles n'ont pas de réalité, étant des manifestations du Mental lui-même ; et, Mahâmati, comme elles ne sont pas nées de l'être ni du non-être, elles sont non-nées. Mahâmati, toutes choses sont comme des cornes de lièvre, de cheval, d'âne ou de chameau, mais les ignorants ou les esprits simples, prisonniers de leurs imaginations fausses, discriminent les choses où elles ne sont pas discriminables ; donc, toutes choses sont non-nées. Le fait que choses soient par nature non-nées, Mahâmati, est du domaine de la réalisation intérieure, obtenue par la noble sagesse et non du domaine de la discrimination dualiste tant prisée par les ignorants et les esprits simples.

La nature propre et les signes caractéristiques du corps, propriété, le domicile - ces choses surgissent quand les ignorants considèrent l'Alayavijñana comme un processus de saisie ou de prise ; ils tombent alors dans une vue dualiste de l'existence où ils voient son surgissement, sa durée et sa dissipation, en se faisant l'idée que toutes choses sont nées et sujettes à discrimination quant à leur être ou à leur non-être. Donc, Mahâmati, tu devrais t'entraîner à la discipline (c'est dire à la réalisation intérieure).

 



Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens

© Nanabozho (Gichi Wabush)