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© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mise à jour de cette version française :
11 août 2015

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Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais

Les Enseignements des écoles chan

 

En insistant sur la méditation silencieuse en tant que moyen le plus direct de réaliser l'expérience d'Eveil du Bouddha, toutes les écoles chan de Chine rejetaient une étude formelle et systématique de la philosophie bouddhiste, dérivée des traditions scholastiques de l'Inde et cultivée en particulier au principal monastère-université de Nalanda. A la place se développa au cours du VIII° siècle un type spécifique de discours dialogué faisant usage d'énoncés exprimés en métaphores et symboles. On transcrivit pour le bénéfice d'autres étudiants ces conversations personnelles entre maîtres et élèves qui semblaient provoquer ou démontrer de manière significative différents aperçus des vérités dharmiques. Vers la fin des la période Tang et au début des Song, un certain nombre de ces dialogues recueillis furent sélectionnés et codifiés en collections de gong an [kôan], ou "cas publics", et furent, avec la publication de commentaires additionnels également élaborés sous forme de métaphores et de symboles, utilisés au XII° siècle comme la principale méthode d'instruction probablement dans toutes les écoles chan. En fait, les Cinq Maisons ou écoles chan de la période Song se distinguent par les techniques individuelles développées par chacune d'entre elles pour manier l'étude des kôans. Cependant, la production de ce type de discours se mit à décliner vers la fin du XIII° siècle en Chine, la publication par Wumen Hukai du Wumen kuan [La barrière sans porte] restant la dernière grande collection de kôans avec commentaire à paraître. Nous pouvons donc considérer la littérature chan comme un système fermé de discours symbolique, tirant son origine de conversations anecdotiques entre maître et élève du début des Tang, et se terminant sur les collections de kôans et de commentaires de la fin des Song, une période qui dure environ six siècles.

Quoique les enseignements philosophiques originaux du Bouddhisme sont rarement mentionnés explicitement dans ce discours si spécifiquement chinois, ils en constituent néanmoins la substance qui sous-tend les énoncés impliquant signe et symbole. En d'autre mots, ils sont le méta-langage sur lequel le discours lui-même est fondé. Loin de représenter un rejet de la philosophie bouddhiste traditionnelle, la littérature chan en est, en réalité, une expression symbolique. Presque tous les énoncés chan provenant de l'une quelconque des écoles ou d'un des maîtres tendent vers l'une des trois positions générales du Mahayana: la théorie de la vacuité (à partir des sûtras de la Prajñâ-pâramitâ et de la littérature Madhyamika); la théorie de l'ainsité (ou non-dualité); et la théorie du tathagata-garbha, ou "Essence-de-Bouddha," qu'on traduit communément en français par "Nature de Bouddha".

La vacuité (sunyata) est la perception qu'a le Bouddhisme Mahayana de ce que tous les phénomènes, physiques et mentaux, sont impermanents, et qu'aucun n'existe indépendamment des autres. Cependant, ceci n'est pas compris simplement en tant qu'énoncé métaphorique sur la réalité, mais aussi, et de façon plus importante, comme objet de la conscience intuitive: en d'autres mots, la vacuité est en plus une expérience qu'on peut réaliser et actualiser par la méditation.

Le terme "ainsité" (tathata), souvent rendu par "telléité" en français, apparût d'abord dans les sûtras de la Prajñâ-pâramitâ. Il renvoie à la façon dont les phénomènes existent a priori, avant conceptualisation ou avant que toute forme de discrimination entre sujet et objet n'apparaisse par rapport à eux. C'est l'état inhérent de la réalité apparente vue d'une position de vacuité, ou de vérité ultime. Lorsque les projections mentales s'arrêtent, les phénomènes existent dans un état d'identité autonome, ou de "mêmeté" (samata). Toutes choses demeurent telles qu'elles sont, dans leur condition de base d'unité ou de totalité, appelée aussi non-dualité (avadya, "pas deux"). Ce terme est utilisé dans divers contextes théoriques par différentes écoles indiennes, dont le Madhyamika, le Vijñanavada et le Yogaçara, et il est souvent mentionné dans plusieurs des tantras tardifs. Il est également un enseignement-clef dans le Da sheng qi xin lun (Eveil de la Foi dans le Mahayana), un ouvrage paru aux alentours de 550 et qui eut un impact considérables sur le développement de la pensée bouddhiste en Chine.

L'expression tathagata-garbha, que je traduirai ici comme Nature-de-Bouddha, apparut dans un certain nombre de sûtras et de shastras (commentaires des sûtras) entre 250 et 400 EC. Il signigie en sanscrit soit, "Tathagata embryonnaire" -- c-à-d le Bouddha qui doit apparaître -- soit la "matrice du Tathagata" d'où prooviendra le Bouddha. Elle fait référence à la Nature-de-Bouddha dans tous les êtres sensibles, le potentiel d'Eveil non-réalisé, qui permettra à l'individu de donner naissance à la bouddhéité. En chinois, l'expression fut d'abord traduite par ru lai zang, mais plus tard on la rendit par fo xing, après que les commentaires philosophiques chinois aient commencé à élaborer sur le concept, et c'est d'après ce dernier que nous avons reçu les traductions "Esprit-de-Bouddha" et Nature-de-Bouddha" en français.

Aux IV° et V° siècles, la théorie du tathagata-garbha fut incorporée au système Yogaçara par les théoriciens éminents que furent Maitreyanatha, Asanga et Vasubandhu. Elle est un enseignement-clef du Lankavatâra sûtra, qui eut une grande influence sur le mouvement chan au début du VIII° siècle, et il atteint une éminence particulière dans l'histoire de la reconnaissance de l'éveil du Sixième Patriarche par son maître, Hongren. L'expression mahayanique indienne exprime l'idée que tous les êtres sensibles ont en eux l'essence de la bouddhéité et donc, grâce à la bodhiçitta, l'esprit d'éveil, la capacité de se développer eux-mêmes en Bouddhas. La Nature-de-Bouddha, ce potentiel qui se trouve à l'intérieur de tous, est caché par les souillures, qui obscurcissent la perception du dharmakaya: l'essence de l'univers, l'identité et l'unité du Bouddha dans tout ce qui existe.

Dans le chan, le concept de tathagata-garbha prend un aspect dynamique auto-générateur: pour Shitou Xiqian, c'est véritablement la source de toute création. Le miroir est une métaphore constante pour la Nature-de-Bouddha; pratiquer le Bouddhisme, c'est révéler la "sagesse-miroir lumineux" qu'on a à l'intérieur. Le tathagata-garbha est aussi la base de l'enseignement de "l'esprit est Bouddha" des écoles chan méridionales du VIII° siècle, mentionné de façon répétée par Shitou et Mazu.


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