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© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mise à jour de cette version française :
11 août 2015

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Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais

Les Enseignements de Shitou Xiqian

 

Les enseignements de Shitou se trouvent à deux sources: sa biographie et ses dits rapportés par les histoires Song, ainsi que deux longs poèmes discursifs qui résument son approche spécifique à la pratique chan. Les nombreuses conversations avec ses élèves portent systématiquement sur des déclarations sur la vacuité, l'ainsité (non-dualité) et la théorie de la Nature-de-Bouddha (tathagata-gharba). Elles sont généralement conformes au courant principal de la littérature chan réparti tout au long de la période Song. Les nombreuses références à Huineng et à son temple de Caoxi indiquent une intention forte de se conformer au lignage de l'Ecole Méridionale, qui était en cours de s'établir en tant que mouvement chan dominant du vivant de Shitou. Les références répétées à l'étude des sûtras et une mention d'un ouvrage du dialecticien du V° siècle Sengzhao montrent que Shitou avait une forte connaissance de la littérature et de la philosophie bouddhistes. La reconnaissance détaillée par Shitou de l'enseignement "L'esprit est Bouddha" est d'une extrême importance; celui-ci était également populaire auprès d'autres maîtres chan au VIII° siècle, car on le trouve aussi mentionné dans les Entretiens de Mazu de même que dans le Sûtra de l'Estrade. C'est une affirmation directe de la théorie de la Nature-de-Bouddha, et il identifie l'esprit humain dans son état virginal et non-souillé comme étant synonyme avec l'esprit éveillé du Bouddha.

Deux poèmes plus longs attribués à Shitou offrent de nouvelles perspectives à notre compréhension de sa personnalité et de sa carrière en tant que maître chan. dans le Chant de la Cabane d'herbes nous le voyons à peine arrivé sur le Mont Méridional, vivant dans le cabane de méditation qu'il s'est construite au somme d'un gros rocher plat. Le poème est en fait une paraphrase en termes bouddhiques d'un archétype taoïste, c'est-à-dire celui de l'ermite ou du "sage de la montagne" qui a quitté les conflits et les affaires de l'existence sociale pour suivre une Voie spirituelle. C'est là un topos commun dans la poésie des Tang, traduit ici par la réalisation de la nature universelle de Bouddha. La possibilité de la méditation solitaire au désert de la montagne semble avoir largement disparu avec l'établissement graduel des monastères chan et de l'enrégimentation croissante de la vie monastique, de sorte que nous pourrions penser que les moines de la période des Song pouvaient se rappeller avec nostalgie une époque plus individualiste que la leur. De toute façon, l'évident enthousiasme du poème en faveur d'un style de vie bouddhiste "faites-le-vous-même" est, à l'exception des poèmes de la Montagne Froide de Han Shan, plutôt unique dans la littérature bouddhiste, et confirme également l'opinion du Sixième Patriarche que le véritable enseignant se trouve dans l'esprit de chacun et pas nécessairement à l'intérieur des murs d'un monastère.

L'autre grand poème de Shitou, l'Accord de la Différence et de l'Unité, présente les enseignements de li et de shi, principe et phénomènes, qui ont pris origine dans leur forme bouddhiste chez les maîtres de l'école Huayan. Les phénomènes surgissent du principe, la source spirituelle, et en sont inséparables. L'un et le multiple existent dans un état d'accord, puisque ni l'un ni l'autre ne peuvent surgir sans l'autre. Toute création dérive de l'interaction du principe avec les phénomènes. Dans leur interaction, non seulement les forces duelles, polaires de la création cosmique, mais aussi leurs opposés conceptuels sont réconciliés. Le postulat tacite est ici, en termes bouddhistes traditionnels, que la vacuité peut être substituée au principe: puisque tous les phénomènes sont caractérisés par leur vacuité ou leur défaut de réalité substancielle, et parce que la vacuité n'est pas connaissable sauf au travers de l'existence phénoménale, aucune opposition inhérente ne peut exister entre eux, voire évidemment entre toute autre paire d'opposés conceptuels, vu que les deux aspects sont vides, dès l'origine. Ainsi, le samsâra et le nirvâna sont un, et en conséquence, les mondes de l'Eveil et celui du non-éveil. Il y a aussi, dans ce contexte de la pratique bouddhiste, la conviction tacite qu'on peut intuitivement faire l'expérience de l'accord de la différence et de l'unité grâce au processus de la méditation.

Au plan historique, le poème de Shitou est une expression de son allégeance à l'Ecole Méridionale, qui fut établie presque exactement de son vivant comme école dominante du Chan. Le poème commence par les vers "L'esprit du grand sage de l'Inde -- S'est intimement transmis d'ouest en est". Nous savons que l'idée d'une transmission directe d'esprit à esprit entre le maître et son élève n'était pas une question fondamentale dans les enseignements chan jusqu'à ce que Shenhui le fasse en attaquant la légitimité de la lignée dharmique de Shenxiu, en lui substituant la transmission prétendument authentique de Hongren à Huineng. C'était là visiblement le coeur de la tentative de Shenhui pour discréditer l'Ecole Septentrionale; par la suite, la croyance en une transmission directe d'esprit à esprit (i shin den shin) du Bouddha Shakyamuni jusqu'à nos jours, non fondée, autrement dit, sur les seuls enseignements du Bouddha transmis par écrit, est devenue une croyance inévitable et essentielle de l'école chan, ainsi que les chroniques de "transmission de la lampe" de la période des Song l'ont finalement documenté dans les grandes largeurs.

Shitou cite le Sûtra de l'Estrade presque directement lorsqu'il déclare que dans la Voie (i.e., du point de vue de la vérité ultime), aucune différence n'existe entre les ancêtres du Nord et ceux du Sud. De nombreuses autres références existent également dans l'Accord de la Différence et de l'Unité et sont mentionnées ici à l'Appendice 3, qui fournit une version annotée du poème. S'il est vrai que des parties, sinon l'ensemble du Sûtra de l'Estrade ne provient pas de Huineng, mais des disciples de Shenhui à l'époque de la carrière enseignante de Shitou, il est certainement possible ce dernier, qui avait avec Mazu un grand nombre d'élèves et de disciples, ait pu jouer un rôle décisif dans l'établissement de la prééminence de l'Ecole Méridionale. De toutes les manières, l'Accord de la DIfférence et de l'Unité indique clairement une forte volonté de se conformer à la nouvelle tradition d'enseignement qui apparaissait alors.


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