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© Nanabozho (le Grand
Lapin) |
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On pourra trouver la version originale anglaise de ce site à:
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Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais |
Notes sur le poème de Shitou Xiqian
"L'ACCORD DE LA DIFFÉRENCE ET DE L'UNITÉ".
Can tong qi, le titre chinois du poème de Shitou, est aussi celui d'un traité bien connu de la période des Han par le philosophe taoïste Wei Bo Yang. Selon le Ci Hai (Océan de Mots), une sorte de dictionnaire encyclopédique chinois publié en 1948 à Shanghai, Can tong qi dans le titre de Wei Bo Yang signifie "Trois (choses) combinées (s') accordent avec [le Grand Tao]" Les trois choses indiquées sont le Yi king (Livre des Mutations); le Taoïsme (les enseignements philosophiques de Laozi et de Chuangzi); et l'alchimie taoïste. Shitou Xiqian étaient probablement familier avec ce célèbre ouvrage classique de Wei Bo Yang, mais comme il n'y a pas de structure conceptuelle ternaire qui s'articulerait dans le poème de Shitou, le titre devait avoir un sens différent pour lui, ce que nous ne pouvons inférer que d'après le texte. Par exemple, une des interprétations traditionnelles (mais très dépendante de l'inférence) est "Les différent(e)s [Ecoles, ou Enseignements du Bouddhisme] combiné(e)s en Un(e)". Ce qui ferait que l'affirmation de Shitou à l'effet que, dans la Voie bouddhiste, il n'y a ni ancêtres méridionaux, ni ancêtres septentrionaux -- autrement dit, les écoles du Nord et du Sud dérivent d'une même source -- serait donc l'idée centrale de tout le poème.
Une autre possibilité consiste à lire les caractères chinois comme suit: "Les différentes Choses (Can) sont combinées avec (qi) l'Unité (tong)." Ce qui ne signifie plus que plusieurs choses différentes s'unissent pour n'en former qu'une, mais plutôt que les différentes choses sont identiques avec l'unité elle-même: l'un et le multiple sont pareils. Ainsi, Shunryu Suzuki roshi, dans ses cours inédits sur le Sandokai, traduisait-il Can tong qi par "L'Unité de l'Un et du Multiple".
Nous pourrions aussi lire "différentes choses" et "unité" comme le relatif et l'absolu, ou, dans le cadre du mysticisme Huayen, en tant que phénomènes et principe, li et shi, de toute évidence un thème important dans le poème. De ce point de vue, on pourrait traduire Can tong qi par "L'Identité du Principe et des Phénomènes."
Comme les références au Sûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Huineng
sont très nombreuses, nous les énoncerons ici vers par vers, avec quelques
autres notes:
L'Accord de la Différence et de l'Unité
L'esprit du grand sage de l'Inde
S'est intimement transmis d'ouest en est
Dans Le Sûtra de l'Estrade du Sixième
Patriarche,(Patrick Carré, Points Sagesse), ch. 32, p. 65:
"Cependant la transmission de la
méthode s'est toujours opérée dans le silence."
La biographie de Huineng dans le
Jingde chuan deng lu dit aussi: "Le mystérieux principe de tous les
Bouddhas n'a rien à voir avec les
mots," (op cit., p. 79).
____________
Les capacités des gens peuvent être afûtées ou obtuses,
Mais dans la Voie, il n'y a ni
Ancêtres du Sud ou du Nord.
Sutra de l'Estrade, ch.16, p. 36
(op.cit) :"La méthode, mes amis, n'est ni subitiste ni gradualiste: c'est
l'homme qui est plus ou moins vif,
plus ou moins obtus." Aussi, ch.3, p.18 :
"Nord ou Sud, c'est bon pour les
hommes, pas pour la bouddhéité!"
____________
Saisir les choses est fondamentalement faux,
Mais ne se concentrer que sur le principe
N'est pas non plus l'éveil.
Sutra de l'Estrade, ch.46, p. 94
(op.cit) : "S'attacher à la vacuité, ce n'est que prolonger l'ignorance."
Voyez aussi ch. 24, p. 52: "Mais ne
restez pas assis l'esprit vide: vous assimileriez le vide à une chute
dans le néant. Le vide des espaces
peut contenir le soleil, la lune et les étoiles, la grande terre, ses
montagnes
et ses fleuves, toutes les espèces
d'arbres et de plantes, les hommes bons et les mauvais, les bonnes et les
mauvaises choses, les paradis et les
enfers: tout cela se trouve dans le vide.
____________
Les sens et les objets de sens dans tous leurs aspects
Peuvent interagir ou non.
S'ils le font, ils s'affectent mutuellement ;
Sinon, ils ne font que rester séparés.
Les caractères chinois de la seconde
ligne sont hui hu bu hui hu. "Le
Can tong qi ... est de toute évidence
construit sur le Yi King et fait un
usage explicite des paradigmes hui et hu." Whalen W. Lai, dans son essai
"Sinitic mandalas: The Wu-wei-t'u of
Ts'ao-shan," in Lancaster and Lai: Early Ch'an in China and Tibet, p.230.
____________
Mais, selon la vraie Loi,
Comme les feuilles qui s'étendent en s'éloignant du tronc.
Tout ce qui s'étend doit revenir à sa source.
Sûtra de l'Estrade, (ch.?, p.?)
"Lorsque tombent les feuilles, elles retournent à la racine." Voir aussi,
comme il apparaît dans les manuscrits
de Dunhuang, le Traité de Bodhidharma sur l'Esprit contemplatif:
"L'esprit est la racine des milliers
de phénomènes. Tous les phénomènes naissent de l'esprit. C'est
comme un grand arbre: toutes les
branches, fleurs et fruits poussent à partir de la racine."
(D'après la traduction de Th. Cleary,
Zen Dawn, p. 81.)
____________
Ainsi "honorable" et "de basse extrace" ne sont que des mots.
Voir le "Gatha des Choses
essentielles" de Dongshan Liangjie, traduit par W.F. Powell dans
The Record of T'ung-shan, p. 66:
DU DANGER DE TOMBER DANS LES DISTINCTIONS ENTRE CE QUI EST SAGE ET COMMUN
Principe et phénomènes n'ont pas de relation entre eux;
La lumière réfléchie coupe dans le sombre mystère.
La foudre ignore le vent, elle n'est ni habile ni maladroite,
On ne peut lui échapper.
____________
Dans la lumière, il y a l'obscurité, mais ne la voyez pas comme obscurité
.
Dans l'obscurité, il y a la lum!ère, mais ne la voyez pas comme lumière.
Mais dans le Zu tang ji, on a : "Au
milieu de l'obscurité, il y a la lumière, mais ne la voyez pas
comme l'obscurité."
____________
Lumière et obscurité sont des opposés,
Comme le pas en avant et le pas en arrière.
Sûtra de l'Estrade, (ch.?, p.?): "La
nature de la lumière et de l'obscurité n'est pas duelle. La nature
non-duelle est ainsi la véritable
nature." Cf. plus loin, ch.46, p. 94: "Les ténèbres ne sont pas telles par
elles-mêmes; c'est parce qu'il y a la
lumière qu'elles sont ainsi. Il ne fair pas noir en soi, mais parce que
la lumière a viré. dans les ténèbres
apparaît la lumière: une chose conditionne l'autre."
____________
Les phénomènes s'imbriquent comme boîte et couvercle,
Alors que le principe frappe comme une flèche
Atteignant sa cible.
Le principe (la vacuité) se fond si
parfaitement avec les phénomènes que l'on ne peut pas vraiment les
séparer, de même qu'il ne reste pas de
distance entre une cible et la flèche qui l'a frappée.
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