Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens

© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mise à jour de cette version française :
11 août 2015

On pourra trouver la version originale anglaise de ce site à:
Original site in EnglishAncestors

 

Versione italianaantenati dello zen soto

Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais

Notes sur le poème de Shitou Xiqian

"L'ACCORD DE LA DIFFÉRENCE ET DE L'UNITÉ".

 

Can tong qi, le titre chinois du poème de Shitou, est aussi celui d'un traité bien connu de la période des Han par le philosophe taoïste Wei Bo Yang. Selon le Ci Hai (Océan de Mots), une sorte de dictionnaire encyclopédique chinois publié en 1948 à Shanghai, Can tong qi dans le titre de Wei Bo Yang signifie "Trois (choses) combinées (s') accordent avec [le Grand Tao]" Les trois choses indiquées sont le Yi king (Livre des Mutations); le Taoïsme (les enseignements philosophiques de Laozi et de Chuangzi); et l'alchimie taoïste. Shitou Xiqian étaient probablement familier avec ce célèbre ouvrage classique de Wei Bo Yang, mais comme il n'y a pas de structure conceptuelle ternaire qui s'articulerait dans le poème de Shitou, le titre devait avoir un sens différent pour lui, ce que nous ne pouvons inférer que d'après le texte. Par exemple, une des interprétations traditionnelles (mais très dépendante de l'inférence) est "Les différent(e)s [Ecoles, ou Enseignements du Bouddhisme] combiné(e)s en Un(e)". Ce qui ferait que l'affirmation de Shitou à l'effet que, dans la Voie bouddhiste, il n'y a ni ancêtres méridionaux, ni ancêtres septentrionaux -- autrement dit, les écoles du Nord et du Sud dérivent d'une même source -- serait donc l'idée centrale de tout le poème.

Une autre possibilité consiste à lire les caractères chinois comme suit: "Les différentes Choses (Can) sont combinées avec (qi) l'Unité (tong)." Ce qui ne signifie plus que plusieurs choses différentes s'unissent pour n'en former qu'une, mais plutôt que les différentes choses sont identiques avec l'unité elle-même: l'un et le multiple sont pareils. Ainsi, Shunryu Suzuki roshi, dans ses cours inédits sur le Sandokai, traduisait-il Can tong qi par "L'Unité de l'Un et du Multiple".

Nous pourrions aussi lire "différentes choses" et "unité" comme le relatif et l'absolu, ou, dans le cadre du mysticisme Huayen, en tant que phénomènes et principe, li et shi, de toute évidence un thème important dans le poème. De ce point de vue, on pourrait traduire Can tong qi par "L'Identité du Principe et des Phénomènes."

Comme les références au Sûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche Huineng sont très nombreuses, nous les énoncerons ici vers par vers, avec quelques autres notes:

L'Accord de la Différence et de l'Unité

L'esprit du grand sage de l'Inde
S'est intimement transmis d'ouest en est

      Dans Le Sûtra de l'Estrade du Sixième Patriarche,(Patrick Carré, Points Sagesse), ch. 32, p. 65:
      "Cependant la transmission de la méthode s'est toujours opérée dans le silence."
      La biographie de Huineng dans le Jingde chuan deng lu dit aussi: "Le mystérieux principe de tous les
      Bouddhas n'a rien à voir avec les mots," (op cit., p. 79).
____________

Les capacités des gens peuvent être afûtées ou obtuses,
Mais dans la Voie, il n'y a ni
Ancêtres du Sud ou du Nord.

      Sutra de l'Estrade, ch.16, p. 36 (op.cit) :"La méthode, mes amis, n'est ni subitiste ni gradualiste: c'est
      l'homme qui est plus ou moins vif, plus ou moins obtus." Aussi, ch.3, p.18 :
      "Nord ou Sud, c'est bon pour les hommes, pas pour la bouddhéité!"
____________

Saisir les choses est fondamentalement faux,
Mais ne se concentrer que sur le principe
N'est pas non plus l'éveil.

      Sutra de l'Estrade, ch.46, p. 94 (op.cit) : "S'attacher à la vacuité, ce n'est que prolonger l'ignorance."
      Voyez aussi ch. 24, p. 52: "Mais ne restez pas assis l'esprit vide: vous assimileriez le vide à une chute
      dans le néant. Le vide des espaces peut contenir le soleil, la lune et les étoiles, la grande terre, ses montagnes
      et ses fleuves, toutes les espèces d'arbres et de plantes, les hommes bons et les mauvais, les bonnes et les
      mauvaises choses, les paradis et les enfers: tout cela se trouve dans le vide.
____________

Les sens et les objets de sens dans tous leurs aspects
Peuvent interagir ou non.
S'ils le font, ils s'affectent mutuellement ;
Sinon, ils ne font que rester séparés.

      Les caractères chinois de la seconde ligne sont hui hu bu hui hu. "Le Can tong qi ... est de toute évidence
      construit sur le Yi King et fait un usage explicite des paradigmes hui et hu." Whalen W. Lai, dans son essai
      "Sinitic mandalas: The Wu-wei-t'u of Ts'ao-shan," in Lancaster and Lai: Early Ch'an in China and Tibet, p.230.
____________

Mais, selon la vraie Loi,
Comme les feuilles qui s'étendent en s'éloignant du tronc.
Tout ce qui s'étend doit revenir à sa source.

      Sûtra de l'Estrade, (ch.?, p.?) "Lorsque tombent les feuilles, elles retournent à la racine." Voir aussi,
      comme il apparaît dans les manuscrits de Dunhuang, le Traité de Bodhidharma sur l'Esprit contemplatif:
      "L'esprit est la racine des milliers de phénomènes. Tous les phénomènes naissent de l'esprit. C'est
      comme un grand arbre: toutes les branches, fleurs et fruits poussent à partir de la racine."
      (D'après la traduction de Th. Cleary, Zen Dawn, p. 81.)
____________

Ainsi "honorable" et "de basse extrace" ne sont que des mots.

      Voir le "Gatha des Choses essentielles" de Dongshan Liangjie, traduit par W.F. Powell dans
      The Record of T'ung-shan, p. 66:

DU DANGER DE TOMBER DANS LES DISTINCTIONS ENTRE CE QUI EST SAGE ET COMMUN

Principe et phénomènes n'ont pas de relation entre eux;
La lumière réfléchie coupe dans le sombre mystère.
La foudre ignore le vent, elle n'est ni habile ni maladroite,
On ne peut lui échapper.
____________

Dans la lumière, il y a l'obscurité, mais ne la voyez pas comme obscurité .
Dans l'obscurité, il y a la lum!ère, mais ne la voyez pas comme lumière.

      Mais dans le Zu tang ji, on a : "Au milieu de l'obscurité, il y a la lumière, mais ne la voyez pas
      comme l'obscurité."
____________

Lumière et obscurité sont des opposés,
Comme le pas en avant et le pas en arrière.

      Sûtra de l'Estrade, (ch.?, p.?): "La nature de la lumière et de l'obscurité n'est pas duelle. La nature
      non-duelle est ainsi la véritable nature." Cf. plus loin, ch.46, p. 94: "Les ténèbres ne sont pas telles par
      elles-mêmes; c'est parce qu'il y a la lumière qu'elles sont ainsi. Il ne fair pas noir en soi, mais parce que
      la lumière a viré. dans les ténèbres apparaît la lumière: une chose conditionne l'autre."
____________

Les phénomènes s'imbriquent comme boîte et couvercle,
Alors que le principe frappe comme une flèche
Atteignant sa cible.

      Le principe (la vacuité) se fond si parfaitement avec les phénomènes que l'on ne peut pas vraiment les
      séparer, de même qu'il ne reste pas de distance entre une cible et la flèche qui l'a frappée.


[Retour à l'index des Ancêtres du Zen Sôtô en Chine]

Accueil   Culture du Lotus   Maître Gudo    Articles   Doctrine   Canon Pali
Sutras Mahayana   Humour   Histoire   Galerie   Contact   Liens