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© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mise à jour de cette version française :
11 août 2015

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Versione italianaantenati dello zen soto

Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais

Les Entretiens de Yaoshan Weiyen

 

Le nom de famille du maître Yaoshan était Han. Il est né à Jiangzhou [dans le canton moderne de Wenxi, canton de Shanxi]. A l'âge de 17 ans, il étudia avec le maître Hui Zhao, et ce fut ensuite Xi Cao qui l'instruisit dans la discipline bouddhiste. Il était versé dans les oeuvres classiques du Bouddhisme et suivait strictement la discipline monastique.

Un jour, il soupira: "Je ne suis qu'un être humain -- dit-il.-- Je ne puis me confiner à toutes ces règles monastiques. Je devrais pouvoir résoudre mes problèmes tout seul. Ça n'a aucun sens de ne faire la moindre petite bricole que selon toutes ces règles spécifiques."

Quand il rendit visite à Shitou pour la première fois, il dit: "Je connais un peu de choses sur les soutras bouddhistes. J'ai entendu dire que l'école méridionale [il voulait dire par là l'école de Mazu, dans le Jiangxi] indique directement l'esprit des gens de sorte qu'ils puissent devenir des Bouddhas. Je n'y comprends rien et j'espère que vous pourrez me l'expliquer". Shitou lui répondit: "Ça ne fait aucune différence que je te l'explique ou pas, tu ne le comprendrais jamais. La situation est sans issue". Yaoshan en fut confus. Shitou lui dit: "Nos façons de comprendre sont différentes, c'est pourquoi je pense que tu devrais aller voir le maître Mazu". Yaoshan y alla et posa la même question. Mazu lui dit: "Parfois je demande à la personne de lever les sourcils et de cligner des yeux, et parfois non. Parfois c'est juste, et parfois ça ne l'est pas. Il n'y a rien à faire". Yaoshan s'éveilla et s'inclina devant Mazu, qui lui demanda pourquoi il s'inclinait et ce qu'il avait compris. Yaoshan dit: "Quand j'étais chez Shitou, j'étais comme un moustique qui tente de piquer un boeuf en fer. Mazu lui dit: "S'il en est ainsi, alors garde le bien".

Trois ans plus tard, Mazu demanda à Yaoshan: "Comment est ton entendement, ces jours-ci?" Il répondit: "Les oeillères sont tombées, je ne vois que la vérité". Mazu dit: "Ton nouvel entendement est très bon. Tu as complètement saisi l'essence: elle s'étend par tes bras et tes jambes. Avec cet entendement, tu peux serrer ta ceinture et établir ton propre monastère".-- "Je n'ose pas établir ma propre école. Je suis une personne sans importance". Mazu lui dit: "Non. Les gens doivent voyager pendant un temps, puis s'établir. [Les moines doivent étudier dans différents monastères et plus tard s'installer quelque part pour enseigner.] On ne fait pas toujours ce qu'on veut, pas plus qu'on ne peut toujours avoir ce qu'on veut. Tu dois être comme un bateau qui flotte. Tu ne dois pas rester ici plus longtemps". Yaoshan quitta Mazu et retourna chez Shitou.

Un jour, Yaoshan était assis sur une pierre. Shitou lui demanda ce qu'il faisait. Yaoshan répondit qu'il ne faisait rien. Shitou dit: "Tu es juste assis là?" Yaoshan répondit: "Juste être assis sans rien faire, c'est faire quelque chose". Shitou demanda: "Que veux-tu dire, exactement, par 'ne rien faire'?" Yaoshan lui dit: "Si vous demandiez à tous les sages, ils ne pourraient vous le dire". Shitou récita alors un poème.

Quelqu'un ne sait pas ce qu'il fait,
Et le laisse se produire naturellement.
Tous les sages de l'histoire ne peuvent l'expliquer
Et les gens ordinaires ne le comprennent pas non plus.

Shitou compose un poème pour approuver l'entendement de Yaoshan. Il y a quatre lignes de sept caractères par ligne, avec une rime de type AABA.

Plus tard, Shitou enseigna: "Cet esprit ordinaire ne s'exprime pas par mots ni par idées." Yaoshan dit: "Pas de mots et pas d'idées n'ont rien à voir non plus avec l'esprit ordinaire". Shitou dit: "Tu ne peux pas pénétrer ceci davantage". Yaoshan répondit: "je suis comme une fleur qui pousse sur un rocher".

[Shitou dit littéralement: "Tu ne peux pas me pénétrer". Evidemment, "rocher" est aussi son nom. ]

Plus tard, Yaoshan devint le chef d'un monastère à Lizhou [dans le Hunan]. de nombreux élèves vinrent étudier avec lui. un jour, Yaoshan dit à Daowu: "Shaoxi Mingxi [un élève de Mazu] fut un haut fonctionnaire dans sa vie précédente." Daowu demanda: "Qu'étiez-vous dans votre vie précédente?" Yaoshan répondit: "J'étais très faible dans ma vie précédente, rien de très important". Daowu demanda pourquoi et Yaoshan dit: "Dans ma dernière vie, je n'ai pas beaucoup étudié.

Le doyen du temple dit: "La cloche sonne, à l'instant, veuillez donc vous rendre à la salle de réunion". Yaoshan lui dit: "Apportez donc mon bol". Yunyan dit à Yaoshan: "Maître Yaoshan n'utilise pas ses mains et ses pieds à lui. Depuis quand êtes-vous ici?" Yaoshan lui répondit: " C'est par erreur que tu portes la soutane du moine. Yunyan répliqua: "Bien d'accord, mais vous?" Yaoshan dit: "Je n'ai rien d'attaché." [Il n'y a rien d'ajouté de l'extérieur, tel que des mains et des pieds. En d'autres mots, Yaoshan n'a pas d'attachements extérieurs.] Puis il dit à Ynyan d'appeller le préposé pour lui. Yunyan demanda pourquoi. Yaoshan dit: "J'ai une marmite à laquelle il manque un pied, alors je voudrais qu'il la tienne pour moi". [Yaoshan possède un ustensile à trois pieds, dont l'un est cassé, ce qui fait que le serviteur devra rester là et le tenir pour l'empêcher de tomber.] Yunyan dit: "Je vous donnerai juste une main; vous n'avez pas besoin des deux mains et d'un corps pour ça." Yaoshan laissa tout tomber [au figuré].

A une autre occasion, après que le jardinier ait eu fini de planter des légumes, Yaoshan lui dit: "La terre ne peut pas t'empêcher de planter des légumes. Peux-tu empêcher les légumes de prendre racine?" Le jardinier répondit: "Que vont manger les gens si les légumes ne prennent pas racine?" Yaoshan lui dit: "T'as encore une bouche, pas vrai?" Le jardinier ne sut pas quoi répondre.

Un jour, Daowu et Yunyan se promenaient avec Yaoshan, qui montra deux arbres du doigt. L'un était sain et l'autre était flétri. Il demanda à Daowu: "Lequel vaut le mieux? L'arbre flétri ou celui qui est sain?" Daowu répondit: "Celui qui est sain." Yaoshan ajouta: "De la sorte tout, tout autour, est plein de couleurs vives." Il posa alors à Yunyan la même question. Yunyan dit: " L'arbre flétri vaut mieux." Yaoshan ajouta: "De la sorte, tout, tout autour a l'air gris et flétri." Un assistant nommé Gao apparût tout soudain. Yaoshan lui fit la même demande et Gao répondit: l'arbre flétri est flétri et l'arbre sain est sain." Yaoshan se tourna vers Daowu et Yunyan et dit: "Vous aviez tous deux tort."

On demanda à Yaoshan: "Comment éviter de se laisser troubler par toutes sortes d'apparences extérieures?" Yaoshan répondit: "Laisse-les simplement tomber et elles ne te troubleront plus". La personne dit qu'elle ne comprenait pas. Yaoshan dit: "Quelles sont les apparences extérieures qui te troublent en ce moment?"

On lui demanda: "Quelle est la chose la plus importante dans la conduite bouddhiste?" Yaoshan dit: "La première est de ne flatter personne". Cette personne lui demanda: "Comment serait votre esprit si vous ne flattiez jamais personne?" Yaoshan répondit: "Même si on t'offrait tout le pays, ton esprit ne changerait pas."

Un bonze vint voir Yaoshan. Yoashan lui demanda son nom. Le bonze dit: "Je m'appelle Changtan." Yaoshan hurla, "Tu as été Changtan et tu resteras Changtan tout autant!" [Peut-être voulait-il dire que Changtan n'avait fait aucun progrès pendant son absence.]

Il y avait longtemps que Yaoshan ne s'était rendu à la salle de conférences. Le supérieur du temple lui dit: "Nous espérons tous que vous nous donniez un cours." Yaoshan dit: "Sonnez la cloche." Aussitôt que les moines se furent rassemblés pour le cours, Yaoshan se leva de son siège et s'en retourna dans ses appartements d'abbé. Le supérieur le suivit et lui demanda pourquoi il n'avait rien dit, puisqu'il avait été d'accord pour parler aux moines. Yaoshan répondit: "Ils ont des enseignants pour leur enseigner les sûtras, et d'autres pour leur enseigner l'Abhidharma, que me reste-t-il donc à faire?"

Un jour, Yaoshan demanda à Yunyan ce qu'il faisait. "Je mange et je cague". [Littéralement: je ne fais qu'enterrer de la merde.] Yaoshan dit: "Où est ton vrai moi?" Yunyan répondit: "Juste en face de vous." Yaoshan: "Pour qui est tu si occupé?" Yunyan: "Pour mon corps qui mange et cague." Yaoshan: "Pourquoi ne pas faire en sorte que le corps et le moi correspondent?" Yunyan: "Ne vous faites pas d'idées sur ce corps". Yaoshan: "Ne puis-je le dire comme ça?" Yunyan dit: "Ca ne me gêne pas." Yaoshan dit: "Es-tu toujours juste en train de manger et de caguer?"

Un jour que Yaoshan s'était assis, un bonze vint et lui demanda: "A quoi pensez-vous tout seul comme ça?" -- "Je pense à la non-pensée." -- "Comment pouvez-vous penser à la non-pensée?" -- "En ne pensant pas."

Un élève vint demander à Yaoshan: "Il faudrait que j'aille chez moi. Etes-vous d'accord?" Yaoshan lui dit: "Tes parents reposent dans les ronces, et leurs corps sont tout rouges et enflés. Où veux-tu donc retourner?" L'étudiant dit: "S'il en est ainsi, je n'y vais pas." Yaoshan lui dit: "Mais il faut que tu rentres; je vais donc te montrer comment vivre sans nourriture". L'étudiant dit: "Expliquez-moi, je vous en prie". Yaoshan dit: "Quand tu arrives à la salle, le matin et le soir, ne mange pas un seul grain de riz."

Quelqu'un demanda à Yaoshan: "Qu'est-ce que le Nirvâna?" [Voulant dire ici l'état après la mort.] Yaoshan répondit: "Quel était ton nom avant d'être né?"

Yaoshan demanda à un bonze: "D'où es-tu?" -- "Du Hunan." Yaoshan lui demanda "Le lac Dongting est-il plein d'eau?" Le moine répondit que non. Alors, Yaoshan lui demanda, "Comment n'est-il pas plein d'eau après autant de pluie?" Le bonze ne trouva rien à dire.

Yaoshan demanda à un bonze: "D'où es-tu?" -- "Du Jiangxi." Yaoshan frappa son siège de méditation par trois fois avec son bâton . Le bonze dit: "Maintenant je sais où je dois aller". Yaoshan abaissa son bâton et le moine garda le silence. Yaoshan demanda au moine de service d'apporter du thé à ce bonze. Il était très fatigué d'avoir tant voyagé.

Yaoshan demanda au laïc Pang: "Peut-il y avoir une chose telle que le Véhicule unique?" Pang dit: "Tous les jours je me nourris et il n'y a guère plus à faire." Yaoshan dit: "Alors, si je disais que vous n'avez pas encore été voir Shitou XIqian, est-ce que ça serait correct?" Pang dit: "Vous aimez ramasser un truc et laisser tomber l'autre [vous aimez changer de sujet de conversation] -- c'est pas vraiment très malin." Yaoshan dit: "Il me faut m'occuper d'affaires d'abbé." Pang se leva pour partir. Yaoshan dit: "En fait, c'est très malin de ramasser un truc et de laisser tomber l'autre." Pang dit: "C'était très malin de votre part de me poser la question sur le Véhicule unique, et j'admets que j'ai fait une erreur, aujourd'hui." Yaoshan dit: "Oui, oui!".

Il y a trois véhicules qui transportent les êtres sensibles jusqu'à l'Eveil du Bouddha, un pour les sravakas, l'autre pour les pratyeka-bouddhas, et le troisième pour les bodhisattvas. Le Sûtra du Lotus indique que ces trois véhicules (le triyana), représentés comme des chariots tirés par des chèvres, des cerfs et des boeufs, doivent être considérés comme n'en faisant qu'un seul (ekayana).

Yaoshan dit: "Les ancêtres nous ont dit de nous protéger. Si les Trois Poisons ne nous affectent pas, nous devons essayer de les empêcher de se développer. Ne les touchez pas, ne leur permettez pas de surgir. Par exemple, si vous voulez savoir ce qu'est un arbre mort, et que vous allez demander à Shitou Xiqian de vous l'expliquer, pour autant ça ne vous fera ramasser ni feuilles ni branches de l'arbre mort. En revanche, vous feriez mieux d'examiner l'arbre mort par vous-mêmes, afin de pouvoir en tirer vos propres conclusions par la suite. Je puis dire quelque chose, mais on ne peut l'expliquer avec des mots. Il n'y a rien là pour les yeux ou les oreilles."

Yaoshan et Yunyan marchaient dans la montagne. L'épée de Yaoshan fit un bruit à son côté. Yunyan demanda ce qui avait fait le bruit. Yaoshan dégaîna l'épée et fendit l'air avec.

Un moine nommé Zun nettoyait le Bouddha [peut-être s'agit-il d'une image de Bouddha sur l'autel]. Yaoshan dit: "Je vous en prie, continuez à nettoyer le Bouddha. Pouvez-vous nettoyer l'autre aussi?" [Yaoshan veut parler du Bouddha qui est à l'intérieur du moine]. Zun lui dit: "Soyez assez aimable de me l'apporter". Yaoshan garda le silence.

Un moine qui était enseignant dit à Yaoshan: "J'ai un problème -- Pouvez-vous m'aider à le résoudre?" Yaoshan lui dit: "Je le résoudrai pour vous quand je serai en salle." [La salle de méditation, également utilisée pour les conférences]. Plus tard, en salle, Yaoshan dit: "Où est l'enseignant qui a un problème?" Le moine sortit du groupe. Yaoshan se leva de sa chaise de méditation, attrappa le moine et dit: "Faites attention, tout le monde: ce moine a un problème!" Puis il repoussa le moine et retourna dans ses appartements d'abbé.

Yaoshan demanda au chef cuisinier: "Depuis combien de temps es-tu ici?" Le suisinier répondit: "Trois ans." Yaoshan lui dit: "Je ne te connais pas." Le cuisinier partit, perplexe et en colère.

Quelqu'un demanda à Yaoshan: "Que faudrait-il faire en cas d'urgence?" Yaoshan répondit: "Ne vous occupez de rien d'autre." La même personne demanda: "Que dois-je poser sur cet autel?" Yaoshan répondit: "Rien."

Yaoshan ordonna à un moine d'aller chercher de l'argent. Un préposé nommé Gan demanda au moine d'où il arrivait. Il répondit: "Je suis ici pour répandre les enseignements du Bouddha." Gan demanda: "Avez-vous apporté des médicaments?" [Le caractère Yao signifie médicament et c'est le même que dans le nom de Yaoshan.] Le moine lui demanda "De quoi êtes-vous malade?" Gan lui donna deux pièces d'argent [pour qu'il lui ramène une médecine], et se dit à lui-même que s'il y avait quelqu'un d'intelligent sur cette montagne, il récupérerait son argent -- mais que s'il n'y en avait pas, il avait perdu ses deux pièces. Le moine revint pour rendre compte à Yaoshan qui lui demanda pourquoi il était si tôt de retour. Le moine lui dit: "Quelqu'un m'a posé une question sur les enseignements du Bouddha, et j'ai bien répondu, de sorte qu'il m'a donné deux pièces d'argent". Yaoshan lui demanda de répéter les mots exactement. Dès que le moine eût fini, Yaoshan lui dit: "Rapporte cet argent immédiatement. Tu t'es fait avoir." Le moine rapporta donc l'argent. Gan lui dit: "Finalement, il y a quelqu'un de brillant par ici", et il donna au moine un peu plus d'argent.

Yaoshan dit à un moine: "J'ai entendu dire que t'étais pas mauvais en calcul. Est-ce exact?" [Il s'agit peut-être ici de calculer un horoscope]. Le moine dit: "Peut-être juste un peu." Yaoshan lui dit: "Vas-y, fais tes calculs et fais-moi voir un peu." Le moine ne répondit pas.

Yaoshan traça le caractère pour Bouddha et demanda à Daowu ce que c'était. Daowu répondit: "C'est le Bouddha." Yaoshan lui dit: "Tu parles trop."

Quelqu'un demanda à Yaoshan: "Je suis pas trop sûr de ce que je fais, aussi voudirez-vous me donner quelque instruction?" Yaoshan dit alors: "Ce n'est guère difficile pour moi de dire quelque chose, mais ça ne vaut que si vous comprenez ce que je dis à peine j'ai fini de le dire. Si mes mots vous amènent à réfléchir davantage, ce sera une erreur de ma part, alors autant qu'on la ferme tous les deux.

Un soir, les moines étaient assis dans la salle, et il commençait à faire sombre. Yaoshan dit: "Il faut que je vous dise quelque chose après que la bufflonne ait mis bas." Un moine dit: "En fait, la bufflonne a déjà mis bas, mais vous ne voulez tout simplement rien nous dire." Yaoshan dit: "Qu'on apporte de la lumière!" [histoire de voir qui avait parlé]. Mais le moine avait déjà disparu au milieu du groupe.

Yaoshan demanda à un bonze d'où il venait. "De chez Maître Nanquan", lui fut-il répondu. "Combien de temps y es-tu resté?" -- "Environ un an." -- "Alors tu es devenu un boeuf, toi aussi." [Nanquan aimait à se décrire comme un boeuf et disait qu'il renaîtrait sous cette forme, après son décès.] Le bonze dit: "Quoique je j'aie été dans son temple, je n'ai même pas pénétré dans le réfectoire." Yaoshan lui dit : "As-tu eu quelque chose à boire, à part le vent du sud-est?" Le bonze dit: "Ne vous méprenez pas. A part Nanquan, il y en avait d'autres qui m'ont nourri."

Quelqu'un demanda à Yaoshan: "Avant que Bodhidharma ne vienne, est-ce que le chan existait dans ce pays?" Yaoshan dit que oui. "Si c'est le cas, pourquoi donc l'Ancêtre est-il venu ici?" Yaoshan dit: "Il est venu ici précisément parce que le chan existait dans ce pays."

Un jour que Yaoshan venait de terminer de lire un sûtra, un bonze dit: "Vous interdisez toujours qu'on lise les sûtras, alors pourquoi en lisez-vous un maintenant?" Yaoshan répliqua: "Pour me cacher les yeux." [Afin de ne rien voir -- en d'autres mots, pour cesser de penser. le moine dit: "Que penseriez-vous si je faisais comme vous?" -- "Quand quelqu'un comme toi lit les sûtras, c'est comme d'essayer de voir à travers une peau de boeuf". [ Le bonze réfléchirait au contenu du sûtra et n'en réaliserait pas l'essence.]

Un bonze dit à Yaoshan: "Il y a un grand troupeau de cerfs en terrain plat et à découvert. Comment tireriez-vous le chef?" Yaoshan dit: "Flèche!" [Il fait semblant de sortir son arc et de tirer le cerf.] Le bonze tomba par terre. Yaoshan dit: "Préposés, emportez ce mort." Le bonze partit. Yaoshan dit alors: "Sa situation est assez désespérée s'il persiste à faire ce genre de tours."

Le préfet de Langzhou était Li Ao. Il demanda un jour à Yaoshan: "Quel est votre nom de famille?" Yaoshan répondit: "C'est juste la saison, maintenant". Li ne comprit pas et demanda au doyen du temple: "Je viens de demander son nom de famille au maître, et il m'a dit, 'la saison, maintenant'. Je ne comprends pas ce qu'est son nom de famille." Le doyen du temple lui dit: "Son nom de famille est Han [Han signifie 'froid' en chinois.] Lorsque Yaoshan le sut, il dit: "Pourquoi parle-t-il autant? De ce point de vue-là, si j'avais répondu à sa question en été, est-ce que mon nom de famille serait Re? [Re signifiant 'chaud' en chinois].

Un soir, Yaoshan se promenait dans la montagne quand il vit la lune apparaître tout soudain à travers les nuages. Il cria très fort, et le son de son cri fut entendu jusqu'à 90 li [20km] à l'est de la ville de Liyang. Les habitants de la ville demandèrent à leurs voisins de l'est s'ils avaient entendu le cri. La question remonta jusqu'au temple de Yaoshan. Les étudiants dirent: "C'était le maître qui a crié la nuit dernière au sommet de la montagne." Li Ao écrivit un poème pour Yaoshan:

Avoir choisi d'habiter un endroit tranquille
Convient à ton caractère sauvage
Tu n'as ni à recevoir ni à raccompagner personne.
Parfois au sommet de la montagne
Tu peux crier sous la lune et les nuages!

Le 6 novembre de la huitième année de Tai He [834 de n. E], alors que Yaoshan était mourant, il cria tout à coup: "La salle de méditation va maintenant s'écrouler!". Le moines se mirent en quête de piges de bois pour en étayer la structure. Yaoshan leva la main et dit: "Non, non, vous ne comprenez pas", et il mourut.

Sa pagode commémorative fut construire du côté est du temple. L'empereur Wenzong des Tang lui donna le nom posthume de Hong Dao, ou "Grand Maître". La pagode fut nommée Hua Cheng --"Lieu de l'Enseignement".


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