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© Nanabozho (le Grand Lapin)
Mise à jour de cette version française : 11 août 2015

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Je remercie Mr Mitchell qui m'a aimablement autorisé à effectuer une version française de son travail. Pour la prononciation de la translitération Pinyin, reportez-vous à la Table des translitérations du Pinyin au Wade-Giles et au japonais

 

Les Entretiens de Yunyan Dansheng

 

Le maître Chan Yunyan Dansheng de Tanzhou naquit à Zhongling dans une famille nommée Wang. Il devint bonze au temple Shimen alors qu'il était très jeune et pratiqua le chan avec le maître Baizhang Huaihai. Vingt ans après, n'ayant aucune affinité avec Baizhang, il partit pour le temple de Yaoshan.

Tangzhou est l'ancien nom de Changsha, capitale du Hunan. Zhongling est aujourd'hui située dans le Jiangxi. Baizhang Huaihai (749-814) est l'un des maîtres chan les plus célèbres de l'époque Tang et on retient surtout son travail sur les règles monastiques pour l'école chan, qui devint, au cours des siècles suivants, normative pour tout le bouddhisme chinois en général. Il était l'un des disciples de Mazu et fut le maître de Huang Po. Il est remarquable que Yunyan, le maître de Dongshan Liangjie, ait pu étudier avec Baizhang pendant vingt ans avant d'aller chercher la transmission chez Yaoshan.

Yaoshan demanda à Yunyan d'où il arrivait. Yunyan répondit qu'il arrivait de Baizhang. Yaoshan demanda ce que Baizhang disait habituellement à ses élèves. Yunyan répondit: "Il disait souvent, 'J'ai une phrase qui comprend tous les goûts'" [J'ai une phrase qui contient toutes les significations].

Yaoshan dit: "Le salé est salé, le fade est fade, les goût normal des choses n'est ni salé ni fade. Comment peut-il y avoir une phrase qui comprend tous les goûts?" Yunyan ne put lui répondre. Yaoshan dit: "Comment pouvons-nous traiter du problème de la vie et de la mort?" Yunyan dit: "Je n'ai pas encore étudié celui-ci." Yaoshan demanda: "Combien de temps as-tu étudié avec Baizhang?" Yunyan répondit que cela faisait vingt ans, et Yaoshan lui dit: "Après vingt ans chez Baizhang, tu n'as pas encore quitté tes idées mondaines."

"Ce 'goût unique' signifie qu'il n'y a ni attachement, ni contamination, ni pureté, ni nihilisme, ni éternalisme, ni production, ni cessation, ni saisie, ni abandon, ni soi et ni sensation." Garma Chang, A Treasury of Mahayana Sutras, Maharatnakuta Sutra, "Manjusri's Attainment of Buddhahood," p.172.

Quelque temps après, Yaoshan demanda ce que Baizhang avait dit d'autre. Yunyan répondit: "Un jour, il m'a dit que je ne devrais penser qu'à ce qui se trouve au-delà des Trois Propositions." Yaoshan répondit: "C'est heureux que je sois éloigné de 3000 lis de chez Baizhang et que je n'aie pas affaire à lui".

Les Trois Propositions sont: cesser de penser à l'existence, cesser de penser à la non-existence et cesser de penser et à l'existence et à la non-existence.

Quelque temps plus tard, Yaoshan demanda à Yunyan quoi d'autre lui avait dit Baizhang. Yunyan lui dit: "Un jour, dans la salle de cours, alors que tous les moines y étaient, le maître nous chassa à coups de canne. Puis, il nous rappella et nous demanda 'Qu'est ceci?'". Yaoshan dit: "Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant? Maintenant, je commence à vraiment comprendre Maître Huaihai." En entendant cela, Yunyan s'éveilla tout soudain et s'inclina devant Yaoshan.

Un autre jour, Yaoshan demanda: "Où es-tu allé, à part chez Baizhang?" Yunyan répondit: "J'ai été à quelques endroits au Guangnan et au Guanxi." Yaoshan dit: "On m'a dit un jour qu'il y avait une grosse pierre devant la porte est de la ville de Guangzhou qui fut un jour enlevée sur ordre du maire; est-ce exact?" Yunyan répondit: "Tous les efforts de tous les habitants du pays n'ont pu l'enlever, le maire encore moins."

Yaoshan demanda encore: "Tu sais faire la danse du lion, n'est-ce pas?" Yunyan répondit que oui. "Combien de styles différents peux-tu danser?" Yunyan répondit six. Yaoshan dit: "Je peux le faire, moi aussi." Yunyan demanda: "En combien de styles le faites-vous?" Yaoshan lui dit: "Un seul." Yunyan dit: "Six, c'est un et un c'est six."

La danse du lion est aussi populaire en Chine qu'elle l'était à l'époque de Yunyan; on l'exécute à l'occasion du Nouvel An chinois et autres festivals. deux ou trois personnes déguisées en lions avec une énorme tête de lion chassent à travers les rues, en faisant semblant de mordre les spectateurs. Se faire "mordre" par le lion porte bonheur. L'idée de ce dialogue est que, vu que toutes choses sont vides, et que la vacuité est caractérisée par l'ainsité, tous les nombres sont donc égaux.

Plus tard, Yunyan alla voir Weishan. Celui-ci demanda: "J'ai entendu dire que tu as dansé la danse du lion chez Yaoshan, hier soir. Est-ce exact?" Yunyan confirma. Weishan dit alors: "As tu dansé sans t'arrêter ou as-tu fait une pause de temps en temps?" Yunyan répondit: "Quand j'avais envie de danser, je dansais, et quand j'avais envie d'arrêter, je m'arrêtais." Weishan demanda: "Quand ça a été fini, qu'est-il arrivé au lion?" Yunyan répondit: "Parti, parti." [Allé, allé? Cf. Gate, gate...]

Un bonze demanda: "Qu'est-il advenu des anciens sages?" Yunyan demanda, après une longue pause: "Qu'est-ce que tu disais?" Le bonze dit: "Qu'est-ce qu'il faudrait qu'on fasse avec quelqu'un qui a autant de mémoire qu'un mort?" Yunyan répondit: "Enterre-le". Le bonze demanda encore: "En est-il ainsi avec les personnes de haute réalisation?" Yunyan répliqua: "Est-ce que la soie qu'on tisse sur le même métier est d'une pièce ou de deux?"

Yunyan faisait bouillir de l'eau pour le thé. Daowu demanda pour qui il le préparait. Yunyan répondit: "Personne en particulier". Daowu dit: "Pourquoi ne le prépare-t-il pas lui-même?" Yunyan dit: "C'est une bonne chose que je sois ici."

Yunyan demanda à Shishuang: "D'où viens-tu?"-- "De Weishan." Yunyan demanda: "Combien de temps es-tu resté là-bas?" Shishuang répondit qu'il y était resté un an. Yunyan lui dit: "Tu aurais pu devenir chef du monastère, alors?" Shishuang répondit: "Bien que j'aie été là un an, je n'y ai rien appris." Yunyan dit alors: "Weishan n'a rien appris non plus". Shishuang ne trouva rien à dire.

Yunyan dit à tout le monde dans la salle du Dharma: "Il était une fois un fils dans une famille qui pouvait répondre à toute question qu'on lui posait." Dongshan Liangjie s'avança et demanda: "Combien de livres des classiques chinois ces gens avaient-ils dans leur maison?" Yunyan répondit: "Pas un seul mot." Dongshan dit alors: "Alors, comment le fils pouvait-il être aussi instruit?" Yunyan dit: "Il ne dormait pas la nuit". Dongshan demanda: "Pouvez-vous répondre si je vous pose une question?" Yunyan répondit: "Je pourrais, mais je n'en ferai rien."

Yunyan demanda à un bonze: "Où as-tu été?" Le bonze répliqua: "Je n'ai fait que mettre un peu plus d'encens." Yunyan lui demanda: "As-tu vu le Bouddha?" -- "Oui, je l'ai vu." -- "Où l'as-tu vu?" -- "Dans le monde des humains". Yunyan fit son éloge: "Tu es vraiment comme les anciens Bouddhas."

Daowu demanda: "Le dieu de la Compassion a des milliers d'yeux. Lequel est le plus important?" Yunyan dit: "C'est comme quand on arrange son oreiller au milieu de la nuit." Daowu dit: "Je comprends." Yunyan reprit: "Qu'est-ce que tu comprends?" Daowu dit: "On a des yeux sur tout le corps." Yunyan répliqua: "T'as dit ça si directement que tu n'y es qu'à 80%." Daowu demanda: "Et vous, comment le comprenez-vous?" Yunyan dit: "On a des yeux sur tout le corps."

Avalokitesvara, le bodhisattva de compassion infinie, a de nombreux bras pour aider les gens et aussi beaucoup d'yeux pour voir leurs besoins. Il les aide instinctivement et spontanément, comme on pourrait ajuster son oreiller dans la nuit tout en dormant.

Yunyan balayait le plancher. Daowu lui dit: "Ce que vous faites est une tâche tellement subalterne!" Yunyan dit: "Tu devrais le voir comme quelque chose de très important." Daowu demanda: "Vous pourriez tout aussi bien supposer qu'il y a deux lunes." Yunyan brandit son balai et demanda: "Quelle lune est donc ceci?" Daowu se retira.

Yunyan demanda à un bonze ce qu'il était en train de faire. Le bonze répondit: "Je viens de parler à un rocher." Yunyan lui dit: "T'a-t-il fait signe [pour indiquer qu'il t'avait compris]?" Comme le moine ne répondait pas, Yunyan répondit à sa place: "Il t'a fait signe avant même que tu commences à parler."

Yunyan était en train de tresser une paire de sandales de paille. Dongshan arriva et dit: "Puis-je emprunter vos yeux?" Yunyan répondit: "A qui as-tu prêté les tiens?" Dongshan dit: "Je n'ai pas d'yeux". Yunyan reprit: "Ne sont-ce pas tes yeux qui t'empruntent tes yeux?" Comme Dongshan lui répondait que non, Yunyan lui dit de sortir.

Un moine demanda: "Que se passerait-il si je tombais dans un monde mauvais à cause du désir?" Yunyan lui demanda: "Qu'est-ce qui te fait croire que tu es dans le monde bouddhiste?" Le moine ne répondit pas. Yunyan lui demanda s'il avait compris. Il répondit que non. Yunyan lui dit alors: "Même si tu avais compris, tu errerais encore entre le monde mauvais et le monde bouddhiste." [Tu serais encore perdu dans la dualité.]

Le vingt-sixième jour du dixième mois de la première année de l'Empereur Hui Chang (décembre 841 dnE), Yunyan tomba malade. Au cours de la nuit du lendemain, il trépassa. Il y eut plus d'un millier de reliques après son incinération, qui furent ensuite enterrées sous un stupa commémoratif. On lui accorda le titre de Grand Maître Wu Zhu &emdash; "Continuant pour toujours".


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