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Cette page a été mise à jour le 15 novembre 2006

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Les enseignements de Gudo Wafu Nishijima Sensei

Bouddhisme et action

©Windbell Publications

[Ce qui suit est une traduction d'une traduction anglaise de trois entretiens que maître Nishijima a accordés à la radio1 de la NHK, en décembre 1994]

Pour commencer, je voudrais donner une brève description de ce qu'est le bouddhisme, du cours des idées philosophiques dans l'histoire du monde, et de la relation entre les deux.

Le bouddhisme est une religion fondée sur l'entraînement. Le sens d'entraînement, ici, est pratique et action, ou "pratique de l'action". C'est là la marque distintive du bouddhisme en tant que religion, et la théorie bouddhique s'est développée sur ces bases.

La nature du bouddhisme en tant que religion fondée sur l'action est très significative, si nous regardons dans le sens de l'histoire du monde. Je voudrais entrer d'avantage dans le détail, et dans ce but, j'aimerais donner un résumé du développement de la civilisation occidentale moderne.

On pense que la civilisation telle que nous la connaissons a commencé en Egypte, en Mésopotamie et en Inde. De récentes découvertes suggèrent que c'est en Ethiopie que s'est située la plus vieille civilisation du monde. De là elle s'est répandue à l'extérieur en de nombreuses directions, arrivant longtemps après en Mer Egée et dans les îles grecques. En Grèce, les graines de la civilisation occidentale moderne telle que nous la connaissons ont germé, et la civilisation moderne doit beaucoup à ces origines.

Parmi les grands penseurs de la Grèce antique a émergé le philosophe Platon. Il a développé une philosophie qui était centrée sur le fonctionnement rationnel del'esprit, et que nous appelons aujourd'hui idéalisme. Les concepts fondamentaux de cette nouvelle philosophie de l'idéalisme se sont répandus et ont été absorbés par l'Empire romain, d'où ils se sont répandus aux quatre coins de l'Europe en même temps que la civilisation romaine. Les temps étaient mûrs pour l'idéalisme, et vers la fin de l'Empire, cet idéalisme rencontra le tout nouveau christianisme.

L'idéalisme tel qu'incorporé dans les pensées de Platon et d'Aristote a trouvé un partenaire dans le christianisme, avec sa croyance en un Dieu vivant au ciel, et l'un a renforcé l'autre. Le christianisme a pu utiliser les forces logiques de l'idéalisme grec pour développer une théologie claire, et en retour, les idéaux du christianisme sont venus former le centre d'un nouvel ensemble d'idéaux philosophiques. La scène était donc toute préparée pour que le christianisme entreprenne son expansion en long et en large dans les sociétés européennes en chevauchant un point de vue idéaliste du monde.

Le christianisme est une religion basée sur la croyance en un Dieu à l'image duquel l'homme a été créé. Avec cette croyance fondamentale, les peuples d'Europe ont créé des sociétés fondées sur les idéaux chrétiens qu'ils gardaient en tête, et ils ont tenté de vivre leur vie au quotidien selon ces idéaux. Ceci correspondait bien à cette époque, alors que les conditions d'existence étaient misérables, et le la croyance en la "salvation" fournissait l'échappée idéale.

A la fin du moyen-âge, cependant, la productivité a commencé à s'améliorer, et la vie des peuples d'Europe s'est peu à peu améliorée. Avec cette lente amélioration dans leur niveau de vie, les gens ont commencé à se rendre compte de leur corporalité. Libérés de la simple course à la survie, ils ont commencé à s'apercevoir que l'homme a une existence physique. Bref, une nouvelle façon de voir la vie a lentement surgi. .

L'observation objective des étoiles a amené Copernic à la conclusion que le soleil était le centre de notre univers et que la Terre tournait autour du soleil. Ceci se posait en contradiction directe aux croyances ptolémaïques que professait la Chrétienté à l'époque. Mais la croyance dans le point de vue copernicien s'est peu à peu mise en place, et avec elle, le développement des premières théories scientifiques. Les gens ont commencé à considérer les faits concrets auxquels ils étaient vraiment confrontés. Dans ces conditions, la science s'est rapidement développée, et à cause de ces développements, les croyances religieuses acceptées se sont écroulées l'une après l'autre. Ceci était inévitable. la civilisation européenne est entrée dans une période de renaissance, une période pendant laquelle la société est revenue à une existence d'avantage centrée sur l'humain, comme à l'époque des Romains et des Grecs. Avec la Renaissance, une réforme dans l'Eglise catholique mit également un visage plus humain sur la nature des croyances chrétiennes.

A la fin du XVIII° siècle, la Révolution française eût un impact significatif dans la rupture avec la croyance en le pouvoir divin des rois, et ceci a permis aux gens de commencer à concevoir qu'avec la création des systèmes politiques, ils pouvaient se gouverner eux-mêmes.

Le XIX° siècle a vu se renforcer le pouvoir du matérialisme, et avec lui, des philosophes comme Karl Marx, qui a développé sa philosophie qui veut que toutes choses et phénomènes dans le monde peuvent être expliqués en termes de matière et de pouvoir matériel. Ceci a fini par conduire à la situation, à la fin du XIX° siècle, où le philosophe Nietzsche a prononcé son "Dieu est mort!" Il voulait suggérer par là que le pouvoir des religions spirituelles avait décliné au point où elles n'étaient plus efficaces en tant que base pour la vie quotidienne.

Mais la grande question reste à savoir si les êtres humains peuvent ou non vivre sans croire en une religion. Vivre sans croyance, c'est vivre sans but, sans aucun critère. Dans cette situation, la question du sens de la vie se pose dans un net relief.

Depuis la fin du XIX° siècle et à travers toute la première partie du XX°, une recherche a commencé pour trouver quelque chose qui ne fut ni centrée sur la religion, ni centrée sur le monde matériel de la science. Des philosophes comme Kierkegaard, Nietsche, Jaspers, et Heidegger ont développé une vue existentielle du monde, dans laquelle ils déclaraient que nous existons au moment présent. Le philosophe américain John Dewey a affirmé cette vue pragmatique dans laquelle le critère utilisé pour juger de la valeur d'une chose n'est ni spirituel, ni matériel, mais est en accord avec son aspect pratique: c'est-à-dire s'il est utile à la vie de l'homme. Husserl est allé plus loin avec la phénoménologie et a affirmé que toute discussion sur le matériel ou le spirituel est inutile. L'essentiel est la façon dont nous voyons les objets ou les phénomènes tels qu'ils nous apparaîssent. La philosophie de Wilhelm Dilthey était centrée autour de la condition humaine, niant tout autant le domaine matériel que le spirituel.

Ces tendances dans le développement de la pensée philosophique nous montrent que des gens au XX° siècle n'étaient satisfaits ni des croyances idéalistes centrées sur l'âme, ni des croyances matérialistes de la science. Cette insatisfaction générale envers les systèmes courants de croyance est toujours parmi nous; le plus grave problème peut-être auquel ait à faire face l'humanité alors que nous allons passer au XXI° siècle est de savoir quel système de croyance nous allons adopter en tant que critère de civilisation, quels critères vont former la base de nos sociétés à l'avenir.

Dans cette situation, j'aimerais suggérer qu'il nous est possible de nous tourner vers le bouddhisme, et je vais expliquer pourquoi. Le bouddhisme n'est pas une religion spiritualiste, et il n'est pas non plus un système matérialiste; c'est un mode de vie fondé sur l'action. La principale caractéristique de la philosophie bouddhiste, c'est d'être construite autour de l'action elle-même.

Je vais vous expliquer pourquoi je dis que le bouddhisme peut former la base d'un nouveau système de croyance pour le monde. Lorsque j'étais un étudiant de 17 ou 18 ans, je me suis absorbé dans un livre appelé le Shôbôgenzô qui a été écrit au XIII° siècle par un moine bouddhiste, maître Dôgen. Depuis plus de cinquante ans par la suite, j'ai continué à étudier le Shôbôgenzô. Pendant ce temps, en le lisant et le relisant, je l'ai traduit en japonais moderne. En y retournant sans cesse pour en clarifier le sens, j'ai donné des conférences sur le Shôbôgenzô à divers endroits probablement plus de six-mille fois. Cette longue tâche m'a conduit à voir clairement que ce que fait maître Dôgen dans le Shôbôgenzô, c'est d'expliquer la nature de la réalité. Son explication est centrée sur la nature de l'action. C'est devenu très clair pour moi, et m'a convaincu que les critères d'existence qu'explique maître Dôgen, basés non sur des croyances spirituelles ou des faits matériels, mais fermement fondés sur l'action, peuvent former la base d'un nouveau système de croyance, une nouvelle philosophie pour le monde.

Laissez-moi illustrer comment j'en suis venu à croire ceci. Il y a un chapitre dans le Shôbôgenzô qui s'appelle Kajo, ou Vie quotidienne. Maître Dôgen y cite son propre maître, Tendo Nyojo:

"La forme dorée et splendide
Est de s'habiller et de manger ses repas."

La "La forme dorée et splendide" renvoie ici à la figure du Bouddha Gautama, dont il est dit qu'elle était entourée d'une aura d'or. Les mots du maître Tendo Nyojo signifient que nos actions quotidiennes de manger et de nous habiller contiennent la splendeur dorée du Bouddha; c'est-à-dire, que ces actions quotidiennes sont splendides en elles-mêmes. Cette affirmation contient l'essence du bouddhisme. Mais cette essence n'est pas seulement incarnée dans les mots et la théorie; elle renvoie directement à nos actions réelles dans notre vie de tous les jours. Le bouddhisme affirme que les actions comme s'habiller et manger ses repas forment le centre-même de notre existence réelle.

Il y a un autre chapitre dans le Shôbôgenzô appelé Jinzu ou pouvoirs mystiques. Ce chapitre discute de la nature des pouvoirs spéciaux que les gens obtiennent de l'entraînement bouddhique. Maître Dôgen cite un chinois nommé Ho-on, qui était un laïc étudiant le bouddhisme tout en travaillant dans la société:

"Pouvoirs mystiques et fonction merveilleuse,
Porter de l'eau et trimballer du bois de chauffage."

Ceci dit que la signification bouddhique du pouvoir mystique et de la merveilleuse fonction est contenue dans ce qui, à cette époque, étaient les actions quotidiennes de porter de l'eau et du bois de chauffage. Nous buvons de l'eau et l'utilisons pour la cuisson. Le bois de chauffage aussi était essentiel pour cuire et pour chauffer. De sorte que ces deux choses sont des nécessités de base de la vie quotidienne. Ce qui est mysitque et merveilleux dans ces activités, c'est qu'en fait elles nous donnent la vie &emdash; elles sont notre vie-même. Si l'on considère le bouddhisme ainsi, nous pouvons voir qu'il n'est pas une religion fondée sur quelque chose que nous créons dans nos têtes, c'est une religion qui nous enseigne clairement comment mener nos vies jour après jour.

Voyons maintenant où se situe le Bouddhisme dans le développement des systèmes de croyance jusqu'à nos jours. Les croyances spirituelles dominaient au Moyen-Age, mais elles ont désormais cédé la place au matérialisme, depuis les temps modernes. A la fin du XIX° siècle, les gens ont d'abord commencé à perdre leur foi dans le pouvoir suprême du matérialisme, ce qui a amené la situation actuelle où l'on cherche activement et sincèrement une règle de vie alternative

Personnellement, je crois sincèrement que dans ce flot de l'histoire, le Bouddhisme, fondé dans l'action qu'il est, a, en ce moment, tout ce qu'il faut pour devenir le système de croyance le plus important du monde. Il possède un système philosophique qui peut unifier tous les autres. C'est là la conclusion à laquelle me mènent inéluctablement mes années d'étude du Shôbôgenzô. Vous pourriez croire, à m'écouter, que ce que je dis à propos du rôle d'une théorie fondée sur la nature de l'action dans le destin du monde a l'air trop dogmatique &emdash; et ce serait là une première réaction normale. Mais je veux ajouter que j'ai étudié le Shôbôgenzô à l'exclusion de tout le reste lorsque j'étais un jeune homme, et ce que maître Dôgen dit de l'action et des enseignements du Bouddha Gautama ne me laisse pas l'ombre d'un doute : le système de croyance bouddhique fondé sur l'action est destiné à devenir la philosophie centrale du monde.

Au moment où nous sommes, l'humanité ne peut plus croire dans les systèmes spirituels médiévaux, et elle ne peut plus accepter la suprématie de la science, pour nous apporter les réponses. La situation réelle, c'est que les gens ont mis toutes leurs forces dans la recherche. Ils cherchent quelque chose sur laquelle ils peuvent s'appuyer, qui ne soit ni spirituelle, ni matérialiste. Dans une telle situation, il est inévitable que le Bouddhisme ressorte en tant qu'influence prépondérante.

Mais que signifie l'action, exactement? C'est là le point fondamental. Dans le Shôbôgenzô, il y a de nombreuses explications sur la nature de l'action. On en trouve un exemple dans le chapitre Shoaku Makusa, ou Ne Pas Commettre de Torts . Un grand poète chinois, Bai-Lai-dian, discute avec son maître, Zhuoguo Daolin. Bai-Lai-dian (Jap. Haku-Raku-Ten) avait aussi un renom d'homme d'état et étudiait le Bouddhisme avec enthousiasme. Après avoir été nommé gouverneur de plusieurs districts, en Chine, il devint l'élève du maître Zhuoguo Daolin (Giap. Choka Dorin). Il demanda un jour à son maître : "Quelle est la grande intention du Dharma du Bouddha?" Maître Zhuoguo répondit, "Ne pas faire le Mal. Pratiquer les différentes sortes de Bien." Bai-Lai-dian espérait que son maître lui donnerait une réponse savante et philosophique qui le satisferait. Mais maître Zhuoguo lui a simplement dit de ne pas faire le Mal et de pratiquer les différentes sortes de Bien.

Bai-Lai-dian fut très déçu de cette réponse simple et directe, quelque chose d'aussi simple que de ne pas faire le mal et de faire le bien! Il dit au maître, "S'il en est ainsi, même un enfant de trois ans peut le dire!". Il voulait dire que la réponse était si simple qu'elle aurait pu être donnée par un enfant de trois ans. Il montre ici qu'il pensait que le Bouddhisme était une recherche philosophique bien plus sophistiquée, et qu'il ne consistait pas en de simples règles de conduite de notre vie quotidienne. Maître Zhuoguo répliqua: "un enfant de trois ans peut dire la vérité, mais un vieillard de quatre-vingts ans ne peut pas la mettre en pratique!" On peut évidemment faire remarquer qu'un enfant de trois ans peut dire , Ne faites pas le mal, faites le bien, mais il est de fait que cette admonition est très difficile à mettre vraiment en pratique. Même un vieillard de quatre-vingts ans ne peut y arriver.

Cette réponse est une très bonne description de notre situation réelle, dans la vie. Le fait qu'une chose que peut dire un enfant de trois ans ne puisse être mise en pratique par un vieillard de quatre-vingts ans nous montre clairement le gouffre énorme qui existe entre ce que nous pensons et disons en mots, et ce que nous faisons en réalité; la théorie et l'action existent en deux mondes totalement différents. Nous ne nous rendons pas normalement compte de ce simple fait dans notre vie quotidienne. A l'école, on nous enseigne à utiliser le point de vue d'une civilisation fondée sur un mode de pensée qui nous vient, à travers les âges, des idéalistes grecs. Cette conception se fonde sur la croyance qu'il est possible de tout comprendre et de résoudre tous les problèmes grâce à l'intellect. Nombreux sont ceux aujourd'hui qui ont de très fortes réactions à la thèse qui veut que les problèmes ne peuvent être résolus en y pensant, mais seulement en agissant.

Le fait significatif qui nous permet de dire que l'être humain est le plus excellent des êtres vivants, c'est que le cerveau humain se trouve peser plus lourd que celui des singes. Nous avons d'avantage de cellules grises que nos cousins animaux. Cette capacité de penser est ce qui nous distingue des autres animaux. C'est ce fait qui a permis à la race humaine de se poser juste à côté des dieux, en matière de capacité intellectuelle. C'est à cette position que la civilisation occidentale a placé l'Homme dans la chaine de l'évolution. dans cette perspective, il est assez naturel de conclure que nous avons le pouvoir de tout comprendre. La science est fille du grand intellect de l'Homme, et les nombreux développements que nous avons eus dans les champs de la science nous ont amené des bénéfices sans précédents. Le progrès matériel a été si époustouflant que nous croyons naturellement qu'il n'y a rien que nous ne pourrons comprendre, à force. Ce sentiment naturel est devenu une croyance bien enracinée &emdash; que l'intellect règne sur tout.

Si nous jetons un oeil à notre vie quotidienne, pourtant, nous pouvons constater que nous nous faisons des illusions, à cet égard. La vie ne fonctionne pas comme ça. On peut aller en librairie et se trouver confrontés à des centaines et des centaines de livres sur tous les sujets du monde. Si nous en achetons un, que nous l'apportons chez nous et que nous le lisons, il devient vite évident qu'il ne peut nous donner les réponses fondamentales aux problèmes de l'existence. Même si nous pouvons accumuler un tas d'information et de savoir, nous sommes dans l'ensemble incapables de mettre ce savoir en pratique dans nos vies réelles.

Le Bouddha Gautama avait le même type de problèmes. Peu importe combien nous y pensons, peu importe ce que nous pouvons accumuler de savoir sur un sujet donné, même si nous faisons des efforts acharnés pour résoudre notre problème particulier, nous constatons que c'est trop difficile &emdash;Nous n'y arrivons pas, en fait. D'un autre côté, nos efforts nous conduisent souvent à accomplir des choses que nous voulions éviter. Parfois, on dirait que nous en arrivons à ne faire que répéter précisément ce que nous voulions éviter. De sorte qu'en observant notre comportement quotidien, il est clair que nous sommes en réalité très faibles. Quoique nos têtes soient remplies de grandes idées, lorsque nous tentons de les mettre en pratique, le résultat dans le vrai monde est toujours différent de ce que nous désirions. Quand nous vivons de façon habituelle avec la perfection de nos idées en tête et cherchons à fonder nos vies dessus, nous sommes toujours déçus par les résultats de nos efforts. C'est ça, la véritable situation.

Il y a des gens qui forment une pensée, et cette pensée même leur cause beaucoup de souffrance, parce que peu importe ce qu'ils font comme effort, ils n'arrivent jamais à mettre cette idée en pratique. D'autres croient qu'une manière plus sage de faire son chemin dans la vie, c'est de jeter au panier toutes les idées et les buts et de dériver selon la situation. Lorsque les gens font de sérieux efforts pour atteindre leurs idéaux, ils courent tout droit à l'échec, au bout du compte, et ils en sont malheureux. Et ceux qui jettent au rebut toutes les idées et les soucis trouvent souvent difficile de garder une raison de vivre. Vivre au jour le jour en se contentant de laisser passer le temps ne donne pas un sens à la vie. Même si nous pouvons trouver certaines satisfactions dans les plaisirs des sens comme la nourriture ou les beaux vêtements qui nous font nous sentir bien, il y a une limite. Même si nous devenons riches et vivons dans de superbes maisons, on peut toujours douter que nous soyons vraiment satisfaits de nos vies. cette sorte de situation est un problème courant, dans la vie..

Encore une fois, le Bouddha Gautama a été confronté au même problème. A l'époque où il vivait, la religion du Brahmanisme avait dominé pendant plusieurs siècles. Le Brahmanisme enseigne que la réalité divine ultime de l'Univers est Brahma, d'où originent tous les êtres, et auquel ils retournent tous. Ainsi, le monde dans lequel nous vivons est-il l'image de Brahma. Le corps, l'âme et l'esprit humains sont tous faits à l'image de Brahma. Ces enseignements encouragent les gens à développer en eux les éléments de Brahma et d'ainsi redevenir un avec Brahma, état le plus élevé du bonheur humain. On croit que le brahmanisme a surgi en tant que religion vers 1200 ou 1300 avant notre ère. Le Bouddha Gautama Buddha a vécu aux IV° et V° siècles avant notre ère, et donc, au moment de sa naissance, ces enseignements étaient établis depuis longtemps. C'est pourquoi ils avaient dégénéré et s'étaient corrompus, affaiblissant ainsi le pouvoir de la religion à l'époque du Bouddha Gautama.

A cette époque, il y avait une école de philosophie très active et très puissante fondée sur les enseignements de six maîtres hérétiques. De ces six, quatre étaient des matérialistes qui affirmaient que le monde est fondé sur la matière et que les idéaux n'ont aucune valeur. Ils rejetaient la morale et affirmaient que le but de la vie est de satisfaire le corps physique. Ils niaient qu'il y ait une différence entre le bien et le mal. Les deux autres enseignaient une sorte de scepticisme où l'existence d'une norme quelconque pour gouverner les sociétés humaines était niée. Cette école était donc constituée de matérialistes et de sceptiques. Dans ce contexte, il y avait confrontation entre le Brahmanisme traditionnel et les enseignements des six philosophes.

On peut imaginer qu'à partir de son plus jeune âge, le Bouddha Gautama ait pu être angoissé à devoir choisir lequel de ces systèmes il devait croire. Vu son tempérament sincère, il a dû faire de gros efforts pour croire dans le Brahmanisme, et devait être bien au fait de cette religion. Mais il restait très sensible à la question de savoir si on pouvait vraiment croire au Brahmanisme, que celui-ci fut vrai ou pas. Cependant, même s'il finit par ne plus pouvoir croire dans le Brahmanisme, il trouva aussi que les enseignements matérialistes et sceptiques des six philosophes ne pouvaient le satisfaire. dans sa lutte pour trouver quel système était le vrai, il essaya l'ascétisme et Zazen. Après quelque temps, un jour, en voyant au petit matin l'étoile du berger, il se rendit compte que ce monde, ici et maintenant, est splendide. C'est écrit dans les sûtras : "La terre et tous les êtres vivants sont splendides."

L'acceptation totale de toutes ces choses telles qu'elles sont ont donné au Bouddha Gautama la base sur laquelle édifier sa pensée. Si nous considérons les no3mbreux sûtras bouddhiques écrits au sujet de la ralisation du Bouddha, nous pouvons conclure qu'il a atteint ce point de vue ou état parce qu'il vénérait l'action. L'action ne peut pas exister à un autre moment ou endroit que le moment présent; ici et maintenant . Une autre façon de considérer ceci, est en termes de passé, de présent et de futur : peu importe quelles erreurs ont pu être faites par le passé, même si nous les regrettons, nous ne pouvons retourner à ce moment passé pour refaire les choses bien. Il est clair que nous ne pouvons pas retourner dans le passé. En même temps, même si nous voulons atteindre notre rêve ou notre but dans le futur, nous ne pouvons pas aller dans le futur pour cela. Mais si nous considérons la vie comme étant centrée sur l'agir, nous constatons que nous ne pouvons réellement exister que dans le présent. nous ne pourrons jamais retourner dans le passé, et nous ne pouvons pas aller dans le futur.

Ceci est l'essence de ce qu'enseignait le Bouddha Gautama &emdash; l'existence réelle au moment présent. Il a atteint le point où ce qu'il voyait clairement c'est que vivre au moment présent en se contentant de faire de son mieux est la seule façon réaliste de vivre. Aussi longtemps que nous vivons ainsi, il n'y a rien que nous devions craindre, et aucun souci que nous devions nous faire. L'Univers avance sous la loi des causes et des effets. Tout ce que nous avons à faire dans la vie est de vivre pleinement le présent. C'est là l'enseignement du Bouddha Gautama. Et si nous avons cette conception, il n'est rien qui puisse être insurmontable dans nos vies. Même si des problèmes surgissent et passent, avec une action sincère les choses doivent s'améliorer avec le déploiement de la causalité. Mais il nous faut faire des efforts, même dans les moment heureux, pour maintenir cet état de bonheur. C'est là la situation réelle, et c'est ce que le Bouddha Gautama enseignait. Centrés sur l'action, les gens peuvent résoudre tous leurs problèmes.

Nous avons beaucoup de chance que les enseignements du Bouddha Gautama nous soient parvenus à travers les siècles, et nous pouvons ressentir sa grande bienveillance. J'encourage tout le monde à étudier et à suivre ces enseignements de toute leur énergie et de vivre en suivant les critères de l'enseignement du Bouddha sur l'agir.


La suite: Action et vie quotidienne


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Dogen Sangha

 

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